Denis Villeneuve lance des fleurs à Xavier Dolan en parlant de ses coups de cœur et des films qui ont inspiré son parcours

Invité à parler de ses coups de cœur et de ses influences cinématographiques à l’émission web Vidéo Club, le cinéaste Denis Villeneuve a fait l'éloge de plusieurs de ses pairs, dont son ami et confrère québécois Xavier Dolan.

«J’aime Xavier!, a a lancé Villeneuve en montrant à l’écran une copie du DVD de Mommy, l'un des films les plus connus de Dolan.

«Xavier, il me fait chier parce qu’il a réussi à faire très jeune ce que je rêvais de faire. C’est-à-dire qu’il a vraiment réussi à créer une planète à lui. La chose la plus difficile [à faire] pour un cinéaste, c’est d’arriver à s’imposer, à imposer un regard et imposer une signature. Ça prend des années pour faire ça. Et Xavier, il a réussi à le faire à 19 ans. Il fait chier...»

Diffusé sur YouTube et sur le site français Konbini, Vidéo Club est une émission web dans laquelle des acteurs et réalisateurs connus se promènent dans un club vidéo pour parler des films qui ont influencé leur parcours et leur œuvre. Au fil des années, plusieurs cinéastes de renom se sont prêtés à l’exercice, dont Francis Ford Coppola, Christopher Nolan et Jodie Foster.

Pendant l’émission de 35 min, Denis Villeneuve a notamment parlé de son attachement à plusieurs grands classiques du cinéma, dont Persona, d’Ingmar Bergman, Les sept samouraïs, d’Akira Kurosawa, et Lawrence d’Arabie, de David Lean, qui l’a forcément beaucoup influencé pour la réalisation des deux films de sa saga Dune.

«Lawrence d’Arabie, c’est un grand classique qui est important pour moi, a souligné le réalisateur d’Incendies et de Blade Runner 2049.

«J’étais étudiant en cinéma quand j’ai vu ce film seul dans une salle à Montréal pendant un après-midi. Je pense que j’ai plus appris pendant ces quatre heures que pendant mes trois ans d’études à l’école (de cinéma). C’est une leçon de cinéma absolument extraordinaire sur le découpage, la profondeur de champ, le rapport à la lumière et le tournage en milieu naturel. C’est un film qui me force à l’humilité parce qu’aujourd’hui, je peux utiliser plein de gadgets que David Lean n’avait pas à l’époque.»

Parmi les autres films qui l’ont marqué, le cinéaste québécois a cité, notamment, La dernière tentation du Christ, de Martin Scorsese, Apocalypse Now, de Francis Ford Coppola, Mauvais sang, de Leos Carax, Blade Runner, de Ridley Scott, Le mystère Picasso, d’Henri-Georges Clouzot, et 2001, l’Odyssée de l’espace, de Stanley Kubrick, «le plus grand film de science-fiction de tous les temps», selon lui.

«Les amis de Montréal»

Après avoir parlé de Xavier Dolan, Denis Villeneuve a aussi eu de bons mots pour le directeur photo québécois André Turpin. Fidèle complice de Dolan, Turpin a été un proche collaborateur de Villeneuve au début de sa carrière.

«C’est avec André que j’ai commencé à faire du cinéma, a rappelé Villeneuve.

«J’ai fait trois longs métrages avec lui et c’est un grand ami. Je lui dois beaucoup. Il avait une fougue, une curiosité et une envie de pousser [plus loin] le médium. On était symbiotiques à l’époque. Il fait partie de mes amis de Montréal.»

Parlant de Montréal, Villeneuve a évoqué l’importance des clubs vidéo dans l’enrichissement de sa culture cinématographique. Le cinéaste de 57 ans a notamment rendu hommage à La Boîte Noire, le mythique club vidéo de l’avenue Mont-Royal, qui a fermé ses portes en 2016.

«À La Boîte Noire, les films étaient classés par réalisateurs contrairement aux clubs vidéo plus américanisés, a-t-il indiqué. On avait accès aux œuvres de réalisateurs d’Asie, d’Europe, d’Amérique latine. Souvent, on allait faire une razzia de cassettes VHS ou de DVD, selon les époques, pour le week-end. J’ai pu ainsi découvrir plein de classiques ou approfondir [ma connaissance] de certains auteurs. C’est comme ça que j’ai découvert Bergman.».