Démographie: l’immigration propulse le Canada vers un nouveau record trimestriel

Raphaël Pirro
Le Canada poursuit sa lancée: le pays a connu une croissance marquée de sa population entre les mois de juillet et septembre avec de plus 430 635 personnes en trois mois (+1,1%), s’approchant d’un record vieux de 1957 (+1,2%), mais cette fois, avec l’immigration comme moteur.
Statistique Canada calcule que l’immigration a compté pour 96% de la croissance démographique du dernier trimestre, et plus spécifiquement, des résidents non permanents comme les titulaires de permis de travail ou d’études.
Plus spécifiquement, parmi les 430 635 nouvelles personnes recensées au troisième trimestre, Statistique Canada compte 107 972 immigrants et 312 758 nouveaux résidents non permanents, la plus importante depuis que cette donnée est enregistrée.
Pour sa part, le Québec a connu une croissance plus modeste lors du dernier trimestre, avec 0,8% de croissance démographique. Parmi les 72 857 nouvelles personnes au Québec, entre le 1er juillet et le 30 septembre, 72 349 sont des immigrants et des nouveaux résidents non permanents.
Ayant franchi la barre des 40 millions d’habitants en juin, le Canada s’enligne encore pour une année de croissance démographique record en 2023 après avoir battu un record en 2022.
«La croissance totale de la population du Canada observée lors des neuf premiers mois de 2023 a déjà dépassé la croissance totale de toute autre période d’une année complète depuis la Confédération en 1867, y compris 2022, année de croissance record», constate l’agence fédérale.
Ces chiffres ne représentent toutefois qu’une portion des objectifs du gouvernement de Justin Trudeau, qui a pour cible 465 000 immigrants pour l’année 2023 (en excluant les résidents non permanents).
Les cibles fédérales récemment plafonnées par le ministre de l’Immigration Marc Miller sont de 285 000 pour 2024 et de 500 000 pour 2025.
Le vice-président de la Banque Scotia, Derek Holt, a signalé que la politique fédérale en matière d’immigration allait jeter de l’huile sur le feu de l’inflation dans les secteurs de l’immobilier, des véhicules et du commerce de détail.
«L’immigration est excessive, point final», a-t-il déclaré dans un bref communiqué. «Le problème est qu’il ne reste peu ou pas de logements disponibles pour [les immigrants] et ça ne va aller qu’en empirant.»
Pour Desjardins, «un nouveau trimestre de croissance démographique effrénée au Canada continue de compliquer le tableau pour ce qui est de la politique monétaire du pays».
«Les gains de population basés sur les admissions nettes de non-résidents permanents présentent des risques pour la croissance économique», indique Desjardins.
L’institution maintient toutefois sa prédiction selon laquelle la Banque du Canada maintiendra le taux directeur en janvier avant de les réduire au milieu de l’année.