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L'article provient de TVA Nouvelles
Société

Déménagement forcé pour la Maison Benoît Labre: un coût potentiel de plusieurs millions de dollars

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Kevin Crane-Desmarais

2025-06-01T20:39:39Z
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La Maison Benoît Labre, située dans le quartier Saint-Henri, à Montréal, pourrait devoir déménager au coût de plusieurs millions de dollars en raison du projet de loi 103 récemment présenté par le gouvernement du Québec.

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Ce projet de loi prévoit l’interdiction de tout centre de consommation supervisée de drogues à moins de 150 m d’une école, d’une garderie ou d’un centre de la petite enfance (CPE).

Si la loi est adoptée, l’organisme disposera de quatre ans pour relocaliser son site de services, qui comprend un centre d’injection et d’inhalation supervisées.

La commission parlementaire chargée d’étudier cette nouvelle réglementation s’ouvre cette semaine, et déjà, le projet suscite de vives réactions.

Inquiétudes dans le quartier

Des résidents et organismes communautaires dénoncent un manque d’écoute de la part des autorités.

«On a besoin d’un plan concret pour sécuriser notre quartier maintenant. Quatre ans, c’est trop long», s’est indignée la membre du Comité Bon voisinage Sarah El Queisi.

Elle évoque un sentiment d’insécurité croissant autour du centre.

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«La criminalité dans le quartier a explosé – on parle de plus de 800 % d’augmentation. Il y a des vols, de la violence, des propriétés vandalisées. Des gens ont même été poignardés», a-t-elle affirmé.

Critiques du milieu communautaire

Le projet de loi est également mal accueilli chez les professionnels en dépendance.

L’avocat en droit de la santé et président de l’Association des intervenants en dépendance du Québec (AIDQ) Me Louis Letellier de St-Just se montre particulièrement critique.

«C’est de la poudre aux yeux. D’abord, parce que le contenu est totalement inapproprié. Aucune consultation préalable pour un sujet aussi important que sont à la fois la crise des surdoses et la crise de l’itinérance», a-t-il déploré.

L’AIDQ entend d’ailleurs demander le retrait pur et simple du projet de loi dans les prochains jours, plaidant pour une véritable consultation publique.

Des usagers reconnaissants

Sur le terrain, les réalités sont contrastées. Des personnes consommaient du crack à proximité immédiate du centre lors d’une visite de TVA Nouvelles à la Maison Benoît Labre, samedi.

Certains bénéficiaires défendent l’existence de ce lieu. «C’est ça qui va m’aider à m’en sortir, à reprendre ma vie en main», a révélé Mario, un consommateur régulier, accompagné de sa conjointe, Sonia.

«Moi, ça va bien. Ça fait un an que je suis ici. J’ai un programme», a confié Sonia, qui garde espoir de s’en sortir.

Réponse du gouvernement

Le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, a réagi à la controverse par courriel.

«Avec ce projet de loi, on souhaite répondre aux préoccupations des citoyens quant à la proximité des sites de consommation supervisée avec les garderies, les écoles et les CPE. Il faudra assurer une bonne cohabitation avec le milieu, tout en offrant une trajectoire de soins pour ceux qui veulent sortir de la toxicomanie», a écrit le ministre.

Les consultations particulières sur le projet de loi 103 débuteront officiellement mardi à l’Assemblée nationale.

Voyez les explications complètes dans la vidéo ci-dessus.

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