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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

D’emballeur à big boss: le parcours inspirant d'un entrepreneur autochtone

La marque de Phil Lavoie est distribuée dans plus de 40 pays

Phil Lavoie, devant le magasin Dime sur le boulevard Saint-Laurent, à Montréal. Autochtone, Phil Lavoie veut motiver les jeunes comme lui à se lancer en affaires.
Phil Lavoie, devant le magasin Dime sur le boulevard Saint-Laurent, à Montréal. Autochtone, Phil Lavoie veut motiver les jeunes comme lui à se lancer en affaires. Photo Martin Chevalier
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Photo portrait de Julien McEvoy

Julien McEvoy

2021-08-09T04:00:00Z
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Il avait à peine 20 ans quand il a vendu son premier t-shirt. Aujourd’hui, à 32 ans, l’entrepreneur autochtone Phil Lavoie vend ses vêtements dans plus de 40 pays et 200 magasins, dont le sien, à Montréal. Voici l’histoire de ce succès hors-norme.

« Si ça peut donner de l’espoir et de la motivation aux jeunes autochtones, tant mieux », lance d’emblée celui qui n’avait jamais parlé publiquement de ses racines.

Dans le contexte actuel, avec tout ce que vivent les premiers peuples, « ça ne peut pas nuire », se dit-il.  

C’est d’Odanak, près de Trois-Rivières, chez les Abénakis, que vient sa famille. C’est là qu’est né son grand-père, et c’est aussi là qu’il passait tous ses étés avec son frère.  

Photo Martin Chevalier
Photo Martin Chevalier

Son grand-père, Jean-Paul Nolet, est très important pour lui. 

« Il n’avait pas peur de défendre la cause autochtone, c’est un modèle pour moi », raconte Phil. 

Ce qui a justement valu à Jean-Paul de se faire insulter, de se faire traiter de « maudit sauvage », raconte le jeune homme, qui tente à sa façon, avec Dime, de rendre honneur à ses racines.  

À la sueur de son front

Sa belle histoire est ancrée dans celle du skateboard. « On a parti un crew quand on avait 16-17-18 ans », raconte ce féru de planche qui se débrouille assez bien sur quatre petites roues. 

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Aujourd’hui, presque tous « ses boys » du début travaillent avec lui chez Dime. 

« Je suis vraiment content d’avoir grandi avec eux pis de leur offrir une bonne job », dit-il fièrement. 

Mais c’est quoi, Dime ? Au début, en 2009, c’était une compagnie de production de vidéos de skate remplis d’humour. Bien vite, les gars se sont mis à vendre des t-shirts. De fil en aiguille, ils ont ajouté des chandails à capuchon, des casquettes, et on se les arrachait sur le circuit des compétitions de skate. 

Ils ont tranquillement bâti leur marque, qui trouve sa source, aujourd’hui encore, dans l’humour bon enfant du début. 

Photo Martin Chevalier
Photo Martin Chevalier

Ils sont maintenant quatre partenaires, dont Phil, avec une trentaine d’employés. Ils ont un magasin flambant neuf sur le boulevard Saint-Laurent, à Montréal, et une toute nouvelle collection fabriquée à 45 % au Canada.

« Le but est de continuer à aller dans cette direction et de faire des items plus durables et produits localement », lance-t-il. 

Leurs vêtements sont offerts dans 40 pays et plus de 200 magasins. 

« Au début, j’emballais moi-même les t-shirts. Maintenant, je gère 30 employés répartis entre le magasin, l’entrepôt et le bureau », dit-il fièrement. 

Reconnexion

Il est aussi en train de reprendre contact avec ses racines en apprenant la langue abénakise. 

« Je n’ai pas honte de ne pas la parler, on nous l’a volée, notre langue », lance-t-il.

S’il va produire de plus en plus au Canada, il pense bientôt se réapproprier la culture autochtone dans ses créations.

« Ça nous a pris 10 ans [pour] produire presque 50 % au Canada. Dans cinq ans, si j’apprends bien la langue, je pourrai apprendre la culture et l’intégrer à nos créations », dit-il avec humilité. 

Ce skateur-entrepreneur n’a pas dit son dernier mot. Il est d’ailleurs sobre depuis trois ans « afin de [se] tenir loin des clichés associés aux Autochtones et de pousser [son] entreprise plus loin ». 

Bref, il voit grand.

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