Défense: une filière en or pour relancer Legault


Yasmine Abdelfadel
Et si la relance politique de François Legault passait par les blindés, les radars et les drones?
Avec Mark Carney qui promet d’injecter des milliards pour rattraper le retard canadien en matière de défense, le Québec se retrouve face à une occasion en or. Pour une fois, tous les éléments sont réunis: une industrie aérospatiale de calibre mondial, des chantiers maritimes en pleine effervescence, un écosystème d’intelligence artificielle reconnu, des minéraux critiques à portée de main, une électricité propre et, surtout, une opinion publique qui a cessé de bouder le mot «défense».
La gifle salutaire
Il aura fallu une claque bien sentie de Donald Trump pour secouer notre sommeil profond. Sa menace de nous lâcher en cas de conflit si on ne paie pas notre juste part à l’OTAN a au moins eu un mérite: nous forcer à prendre conscience que se défendre, c’est aussi se développer.
Car investir dans la défense, ce n’est pas que répondre à des menaces étrangères. C’est créer des emplois, alimenter l’innovation, soutenir les régions industrielles, redonner un souffle à des filières oubliées. Et pas juste avec l’argent d’Ottawa, mais éventuellement de partout dans le monde où la course à l’armement bat son plein. Si on joue bien nos cartes, ce sont des milliards qui pourraient être injectés ici même, dans nos usines, nos laboratoires, nos cégeps techniques.
Une nouvelle passion
François Legault semble l’avoir compris. L’annonce de lundi sur l’aérospatiale n’était pas qu’une promesse de plus. C’était le début d’un virage stratégique. Un Legault qui pense moins en fonction d’un troisième lien et plus en termes de chaînes d’approvisionnement, de capacité de production, de retombées internationales. Une rare occasion de reprendre l’initiative, après des mois à subir les événements.
Mais pour que ce potentiel se concrétise, Québec devra faire bien plus qu’applaudir de loin. Il faudra coordonner les forces, simplifier les démarches, investir en R&D, et surtout, parler le langage des grandes puissances industrielles. Car cette fois, le Québec ne peut pas se contenter d’être spectateur. Il peut – et doit – devenir un acteur central de cette nouvelle économie de défense.