«Deep Water»: l’eau est plate

Isabelle Hontebeyrie
Il faut absolument que Ben Affleck arrête de donner la réplique aux femmes avec lesquelles il est en couple (oui, il était avec Ana de Armas au moment du tournage).
«Je suis la chose pour laquelle tu as tué», dit Melinda (Ana de Armas) à Vic (Ben Affleck), son époux. Et voilà, ce seul dialogue donne une idée de la vacuité d’un scénario pourtant écrit par Zach Helm («Le Merveilleux Emporium de M. Magorium») et Sam Levinson («Euphoria»).
Est-ce Adrian Lyne le grand responsable de cette mauvaise adaptation du roman éponyme de Patricia Highsmith? Le cinéaste n’avait pas sorti de long métrage depuis son «Infidèle» avec Diane Lane et Richard Gere il y a 20 ans.
Ce «Deep Water» est, une fois de plus, une exploration de la jalousie, mais sous une forme diluée et sans intérêt, comme si Adrian Lyne lui-même était fatigué d’une recette qu’il a pourtant appliquée avec succès tout au long de sa carrière, son oeuvre la plus notable (au box-office) ayant été «Liaison fatale».
Là, Melinda est une «agace» qui, toujours vêtue d’une petite robe noire, sauf lorsqu’elle passe deux secondes à s’occuper de la fille du couple, saute sur tout ce qui bouge, généralement sous le regard tantôt désabusé, tantôt jaloux de Vic. Apparemment, les deux époux ont une espèce de marché, Vic ferme les yeux en échange de quoi Melinda ne divorce pas. Un soir, l’un des amants de la jeune femme est retrouvé mort dans la piscine et tous les soupçons se portent sur le mari.
Cette intrigue bien légère ne parvient pas à sauver ce long métrage, présenté comme un suspense (si peu) érotique (pas du tout). «Deep Water» ne parvient malheureusement qu’à montrer qu’Adrian Lyne a une vision quelque peu dépassée, non seulement des femmes et de leur sexualité, mais du couple et de l’infidélité.
- Note: 2,5 sur 5
- «Deep Water» est diffusé via Prime Video dès le 18 mars.