Découvrez comment les chiens de Mariana Mazza ont un impact important sur sa vie
Pour connaître toutes les dates de son nouveau spectacle, «Foie gras», rendez-vous à marianamazza.com.
Patrick Delisle-Crevier
À quelques jours de sa rentrée montréalaise avec son spectacle Foie gras, le projet dont elle est le plus fière en carrière, l'humoriste nous parle de son importance pour elle, puisqu’elle s’y ouvre et se dévoile au public comme jamais auparavant. Elle nous parle de sa santé, de cette pause dont elle a tant eu besoin, et nous présente ses deux caniches, Bobby De Niro et Lino Ventura, qui occupent une grande place dans sa vie.
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Mariana, comment vas-tu à quelques jours de ta rentrée montréalaise?
Honnêtement, je suis à mon meilleur dans ma vie. Mes vacances m'ont fait le plus grand bien. J'ai passé plusieurs semaines en ville, à m'occuper de moi, à prendre soin de mes chiens et à embrasser la solitude. Je suis de plus en plus à l'aise seule. J'ai dessiné, j'ai lu, j'ai joué au tennis et j'ai vu les gens que j'aime. Au final, j'ai passé le plus bel été de toute ma vie.
Pourquoi ce besoin de te retrouver?
J'avais besoin de temps pour moi, tout simplement parce que, ces dernières années, je n'ai jamais eu un seul moment à moi. En 2016, j'ai sorti mon premier spectacle, que j'ai tourné pendant trois années, sans arrêt. Quand il s'est terminé, j'ai tout de suite annoncé le deuxième. La pandémie est arrivée, mais j'ai continué de travailler sur la création de mon deuxième spectacle. Ensuite, je suis partie en tournée et, après la fin du deuxième, j'ai eu quelques mois plus calmes, mais j’ai dû écrire mon livre. Je réalise donc que je n’ai jamais eu de long moment à ne rien faire. C'est la première fois de ma vie d'adulte que, pendant cinq semaines, je ne travaille pas une seule fois, je ne note pas une seule idée, je n'écris pas un seul gag. Je n'ai rienfait et j'avais besoin de cela pour mieux apprécier ce que j'avais.
Est-ce que ç’a été difficile pour toi de décrocher?
Non, pas cette fois. J’ai eu zéro culpabilité et ce fut facile, tout simplement parce que j’en avais besoin. J’avais besoin de me retrouver et je dois avouer que mes chiens, Lino Ventura et Frank Sinatra, ont fait la différence.
Pourquoi?
Mes chiens, ce sont mes enfants. Ils sont une responsabilité au quotidien et ce sont eux qui m'ont gardée groundée. Leur douceur et leur innocence m'ont amenée à être dans le moment présent. Pour la première fois de ma vie, je n'étais pas en train de me projeter, de me comparer ou de me questionner. Est-ce que le prochain spectacle va être assez bon? Est-ce que je vais vendre assez de billets? Est-ce que je vais être assez bonne? Ce que mes chiens veulent, c’est de jouer, manger et dormir. Je me suis accrochée à ce présent et à eux.
Habituellement, tu culpabilises quand tu prends la moindre petite pause...
Ça n'a pas été le cas cette fois-ci, tout simplement parce que mon corps en avait besoin et qu’il a été tolérant, jusqu’à un certain point. Je devais appuyer sur pause! Habituellement, je pars en voyage, mais là, j'avais besoin de vraies vacances à me reposer chez moi. Ç'a été un très grand luxe! Souvent, on ne veut pas se retrouver seul parce qu'on craint d'être face à soi-même, de se trouver des bébittes. Mais cet été, j'ai été ma propre compagnie et j'ai trouvé ça pas pire du tout. J'ai même aimé ça. Je me suis trouvée le fun.

Mariana et la solitude ne sont pas deux choses qui vont très bien ensemble...
C'est vrai, mais entre ces longs moments de solitude, j'ai eu des moments de lucidité où j'appelais un ami pour lui dire que je l’a’me ou pour prendre de ses nouvelles. Je suis une grande empathique et une grande sentimentale. J'ai besoin d'être entourée. Mais le plus beau cadeau que j'ai pu me faire, c'était d'être capable d'être avec moi-même, même si c'est très difficile de s'affronter et d'être bien, seule, avec sa personne. J'ai passé mon été à écouter mes envies et à les réaliser, tout ça sans jamais être dans l'attente de quelqu'un d'autre. Je suis allée au restaurant et au cinéma toute seule. J'ai arrêté d'attendre la présence de quelqu’un pour faire des choses.
Tu as 35 ans, pourquoi n'as-tu pas fait ça avant?
Parce que je ne savais pas comment. Dans la vie, j'ai toujours pensé que si je ne partageais pas les choses, c'est comme si elles n'existaient pas. Si j'ai mangé une pizza et que je ne dis à personne qu'elle était bonne, était-elle vraiment bonne? Je me suis rendu compte que d’être seule avec soi-même fait du bien, et que la pizza est bonne quand même. Je pense aussi qu'à 35 ans, j'ai atteint un âge où je peux me permettre ça. On travaille tellement fort pour atteindre quelque chose, et je réalise que je n'en ai jamais vraiment profité.
Tu as dit plus tôt que, pour une fois, tu n’as pas vécu le moindre sentiment d’insécurité. Explique-moi ça.
Je pense que l'insécurité vient avec notre métier. Elle surgit quand on n'est pas célébré, quand on n’a pas vendu de billets, quand les gens ne nous félicitent pas. À ce moment-là, je me demande si ce que j'ai fait était vraiment bon. Mon métier dépend constamment du regard de l'autre et j’ai toujours eu ça en tête. Quand je jouais au soccer et que je ne comptais pas de but, je me considérais comme pas bonne. Avant de passer à la télévision, je ne regardais pas constamment de quoi j'avais l'air, mais maintenant, je suis plus consciente de mon image. Pendant mes vacances, ça a fait du bien de ne pas devoir me regarder dans le miroir. Cet aspect est d’ailleurs, pour moi, le plus difficile du métier.
Pourtant, tu affiches constamment la confiance en béton armé d’une fille qui est à l’abri de tout ça, alors qu’il y a une grande vulnérabilité...
Oui, et c’est justement le but du prochain spectacle. Je veux que les gens voient cette vulnérabilité-là. Je pense que je suis enfin prête à la montrer et que je suis assez mature pour pouvoir l'expliquer. C'est la première fois que je ressens le besoin d'en parler et j'ai vraiment hâte de pouvoir le faire. Je pense que 100 % des êtres humains ont une carapace sociale — certaines plus minces, d'autres plus épaisses –, et la mienne est épaisse en tabarouette. Mais j'ai hâte et je suis prête à montrer cette carapace-là. Oui, j'ai envie de plaire et de me faire aimer, car si les gens ne m'aimaient pas, je n'aurais aucune raison de faire ce métier-là. J'ai besoin de sentir que je suis considérée. Je suis constamment dans le: «Je pourrais vendre plus» ou «Je pourrais être plus aimée». Par exemple, si je ne suis pas invitée à une émission, j'ai l'impression que je ne suis pas assez bonne ou que j’ai fait quelque chose de mal. J’ai cet esprit de culpabilité et je n’en ai jamais parlé auparavant. Je veux que les gens sortent surpris de la salle après mon spectacle. Derrière n’importe quelle force, il y a des failles, et ce ne sont pas des faiblesses. Toute ma vie, j’ai voulu cacher mes failles. Mais maintenant, je vais montrer mon côté vulnérable, émotif et empathique. Les gens pensent que je me fous de ce qu’ils pensent de moi, alors que parfois, un simple commentaire peut m’empêcher de dormir. J’accepte maintenant cette vulnérabilité-là et je veux la montrer.
Quel a été l’élément déclencheur de tout ça?
Quand j’ai reçu mon diagnostic de la maladie du foie gras, j’ai eu tellement peur de mourir! Ça m’a mis en pleine face que je n’étais pas invincible. J’ai très mal accueilli cette maladie et, en même temps, ça m’a donné, par la suite, l’envie de faire tomber certaines barrières et d’être encore plus moi-même. Je n’ai plus envie de me cacher ou de cacher ma vulnérabilité et mes failles. De plus, même si l’anxiété d’Alex est l’une des raisons pour lesquelles notre relation ne fonctionnait plus, ironiquement, c’est cette même anxiété qui m’a un peu sauvé la vie. Étant hypersensible, Alex ne supportait pas l’idée que je puisse mourir et disparaître de sa vie. Son anxiété se manifeste autant envers moi qu’envers nos chiens. Quand il aime, c’est un engagement total, à la vie à la mort. Cette anxiété, bien qu’elle m’agace profondément, m’a paradoxalement sauvée car, sentant à quel point il tenait à moi, j’ai compris que je devais changer certaines choses.
Et comment va ta santé, maintenant?
Je vais bien, je m’entraîne tous les jours et je fais attention à mon alimentation. Je vois la vie différemment et je réalise que ce genre de choses là n’arrivent pas qu’aux autres. Je suis mortelle, et non pas invincible comme j’avais tendance à le croire.
Dis-moi, ce nouveau spectacle, il représente quoi pour toi?
J’ai tout donné pour ce spectacle! Habituellement, je donne ma tête à un spectacle. Cette fois-ci, c’est mon cœur en entier que j’offre. Ce spectacle, c’est ma plus grande fierté en carrière, tout simplement parce qu’il représente vraiment qui je suis: la fille émotive, la fille qui a grandi dans le ghetto, la fille embourgeoisée, la fille à sa maman, la bonne amie, l’ex-conjointe. Tous les aspects de ma vie s’y retrouvent. J’y parle de ma relation avec mon ex, Alex, avec mes amis, avec ma famille, avec mon travail, et aussi de ma maladie. Ce spectacle incarne ce que j’ai toujours voulu dévoiler et montrer aux gens, alors que je n’avais ni l’expérience ni la maturité pour le faire auparavant. Le titre Foie gras est à double sens: il représente ma maladie, mais aussi mon embourgeoisement et mon changement de rang social. Comme je le dis dans mon spectacle, ce n'est pas parce qu’on change de rang social qu’on change nos valeurs.
As-tu vraiment l’impression que tu t’es embourgeoisée?
Dans les dernières années, j'ai fait de l'argent et commencé à réaliser quelques petits rêves ici et là. Tu sais combien j'aime la mode, alors je me suis offert des articles un peu plus luxueux. J'habite également dans un quartier plus chic, maintenant. Donc, oui, je me suis embourgeoisée socialement, mais pas dans mes valeurs. Je vais d'ailleurs l'expliquer dans mon spectacle. Souvent, le naturel revient au galop, et j'ai beau habiter dans un quartier plus luxueux, la fille, elle, ne l'est pas. C’est un peu comme mettre du ketchup sur du caviar.
Est-ce qu’il y a une culpabilité qui vient avec la réussite?
Zéro culpabilité. Je suis même très fière de ma réussite et je n'ai rien volé à personne. Ce que j’ai gagné, j'ai travaillé très fort pour l'avoir. L'argent qui vient avec le travail, il n'y a pas de culpabilité avec ça. Là où il peut y avoir une certaine culpabilité, c'est quand on oublie d'où on vient et qu'on oublie ce qui nous a amenés à ça.

Tes deux chiens, Lino et Bobby, sont avec nous ce matin. Parle-moi d'eux.
Ces deux chiens représentent tout mon bonheur actuel. Ils sont mon équilibre. Chaque soir, quand je rentre à la maison, ils sont la raison pour laquelle j'ai hâte d'aller me coucher et me coller contre eux. Ils m'ont apporté une douceur que je n'avais pas et que je n'ai jamais eue avant. Lino Ventura (cinq ans) et Bobby de Niro (six ans) portent ces noms en hommage à deux acteurs qu’Alex et moi apprécions beaucoup. Ces deux acteurs italiens nous inspirent, et je rêve d’ailleurs d’emmener mes chiens en Italie pour mes 40 ans et de les prendre en photo devant des paysages italiens. Les deux représentent pour moi la maternité, mais canine, car c’est clair pour moi que je ne veux pas d’enfant. Ils sont pour moi ce qui se rapproche le plus d’avoir des enfants.
Tu n’avais jamais eu de chien auparavant, qu’est-ce qui a mené à cette double adoption?
En 2018, j’étais en tournée avec mon spectacle Femme ta gueule et j’étais tannée que ma vie tourne constamment autour de mon travail. Je voulais mettre l’accent sur autre chose, alors Alex et moi avons adopté Bobby, puis j’ai eu Lino, son petit frère, l’année suivante. Bobby De Niro est un clin d’œil à Robert De Niro, et Lino fait référence à Lino Ventura. Mes deux chiens sont inséparables e’, en ce moment, ma vie tourne autour d’eux. J’avais envie de chiens pour mon équilibre mental, pour avoir d’autres raisons d’exister que mon travail et mon besoin de performance. Ça se passe encore mieux que je ne le pensais, et si je pouvais, j’aurais un chenil avec plusieurs chiens. Bobby et Lino sont les amours de ma vie.
Pourquoi arrêter son choix sur des caniches?
Je pense que c’est la race qui me ressemble le plus. Ce sont des chiens très intelligents, très anxieux et fidèles en tabarouette. Ils sont caractériels et élégants.
Quel souvenir gardes-tu de l’adoption de ton premier chien avec Alex?
Ce fut un beau challenge de couple. Alex et moi avons rapidement réalisé que nous n’aurions jamais d’enfant ensemble. Nous avons vite compris que nous n’éduquions pas de la même façon et que nous n’avions pas été élevés de la même façon. Je suis rigide, intransigeante et j’élève facilement la voix, tandis qu’Alex incarne la douceur et ne se met jamais en colère.
Tes deux chiens se ressemblent, ont-ils le même caractère?
Non, pas du tout. Bobby est un chien qui a besoin de jouer à la balle tous les jours et qui monte constamment sur les gens. C’est un petit chien perpétuellement actif, incapable de se reposer et d’être calme. Lino est un peu comme moi: un chien qui a besoin d’affection, mais qui peut être «cocky» avec les autres chiens, tout en restant très doux avec les humains. Bobby ressemble beaucoup à Alex; il est plus anxieux et a constamment besoin d’être stimulé. Nos chiens sont vraiment le reflet d’Alex et moi, c’est fou.
Comment avez-vous géré la garde quand vous vous êtes séparés?
Ça a été la première chose que nous nous sommes dite en adoptant nos chiens. Si on se séparait, c’était clair que c’est moi qui allais les garder à la maison et qu’il aurait des droits de visite. Quoi qu’il arrive entre nous, jamais je n’allais l’empêcher de venir les voir. Il vient tous les deux jours, et je lui envoie des photos et des vidéos chaque jour.
Est-ce qu’Alex peut prendre les chiens chez lui ou partir avec eux pendant ses vacances?
Non, il n’en est pas question. Il y a des règlements. (rires) Mais quand je pars en vacances, il peut venir les garder à la maison et parfois les amener chez lui. Nos chiens sont le centre de notre univers à Alex et moi, et c’est ce qui nous a gardés soudés. Même quand on s’est séparés, on savait qu’on ne se quittait pas totalement, on restait liés par nos chiens. D’ailleurs, quand nos chiens mourront, je voudrais en adopter d’autres avec lui.
N’est-ce pas un peu tordu de garder un tel lien avec son ex par des chiens?
Non, je pense qu’après sept ans avec quelqu’un, ce qui serait tordu, ça serait de se laisser et de se détester. On ne s’est pas quittés parce qu’on ne s’aimait plus, mais plutôt parce que ça ne fonctionnait plus. Il y a une nuance. Alex et moi allons nous aimer toute notre vie, mais nous ne sommes simplement pas faits pour être ensemble et nous ne sommes plus amoureux. Nos deux chiens resteront toujours nos deux chiens et c’est ce qui nous garde groundés. Ils nous font parfois oublier la compétition, l’amertume, la frustration et tout le reste. Nos deux chiens nous rendent heureux.