Décès du pompier Pierre Lacroix: le manque de formation et d’équipement pointé du doigt par la coroner
L’enquête du coroner souligne que le tragique accident aurait pu être «évitable» et émet 25 recommandations


Clara Loiseau
L’enquête de la coroner concernant la mort du pompier Pierre Lacroix pointe du doigt le manque de formation et le manque d’équipement, soulignant que ce décès aurait pu être «évitable», et émet 25 recommandations.
«Le soir du 17 octobre 2021, aucun des pompiers n’avait de formation en eaux vives et le poste de commandement ne comptait pas d’officiers qualifiés en sauvetage nautique. Il y a eu une victime, il y aurait pu en avoir six», écrit la coroner Géhane Kamel dans un rapport de 25 pages.
Lors de la tragédie, le pompier Pierre Lacroix, 58 ans, partait en mission nautique avec trois de ses collègues de la caserne nautique 64 pour aller à la rescousse de plaisanciers dont le bateau se dirigeait dangereusement vers les rapides de Lachine, dans le fleuve Saint-Laurent.
Mais après avoir accosté le bateau en détresse, l’embarcation 1864 des pompiers chavire. Les quatre pompiers se retrouvent à l’eau, et M. Lacroix et deux d’entre eux restent coincés sous la coque du navire.
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Équipement et formations
Pour la coroner, il est clair que le manque de formation a eu des conséquences sur la tournure des événements.
«On ne répétera jamais assez que la pierre angulaire de protection est la formation et la spécialisation. Plus on répète un exercice, plus on se qualifie comme expert», soutient Mme Kamel, alors que plusieurs pompiers avaient souligné les lacunes en matière de formation lors des audiences qui avaient débuté à la fin de novembre.
«Il est impératif qu’une formation d’autosauvetage en eaux vives leur soit offerte», ajoute-t-elle.

La coroner déplore aussi le manque d’équipement des équipes de sauvetage.
«Aucun pompier n’est muni de balises de localisation, et le voyant lumineux dont les pompiers disposent pour être repérés est inefficace», accuse-t-elle.
Elle ajoute par ailleurs que le bateau non plus n’avait pas de radiobalise de localisation de sinistre ni de radio portative étanche.
Manque de coordination
La coroner, qui avait aussi enquêté sur la mort de résidents décédés au début de la pandémie de COVID-19 au CHSLD Herron, pointe aussi le manque de coordination lors de cette soirée de recherches après la disparition du pompier.
«Une certaine désorganisation s’est installée entre les différents partenaires et la chronologie ainsi que le nombre incroyable de ressources ont amené leur lot de difficultés pour une coordination efficace de la mission de sauvetage», ajoute-t-elle, en soulignant qu’«aucun officier du poste de commandement n’avait de formation en sauvetage nautique.»

Plusieurs institutions sont directement pointées du doigt par la coroner Kamel, telles que le ministère de la Sécurité publique, le Service de sécurité incendie de Montréal, l’ensemble des villes de l’agglomération de Montréal, la Garde côtière canadienne et Transports Canada.