Décès du pape: «La première question qu’il m’a posée, c’était comment allaient les églises à Montréal»
Le pape François voulait sauvegarder le patrimoine des églises du Québec, raconte un homme d'affaires qui l'a rencontré plusieurs fois


Jean-Louis Fortin
Le pape François, décédé lundi, avait un intérêt méconnu pour la sauvegarde patrimoniale des églises du Québec, raconte un homme d’affaires de la métropole qui correspondait régulièrement avec lui.
Jean Rizzuto, le propriétaire du marché 440 à Laval, se remémore vivement l’une des dernières fois où il a vu le chef de l’Église catholique au Vatican.
«La première question qu’il m’a posée, c’était comment allaient les églises de Montréal», se souvient-il.
Ce jour de mars 2024, en apprenant qu’il se trouvait à Rome, le pape l’avait convié à une rencontre inattendue à son bureau.
«Il finissait sa journée de travail et m’a donné rendez-vous à 18h30. J’ai fait nettoyer mon habit et je suis allé!», se rappelle M. Rizzuto avec émotion.

Sauvegarder les églises
Les deux hommes ont ainsi pu échanger pendant près d’une heure au sujet des églises catholiques québécoises, dont la fréquentation est en baisse et qui coûtent une fortune à entretenir.
Au cours des dernières décennies, certains de ces immeubles historiques ont été transformés en condos, d'autres en centres communautaires. Seulement en 2023, le diocèse de Montréal en a mis quatre à vendre.
«Le pape voulait que ces bâtiments servent pour aider la communauté. Pour lui, le progrès des églises, c’est qu’on y accueille les itinérants et les migrants», mentionne M. Rizzuto.
L’homme d’affaires garde précieusement une lettre que lui avait adressée personnellement le pape en octobre 2022, quelques mois après la seule visite au Canada de son pontificat.
Dans cette correspondance qu’il signe à la main «Francesco», le pape qualifie le patrimoine de la ville aux cent clochers comme «unique en Amérique du Nord, et d’une importance formidable sur les plans spirituel, historique et culturel».
«La perte de ce patrimoine serait extrêmement dommageable pour l’Église et pour la société», écrit le souverain pontife.

«Un grand pape»
Jean Rizzuto a pu rencontrer le pape à cinq reprises. La dernière fois, c’était en juillet dernier au Vatican, à l’occasion du 50e anniversaire de mariage de l’homme d’affaires.
«Il m’écrivait aussi tous les ans. Le 17 décembre, c’est son anniversaire, je lui envoyais un cadeau. Chaque fois que je lui écrivais, il me répondait».
M. Rizzuto avait un autre rendez-vous prévu avec lui au Vatican dans quelques semaines, en juin. S’il doit désormais revoir ses plans, son souvenir du pape François restera intact.
«C’était un grand pape, un pape extraordinaire parce qu'il était proche des gens ordinaires», conclut-il.