Décès de Zacarias Zapata: les recommandations du coroner


Valérie Gonthier
Tous les boxeurs professionnels devraient se soumettre à des tests neuropsychologiques pour monter dans le ring propose un coroner qui s’est penché sur le décès de la jeune Mexicaine de 18 ans victime d’un K.-O. mortel à Montréal en 2021.
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«Bien que l’objectif à la boxe soit d’envoyer l’adversaire au plancher et de le knocker, ce décès n’en demeure pas moins accidentel », a conclu le Dr Jacques Ramsay, dans un rapport détaillé rendu public aujourd’hui.
Jeanette Guadalupe Zacarias Zapata est décédée à la suite d’un combat contre Marie-Pier Houle, le 28 août 2021.
Elle avait subi un knock-out (K.-O.) au quatrième round et avait dû être évacuée en ambulance. Son décès avait été annoncé quelques jours plus tard.
Durant le dernier round du combat mortel, la boxeuse avait notamment reçu un solide «jab» au menton, ce qui l’avait forcé à se replier vers le coin. Elle avait ensuite été atteinte d’une combinaison de «gauche-droite».
Puis, elle a reçu un coup sur sa tempe gauche, « qui la laisse hébétée», résume le coroner. On a dû la soutenir jusqu’à l’arrivée du soigneur. Elle s’était ensuite effondrée au sol.
«La culture de la boxe»
Le coroner s’est bien sûr intéressé à la cause du décès de la pugiliste, qui a succombé à la suite de coups portés à la tête.
Mais il a aussi poussé plus loin l’analyse, allant jusqu’à questionner les règles en vigueur pour protéger les boxeurs.
Rappelons que Jeanette Guadalupe Zacarias Zapata avait subi un K.-O. quinze semaines avant son décès, lors d’un combat au Mexique. Sa chute avait été filmée : on l’aperçoit se faire dominer et encaisser plusieurs coups à la tête. Elle tenait ensuite que par les câbles, avant de s’affaler.

Un contrôle médical n’avait rien montré d’anormal. Mais elle avait été tenue loin du ring, et ce, pendant 60 jours, comme le veut le règlement de la commission de boxe de l’État d’Aguascalientes, au Mexique.
Puis, avant son combat en sol québécois, la boxeuse avait dû remplir un questionnaire à la demande de la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ). Elle n’avait rien signalé d’inquiétant, affirmant même n’avait jamais eu de commotion ou de perte de conscience.
« C’est donc dire qu’elle ne considère pas que son K.-O. en mai comme une commotion cérébrale », a noté le coroner.
Ce dernier s’est grandement inquiété de la grande banalisation des boxeurs «de tout niveau» quant aux symptômes neurologiques, qui tendent à banaliser leur état pour remonter le plus rapidement possible dans le ring.
« C’est une pratique qui fait partie de la culture de la boxe », a-t-il déploré.
Raffiner les examens médicaux
Pour éviter un autre décès lors d’un combat, il n’y a pas lieu de prolonger la suspension automatique de 60 jours après un K.-O cérébral, mais plutôt de « raffiner » les évaluations des boxeurs, a-t-il dit.

Cela permettrait ainsi de mieux cibler les athlètes qui nécessitent un temps d’arrêt supplémentaire.
Dans le cas de Mme Zacarias Zapata, une ancienne blessure à la tête aurait pu «fragiliser l’enveloppe méningée et les vaisseaux cérébraux ». Ainsi, le deuxième assaut du 28 août serait ainsi venu compléter une blessure antérieure.
Dr Ramsay recommande donc l’imposition obligatoire de tests neuropsychologiques pour tous boxeurs victimes d’un K.-O. à la suite de coups à la tête.
La RACJ devrait aussi exiger le plus d’informations possible sur le combat qui a blessé le boxeur, y compris la vidéo, si possible, mais aussi les examens médicaux d’après-combat.
« Ultimement, le promoteur doit comprendre que cette responsabilité est partagée, car l’approbation de sa carte de combats par la RACJ dépendra du respect de ces exigences », a écrit Dr Ramsay.
Mais plus encore, il croit aussi que la RACJ devrait rendre obligatoires des tests neuropsychologiques, qui pourront éventuellement servir de comparaison avec les tests subséquents si l’athlète est victime d’un K.-O. cérébral.