Touchée par l’histoire d'Amélie Champagne,22 ans, qui n'en pouvant plus de souffrir de la maladie de Lyme, s’est suicidée; une femme raconte comment son père a vécu un enfer similaire.

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L'histoire d'Amélie Champagne ne laisse personne indifférent. Nadine Fortin en sait quelque chose, puisqu’elle a perdu son père il y a sept ans dans des circonstances semblables.

« C'est venu raviver la douleur qu'on a connue en 2015. C'est ça qui est dur, c’est de ce dire : est-ce qu'il serait encore là si ... ? Mais là on ne peut pas le dire parce qu'ils n'ont rien fait », a-t-elle déploré.

Son père, Serge Fortin, avait été hospitalisé pendant trois jours après une tentative de suicide. De retour à la maison, il n'a fallu que quelques secondes d'inattention pour qu'il commette l'irréparable, le lendemain de sa sortie de l’hôpital.

« Ils disent qu'ils ne sont pas dangereux en ce moment et là ils laissent la responsabilité aux familles de s'en occuper. Nous on n'est pas outillé, on ne connaît pas ça la santé mentale, on a vraiment été laissé à nous-mêmes. Je pense que ça prendrait une réorganisation complète du système en santé mentale », a témoigné Mme Fortin.

« Qui voudrait rester là?»

Selon elle, l'hôpital n'est pas l'endroit approprié. Elle croit que les problèmes de santé physiques et mentaux ne devraient pas se retrouver au même endroit, qu’il devrait y avoir des établissements dédiés à recevoir les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale.

« La personne qui a fait une tentative, elle n'a pas dormi et elle se ramasse sur une civière dans un brouhaha, dans le chaos. Qui voudrait rester là? Même si de toute bonne foi tu veux te faire soigner, tu veux juste dormir, tu veux juste te faire soigner. Tout le monde voudrait partir, c'est ce qui est arrivé à mon père aussi », a-t-elle affirmé.

Le président du conseil de l'organisme Le Maillon,Bertrand Santerre, partage le même point de vue. Il croit d’ailleurs que le centre d'hébergement Roland-Saucier, à Chicoutimi-Nord, n'aurait jamais dû fermer. Il s’agissait d’un endroit qui prenait en charge les personnes en situation de détresse psychologique.

« C'était un environnement qui était apaisant. Quand vous êtes dans un environnement qui n'est pas apaisant et que vous avez des problèmes, je ne pense pas que ce soit la meilleure situation pour régler le problème », a mentionné M. Santerre.

Problème qui a été soulevé lors d'un forum auquel il a pris part il y a trois ans, où se trouvait aussi le ministre caquiste Lionel Carmant.

« Il a eu l'occasion d'entendre les témoignages et ils ressemblaient énormément à ceux de M. Champagne. J'ai trouvé ça terrible d'entendre M. Lionel dire qu'il était tout surpris de voir ce qui est arrivé. Alors il attend l'enquête du Coroner pour réagir. Il n'a pas besoin d'attendre, il sait ce qu'il se passe », a-t-il commenté.

« C'est incroyable qu'en 2022 il arrive encore des histoires comme celle-là », a ajouté Nadine Fortin.

« Est-ce qu’ils entendent ce qu’on dit? »

En 2018, Mme Fortin avait mis sur pied un groupe citoyen en compagnie de Dominique Gagné pour l'amélioration du système de santé mentale au Québec. Elles étaient parvenues à récolter de nombreux témoignages et étaient intervenues à plusieurs reprises. Mais la pandémie a mis un frein sur leurs démarches et Nadine constate que depuis, rien n’a réellement changé.

« On avait recueilli beaucoup de témoignages au fil des années. Toutes les actions qu'on a faites, les demandes qu'on a faites. Quand on voit ça, on se demande ce que ça a donné. Est-ce qu'ils entendent ce qu'on dit? », a-t-elle lancé.

Mais Nadine Fortin ne baissera pas les bras. Elle veut relancer le groupe et poursuivre sa mission pour éviter qu’une autre personne n'échappe au système.

Si vous avez besoin d’aide

LIGNE QUÉBÉCOISE DE PRÉVENTION DU SUICIDE 

-www.aqps.info

-1-866-APPELLE (277-3553) 

JEUNESSE, J’ÉCOUTE 

-www.jeunessejecoute.ca

-1-800-668-6868 

TEL-JEUNES 

-www.teljeunes.com

-1-800-263-2266