Décès à 96 ans: «S’il y avait un Trump avant Trump, c’est Jean-Marie Le Pen», dit Stéphan Bureau

Agence QMI
Avec le décès du créateur du Front national, la politique française perd un «monument» qui a été à l’avant-garde d’un mouvement politique qui prend de plus en plus de place un peu partout en Occident, selon Stéphan Bureau.
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Le collaborateur à TVA Nouvelles est d’avis que le politicien français avait plusieurs ressemblances avec celui qui sera de retour à la Maison-Blanche dans quelques jours.
«S’il y avait dans le paysage politique occidental un Trump avant Trump, on pourrait dire que c’est Jean-Marie Le Pen», dit-il.
«Une des caractéristiques du personnage, un peu comme monsieur Trump, c’est une ligne d’action claire, ajoute-t-il. Il ne s’est jamais excusé de ce qu’il faisait ou de ce qu’il disait. Il a été condamné plusieurs fois pour ses déclarations.»
Le parti qu’il a fondé, le Front national, récemment renommé Rassemblement national, avait d’ailleurs pris ses distances avec lui au cours des dernières années.
«C’est sa fille qui a été obligée de signifier à son père qu’il n’avait plus de place dans le parti en 2015 après qu’il s’était retiré en 2011, affirme-t-il. Elle choisira trois ans plus tard de changer le nom.»
Le monde se souviendra de lui comme une personne qui a contribué grandement à la vie politique française, et même occidentale, selon Stéphan Bureau.
«Un peu partout en ce moment, qu’est-ce qu’on voit émerger? En Autriche depuis 24 heures, en Italie depuis un an, au Canada, qui sait, mais avec des variantes très différentes, c’est l’émergence d’une droite décomplexée et qui, en matière d’immigration, a forcé un changement de discours», mentionne-t-il.
«Jean-Marie Le Pen, c’est l’un des plus jeunes députés élus dans l’histoire de la quatrième république, ajoute-t-il. On remonte en 1956. C’est un candidat aux élections présidentielles à trois reprises, qui a, pour la première fois, fait peur à la France politiquement traditionnelle en 2002 quand il se retrouve au deuxième tour face à Jacques Chirac.»
Sa fille, Marine Le Pen, s’est elle aussi retrouvée au deuxième tour de l'élection présidentielle l’été dernier.
«Il faut voir qu’au fil du temps, le flambeau, la torche, qui est d’ailleurs le symbole du parti, a été repris par sa fille, et aux dernières élections, elle a fait plus de 40% au deuxième tour contre Emmanuel Macron», indique-t-il.
La date du décès de Jean-Marie Le Pen, le 7 janvier, 10 ans jour pour jour après l’attentat visant Charlie Hebdo, a quelque chose de symbolique, selon M. Bureau.
«Une des thèses les plus souvent répétées par le père Le Pen, c’était ce danger d’islamisation de la société française, dit-il. Et il meurt le 7 janvier, 10 ans après les attentats.»
Plusieurs condomnations
Rappelons que le fondateur du Front national (devenu en 2018 Rassemblement national) n’aura exprimé aucun regret pour les dérapages, contrôlés ou non, qui lui ont valu plusieurs condamnations: des chambres à gaz qualifiées de «point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale» (1987) à «l’inégalité des races» (1996), en passant par l’Occupation allemande de la France, «pas particulièrement inhumaine» (2005) ou l’agression physique d’une adversaire socialiste (1997).
Il a aussi été condamné à la fin des années 1960 pour apologie de crime de guerre après avoir édité un disque de chants du IIIe Reich. «Je suis un homme libre», répétait-il, soucieux de sa posture anti-système quitte à se marginaliser.
-Avec AFP
Voyez le commentaire complet de Stéphan Bureau dans la vidéo ci-dessus