Débat électoral à Lévis: des flammèches sur le 3e lien


Dominique Lelièvre
Le projet de troisième lien a donné lieu à des échanges passionnés, jeudi midi, lors d’un débat des candidats dans la circonscription de Lévis organisé par la Chambre de commerce et d’industrie du Grand Lévis.
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Pour le candidat vedette de la Coalition Avenir Québec (CAQ), Bernard Drainville, le 3e lien sera «à bien des égards [...] la question de l’urne», a-t-il affirmé lors de la joute tenue au Centre des congrès de Lévis devant une centaine de personnes.
L’ex-journaliste en a profité pour demander de nouveau un «mandat fort» afin de réaliser le tunnel de 6,5 G$ souhaité par sa formation politique.
«C’est de ça [que] les gens me parlent le plus, ils n’en peuvent plus du trafic», a-t-il soutenu, accusant le Parti libéral (PLQ) et le Parti Québécois (PQ) d’avoir «changé d’idée», puisqu’ils proposent chacun à leur manière, dans cette élection, de relier les deux rives par un mode lourd de transport collectif.
La preuve, selon lui, qu’il y a maintenant «quatre partis qui sont favorables au principe d’un 3e lien».
«Vous exagérez»
Les attaques – toujours sur un ton respectueux – de ses adversaires n’ont pas tardé.
«Moi, je travaille à Québec. Je le fais, le chemin [entre les deux rives], M. Drainville, et franchement, encore une fois, vous exagérez pour faire un show», lui a lancé Valérie Cayouette-Guilloteau, qui tente pour la quatrième fois de se faire élire sous la bannière de Québec solidaire (QS).
«Les ponts sont en mauvais état [...] il faut s’occuper de nos infrastructures. On n’a plus de service de traversier qui a du bon sens [...] commencez donc par réparer le toit qui coule plutôt que de penser à faire une piscine olympique dans votre cour avec des milliards», s’est exclamée l’enseignante en philosophie qui habite à Lévis.
Dans le camp conservateur, l’entrepreneure et ex-conseillère municipale Karine Laflamme a reproché au gouvernement sortant de s’être traîné les pieds dans la réalisation du 3e lien.
Elle craint qu’un lien central ne fasse que «causer plus de bouchons». Elle affirme qu’un lien autoroutier passant par l’île d’Orléans, en plus d’être moins coûteux, serait bon pour l’économie locale et la sécurité des insulaires, car le territoire serait relié par deux ponts au lieu d’un seul en cas d’urgence.
Gestion de l’offre
Mme Laflamme, dont c’était la toute première participation à un débat, a toutefois connu un moment pénible en offrant une réponse confuse quand elle s’est fait demander par M. Drainville si elle était pour ou contre le système de gestion de l’offre pour les produits agricoles.
«Je vais être très honnête avec vous, je ne connais pas la gestion de l’offre», a avoué candidement Mme Laflamme après l’exercice, assurant qu’elle va se renseigner sur cet enjeu.
«Le tunnel est un faux débat qui nous divise», a déploré de son côté le gestionnaire et réserviste de l’armée Richard Garon, du PLQ. Il prône des mesures plus «immédiates» pour soulager la congestion.
«Au Parti Québécois, on est en faveur du 3e lien, mais de notre propre vision du 3e lien», a défendu de son côté l’ingénieur Pierre-Gilles Morel, du PQ, qui préconise un train léger sous-fluvial.
Dans une autre prise de bec, Bernard Drainville a demandé à la candidate solidaire si le plan de QS pour réduire les GES de 55% allait conduire à la fermeture de la raffinerie Valero. «Pas du tout. C’est absolument faux. Vous faites de la démagogie, du populisme», a répliqué Mme Cayouette-Guilloteau.
«C’est du populisme de gauche que de me qualifier de populiste», a lui-même rétorqué M. Drainville en mêlée de presse, estimant que sa question était légitime.
Relance économique
Le débat a été l’occasion pour les candidats de s’exprimer sur d’autres défis économiques, notamment la main-d'œuvre, la relance économique et l’innovation.
Un certain consensus s’est dégagé sur l’importance de simplifier la venue et l’intégration des nouveaux arrivants et d’encourager la rétention du personnel par diverses mesures, même si les cibles d’immigration des partis varient considérablement.
Le maire Gilles Lehouillier, qui a assisté à l’activité, s’est réjoui de constater que «Lévis est maintenant considérée comme un pôle, ce n’est plus une banlieue.»
Quant à l’enjeu du 3e lien, «je sens qu’il y a comme un glissement vers la nécessité d’un nouveau lien entre les deux rives. Je l’ai senti chez les intervenants», a-t-il affirmé.
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