Débat du Parti libéral du Canada: bel effort en français, mais...

Guillaume St-Pierre – analyse
C’était loin d’être parfait, mais l’effort y était, en français, de la part des candidats libéraux qui ont surtout fait de Trump leur principale cible tout en démontrant une unanimité parfois lassante sur presque tout.
Pas question de commencer à se lancer des roches à la veille d’élections générales fédérales.
Ce fut donc moins un débat qu’un exposé souvent vague des positions de chacun.

Concernant le français, le parti du bilinguisme officiel a évité l’humiliation en rejetant des candidatures d’unilingues qui souhaitaient se présenter sans gêne aucune.
Des croûtes à manger
Toutefois, le meneur et probablement futur successeur de Justin Trudeau, Mark Carney, a des croûtes à manger, lui qui était, de loin, le moins à l’aise dans la langue de Miron (voir bulletin).
S’il ne progresse pas rapidement, il risque fort de se retrouver en spectateur dans un débat des chefs face à Pierre Poilievre, à Yves-François Blanchet et à Jagmeet Singh.
Pour pallier ses difficultés à communiquer directement avec la population, Carney a dit et fait les bonnes choses. Il a reconnu que le français déclinait au Québec et il a reçu l’appui des principaux ministres québécois.

Les Québécois seront-ils plus patients avec le prochain chef dans le contexte politique actuel?
Signe que les temps ont irrémédiablement changé, il aura fallu attendre presque 30 minutes avant que le nom de Pierre Poilievre soit prononcé, même si c’est lui, le prochain adversaire.
Président Trump
Sans surprise, Chrystia Freeland a eu les mots les plus durs envers le président américain, ce à quoi ses adversaires lui ont répondu que le Donald Trump d’aujourd’hui n’était pas celui qu’elle avait affronté avec succès par le passé.
Mark Carney, lui, nous a offert un aperçu de ses lignes d’attaque contre le chef conservateur.

«Pierre Poilievre, c’est un homme qui vénère M. Trump, il ne peut pas négocier avec lui», a-t-il lâché.
Les libéraux doivent parfois se pincer en regardant leur progression phénoménale dans les sondages depuis l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche.
Selon le plus récent sondage Léger, le PLC dirigé par Mark Carney arriverait même en tête des intentions de vote avec 40%, contre 38% pour les conservateurs de Pierre Poilievre.
Échanges de surface
Ils se sont bien gardés d’entacher la marque libérale à ce moment critique, avec pour résultat, jumelé à leur français hésitant, que les échanges sont souvent restés en surface.
La vraie question de toute façon était de savoir si le meneur Mark Carney avait l’acuité politique nécessaire pour survivre à une campagne électorale.

«Je suis prêt à tout donner pour le Canada», a-t-il dit en guise de conclusion.
Il faudra attendre le débat en anglais de ce soir pour savoir si le grand banquier a le potentiel de se transformer en habile politicien.
