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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Carney a «joué la trappe» face aux autres chefs fédéraux

Le chef libéral ne s’est pas mouillé

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Photo portrait de Guillaume St-Pierre – analyse

Guillaume St-Pierre – analyse

2025-04-17T00:12:05Z
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Le chef libéral et meneur dans les sondages Mark Carney a survécu au débat en français en «jouant la trappe», pour reprendre une expression propre au hockey.

S’en tenant au minimum, il a offert des réponses courtes et apprises par cœur, comme sa maîtrise du français ne lui permettait pas nécessairement d’improviser.

La stratégie consistait à planter ses idées dans le débat pour mieux se retirer et laisser les autres débattre. Plutôt efficace, il faut l’admettre.

Surtout que les attentes à son endroit étaient très basses. Seulement 11% des Québécois s’attendaient à le voir gagner le débat.

S’il souhaitait par cette stratégie rester au-dessus de la mêlée, les autres chefs ont parfois réussi à le ramener sur le plancher des vaches, notamment lorsqu’il a été question du bilan libéral de la dernière décennie.

«C’est quand même les mêmes ministres, le même caucus, la même idéologie hostile aux valeurs québécoises, a lancé le chef du Bloc Québécois, Yves-François Blanchet. Ce n’est pas parce que tu changes de chef que la philosophie à laquelle vous avez contribué va se transformer.»

Son moment le plus faible a été sans contredit son explication vaseuse sur le bonbon électoral de la taxe carbone offert à tous sauf aux Québécois.

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• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Blanchet avait hâte!

C’est le chef du Bloc qui avait le plus à gagner dans ce débat, lui dont une bonne partie de l’électorat a fui chez les libéraux en raison du contexte économique actuel.

M. Blanchet, qui croupit dans l’ombre de Donald Trump durant cette campagne, avait hâte d’en découdre.

Le cœur de sa campagne et de son message lors du débat consistait à défendre la spécificité du Québec dans une future négociation avec l’administration Trump.

Le temps dira s’il a réussi à ramener des bloquistes au bercail.

Mais encore une fois, le président américain est revenu le hanter, sous la forme d’une question de l’animateur sur la volonté de l’électorat à élire, ou non, un gouvernement majoritaire dans lequel le rôle du Bloc serait marginal.

«Je ne sais pas d’où vient le raisonnement qu’un gouvernement minoritaire qui devrait normalement faire ses quatre ans serait plus faible qu’un gouvernement majoritaire», a-t-il lancé, visiblement agacé, lui qui rêve de la balance du pouvoir.

Sa défense de l’autonomie des provinces face au pouvoir fédéral centralisateur a toutefois été efficace.

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Moins d’ambition?

Le chef conservateur Pierre Poilievre aussi, tout comme Mark Carney, a joué de prudence.

La stratégie consistait possiblement à laisser plus de place à Yves-François Blanchet, qui doit remonter dans les sondages si les conservateurs veulent espérer se faufiler dans des courses à trois au Québec.

À l’heure actuelle, les sondages prévoient plutôt un raz-de-marée rouge.

On peut en déduire que M. Poilievre n’a plus l’ambition d’obtenir d’importants gains au Québec, même si son électorat demeure stable et fidèle, lui qui récolte 23% des intentions de vote.

C’est sur la question du logement que le chef conservateur s’est montré le plus combatif.

Jagmeet Singh, lui, a repris ses plus grands succès sur les libéraux et les conservateurs qui n’en ont que pour les milliardaires. Il voulait peut-être trop en faire, alors que son parti risque d’être balayé de la carte, puisque le moment le plus mémorable est quand l’animateur lui a coupé le micro.

Ça change quelque chose?

Est-ce que ce débat en français changera quoi que ce soit dans le déroulement de cette course express qui prend fin dans environ 10 jours?

Seulement 20% des Québécois soutiennent qu’ils pourraient changer d’idée à l’issue des débats.

Les prochains jours nous diront si la tendance se maintient ou non.

Une chose est certaine, le grand perdant de la soirée est la Commission des débats des chefs elle-même, qui a permis aux médias alternatifs de monopoliser la période des questions avec les chefs après la débâcle du changement d’horaire et de l’exclusion du Parti vert à la dernière minute.

Nos chroniqueurs se prononcent

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