Débâcle du Groupe Huot: l’homme d’affaires Robert Giroux se dit l’objet d’une «campagne de salissage, d’intimidation et de menace»
Il demande à la cour de casser les ordonnances de saisie visant ses actifs


Kathryne Lamontagne
L’homme d’affaires Robert Giroux se dit l’objet d’une «campagne de salissage, d’intimidation et de menace» de la part de certains des millionnaires de Québec qui ont investi dans le Groupe Huot et exhorte maintenant le tribunal à casser les ordonnances de saisie rendues contre lui.
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«À plusieurs reprises, certains des demandeurs m’ont clairement exprimé leur volonté de me punir», affirme Robert Giroux dans une déclaration assermentée déposée vendredi dernier, au palais de justice de Québec.
Robert Giroux et ses sociétés font actuellement face à deux poursuites civiles totalisant 150 M$ de la part des millionnaires de Québec. Par l’entremise de deux fonds opérés par Robert Giroux (SH et Q-12), les demandeurs ont investi des sommes colossales dans le Groupe Huot, en échange d’un rendement de 12% par année.
Les millionnaires soutiennent maintenant que l’homme d’affaires se serait enrichi à leurs dépens et qu’il aurait mis sur pied un «stratagème qui s’apparente à un système de Ponzi». Des allégations «spectaculaires» rejetées du revers de la main par le défendeur.
«Les allégations relatives à l’établissement, l’élaboration et la mise en œuvre d’un stratagème de style “Ponzi” sont de nature criminelle et d’une très grande gravité», insiste dans son affidavit Robert Giroux, qui soutient que ces allégations ont terni sa réputation et choqué ses proches.
Huot aurait refusé de vendre
Dans sa déclaration, l'homme d'affaires en dévoile aussi davantage sur les origines de la débâcle financière du Groupe Huot. À la fin de 2021, Stéphan Huot aurait été informé que le fonds SH ne renouvellerait pas son financement en 2023.
Dans l’obligation de rembourser ces prêteurs en 2022, le propriétaire du Groupe Huot aurait sollicité et obtenu plusieurs offres d'achat «à des prix très intéressants» pour ses immeubles locatifs, qui auraient été «largement suffisants pour rembourser» sa créance. Mais le promoteur aurait refusé de vendre, soutient Robert Giroux.
«Stéphan Huot souhaitait obtenir des prix encore plus avantageux et aspirait même à établir des records en termes de prix de vente pour la région de Québec», écrit le défendeur.
En parallèle, les taux d’intérêt ont commencé à grimper de manière significative. Stéphan Huot aurait alors réalisé qu’il ne pourrait vendre son parc immobilier aux prix offerts autrefois.
C'est que la valeur des propriétés du Groupe Huot aurait diminué, tout comme l’équité sous garantie, passant de près de 240 M$ en 2022 à un montant estimé entre 50 et 70 M$ en 2023, selon les estimations de Robert Giroux. Quelque 525 M$ du financement de Stéphan Huot auraient été à taux variable, ce qui aurait contribué à la situation d’insolvabilité du Groupe Huot, plaide le défendeur.
Huot aurait donc mandaté une firme afin de lever des capitaux pour ses complexes résidentiels. Un plan nommé «Marvel» aurait été mis sur pied afin de recueillir entre 120 et 140 M$. Mais au début de 2023, Robert Giroux aurait réalisé que ce plan ne pourrait se concrétiser.
Cassation des saisies
Dans la foulée des poursuites de 150 M$, le tribunal a ordonné le 29 juin la saisie d'immeubles, de terrains, d'actions et de comptes de banque appartenant à Robert Giroux, en plus de lui interdire temporairement de vendre ou d'hypothéquer ses biens. Robert Giroux conteste maintenant ces ordonnances.


Dans une demande en rétractation de jugement déposée vendredi, Robert Giroux soutient entre autres que les demandeurs ont manqué à leur obligation «de divulgation franche et complète de la preuve». Ils n’auraient notamment pas expliqué les raisons de la déconfiture du Groupe Huot, tout comme ils n’auraient pas avisé le tribunal que les millionnaires étaient des «investisseurs qualifiés».
«Un investisseur qualifié est donc bien conscient que la valeur des investissements peut fluctuer, qu'il n'y a aucune garantie de rendement positif et que les investissements peuvent être sujets à une perte partielle ou totale du capital investi – cette omission, elle aussi, est impardonnable», affirme l'avocat de Robert Giroux, dans sa requête.
Le dossier doit revenir à la cour, lundi.