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L'article provient de Le Journal de Québec
Opinions

De vraies solutions existent pour retenir les travailleurs dans la construction

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Carl Dufour, Président de la CSD Construction

2024-02-01T05:00:00Z
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Dans une lettre d’opinion récente, l’association patronale ACQ, affirmant que le retard de productivité dans l’industrie de la construction est une responsabilité des travailleurs de la construction, commet une grave erreur dans la résolution des problèmes de notre industrie.  

En ne ciblant qu’une seule cause, l’ACQ ne propose que des solutions (mobilité de la main-d’œuvre et polyvalence des métiers) qui se feront aux dépens des travailleurs, déjà surchargés et fatigués. 

Non seulement leurs constats et leurs solutions sont erronés, mais également inacceptables; ils n’augmenteront pas la productivité. La question cruciale qui permettra potentiellement l’augmentation de la productivité concerne avant tout la rétention de la main-d’œuvre, une problématique que l’ACQ semble délibérément ignorer.

Remise en question

Plutôt que de presser le citron de la main-d’œuvre et de dévaloriser nos métiers en les rendant plus «flexibles», il est temps de se poser la question: pourquoi quittons-nous l’industrie? La réponse réside dans la nécessité urgente de remettre en question nos pratiques et notre culture pour assurer une rétention positive pour tous, qu’ils soient hommes, femmes, ou immigrants. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, avec 56% des femmes quittant l’industrie après cinq ans et 35% chez les hommes.

Des solutions existent pour assurer une rétention solide, notamment: garantir des conditions de travail sécuritaires, que les employeurs respectent leurs obligations à l’égard des travailleurs, renforcer les protections contre le harcèlement, améliorer les mesures conciliant travail et famille et, bien sûr, valoriser la formation. 

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En effet, la formation est un maillon essentiel à la rétention, et la polyvalence des métiers soulève des enjeux cruciaux en matière de formation et d’évaluation de la main-d’œuvre. L’ACQ devrait savoir qu’un travailleur formé adéquatement et qui possède plusieurs années d’expérience permettra, étant donné son expertise, d’augmenter la productivité de son équipe.

Planification

Également, nous croyons qu’une meilleure planification des travaux permettrait non seulement une meilleure répartition des heures dans l’année (autre mesure pour retenir nos travailleurs), mais également une solution pour améliorer la productivité. On suggère ici, par exemple, de rallonger les périodes de travail sur les routes au Québec et que le gouvernement (le plus gros donneur d’ouvrage), ne lance pas simultanément tous ses projets, comme cela a été le cas avec les maisons pour aînés. On attribue la responsabilité à nos travailleurs si les projets ne sont pas livrés à temps, mais cette perspective omet la responsabilité des employeurs dans ces retards, qui résultent fréquemment d’une planification défaillante des travaux, de commandes tardives de matériaux et d’erreurs dans les plans, pour ne citer que ces exemples.

Il est temps de dire non à l’exploitation déguisée en «modernisation». Priorisons la rétention, investissons dans la formation et exigeons une gestion plus efficace des projets. C’est ainsi que nous garantirons un milieu prospère et équitable pour tous. C’est une voie vers une industrie plus stable, où les travailleurs ne sont pas pressés comme des citrons dans des conditions de travail précaires.

Photo fournie par la CSD Construction
Photo fournie par la CSD Construction

Carl Dufour, Président de la CSD Construction

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