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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

De plus en plus de surdoses liées au crystal meth à Québec

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Photo portrait de Elisa Cloutier

Elisa Cloutier

2025-01-24T05:00:00Z
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Signe que cette drogue extrêmement dangereuse et toxicomanogène a bel et bien pris du galon à Québec, le nombre de surdoses liées à la consommation de crystal meth y est en hausse.

• À lire aussi: Québec, capitale du «crystal meth»: les policiers de la SQ en ont saisi plus de 63 kilos l’an dernier

C’est du moins ce qu’observe la Direction de santé publique de Québec.

«On s’en fait parler souvent qu’il y a des surdoses de stimulants [comme la méthamphétamine]. On en voit de plus en plus», mentionne la Dre Anne-Frédérique Lambert-Slythe, médecin spécialiste à la Direction de santé publique du CIUSSS de la Capitale-Nationale et médecin clinicienne au Centre de réadaptation en dépendance de Québec.

Photo Stevens LeBlanc
Photo Stevens LeBlanc

Selon le CIUSSS, le tiers des substances identifiées dans les surdoses mortelles en 2022 et 2023 dans la région étaient des stimulants. Les données de l’année 2024 ne sont pas encore disponibles.

«Depuis les dernières années, on voit une tendance [chez les consommateurs] à délaisser la cocaïne pour la méthamphétamine, que ce soit par injection ou inhalation. C’est une question de prix, puisque c’est beaucoup moins cher et [plus accessible]», précise la médecin spécialiste.

Des données du Bureau du coroner, comprenant plus de 1350 rapports liés à des surdoses mortelles au Québec, compilées par le Journal, révèlent également qu’à l’échelle de la province, près de 39% des décès par surdose depuis 2021 sont liés à la consommation de méthamphétamine.

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La Dre Lambert-Slythe mentionne également qu’aucun traitement médicamenteux n’est disponible pour aider les consommateurs de méthamphétamine.

Il n’y a pas non plus d’antidote pour renverser les surdoses, comme le fait la naloxone pour les opioïdes.

«C’est une problématique qui est quand même très inquiétante [...] puisqu’on voit de plus en plus de psychoses toxiques liées à ça [...] On voit que nos patients sont de plus en plus poqués», dit-elle. 

La Dre Anne-Frédérique Lambert-Slythe, médecin-conseil à la Direction de santé publique du CIUSSS de la Capitale-Nationale.
La Dre Anne-Frédérique Lambert-Slythe, médecin-conseil à la Direction de santé publique du CIUSSS de la Capitale-Nationale. Photo Elisa Cloutier

La consommation de crystal meth peut aussi causer des problèmes cardiaques, des plaies sur la peau ou sur les gencives.

En cas de surdoses, plusieurs symptômes sont observables, dont l’anxiété, le sentiment de persécution, la paranoïa, l’altération du rythme cardiaque, ainsi que des hallucinations et des convulsions pouvant mener à une perte de connaissance.

Pleine capacité

À l’Interzone, le centre de consommation supervisée situé sur la rue Saint-Vallier Est, les deux espaces de consommation de drogue par inhalation, dont le crystal meth, sont utilisés à «pleine capacité».

«On voit que ça devient une problématique, parce que les gens attendent pour venir consommer par inhalation [...]. On n’avait pas prévu qu’il y en [aurait] autant [que] ça au départ [...]. On avait configuré plus de l’injection, donc là, il manque de cubicules pour inhaler», explique la Dre Lambert-Slythe.

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Elle ajoute que des files d’attente se forment régulièrement à l’extérieur du centre, provoquant parfois des situations «plus compliquées».

«Ce sont parfois des gens moins patients, plus irritables», raconte la médecin.

Le centre de consommation supervisé de Québec, L'Interzone, où deux espaces permettent la consommation de drogue par inhalation. Au Québec, seulement quatre centres permettent ce type de consommation supervisé.
Le centre de consommation supervisé de Québec, L'Interzone, où deux espaces permettent la consommation de drogue par inhalation. Au Québec, seulement quatre centres permettent ce type de consommation supervisé. Photo Stevens LeBlanc

En moyenne, l’Interzone, ouvert depuis le 31 mars 2021, reçoit entre 90 et 100 visiteurs quotidiennement.

Pas d’autres ouvertures à venir

Malgré la hausse fulgurante de la consommation de drogue par inhalation dans la province, aucun aménagement d’espace supplémentaire permettant la consommation de drogue par inhalation n’est à prévoir, nous précise Santé Québec.

Actuellement, seuls quatre centres au Québec offrent les services de consommation supervisée par inhalation, soit à Québec, à Gatineau, à Laval et à Montréal.

- Avec la collaboration de Charles Mathieu

Nombre de surdoses mortelles impliquant de la méthamphétamine au Québec depuis 2021

  • Montréal: 120
  • Québec: 57
  • Gatineau: 28
  • Longueuil: 24
  • Sherbrooke: 17
  • Trois-Rivières: 15
  • Total au Québec: 524 cas depuis 2021

Source: Bureau du coroner

L’intelligence artificielle a été utilisée pour trouver dans les rapports du coroner les cas où de la méthamphétamine avait été retrouvée dans l’analyse toxicologique.

L’interzone en chiffres

  • 2021-2022: près de 8500 visites (ouverture le 31 mars 2021)
  • 2022-2023: près de 20 000 visites
  • 2023-2024: 25 501 visites
  • Du 1er avril 2024 au 11 janvier 2025: 26 662 visites
  • Répartition selon le sexe: 73% hommes – 26% femmes

Source : CIUSSS et SABSA

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