De plus en plus de gens sont démunis à Montréal
La hausse du prix des aliments et des loyers en est responsable, selon un curé


Valérie Gonthier
L’explosion des coûts du panier d’épicerie et des loyers a transformé le visage de la pauvreté, observe un curé qui côtoie chaque semaine des gens défavorisés.
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« J’ai parlé à des parents qui m’avouent sauter un repas parfois pour être certains que leurs enfants ne manquent de rien », s’est désolé l’abbé Claude Paradis, responsable de la fondation Notre-Dame de la rue, qui vient en aide aux plus démunis.
Selon lui, de plus en plus de personnes se retrouvent dans une situation de précarité, et doivent se tourner vers des ressources pour s’alimenter et ainsi économiser quelques sous.
« Là-dedans, il y a des gens qui travaillent, mais à faible revenu. Être pauvre, ce n’est pas juste le gars et la fille sur le bord de la rue. Il y a des familles qui ne peuvent pas prendre trois repas par jour et j’ai l’impression que ça va être de pire en pire », a-t-il insisté.
C’est évidemment la hausse des produits alimentaires, mais aussi la crise du logement qui fragilisent la stabilité des familles moins nanties, croit-il.
Des gens à la rue
« L’épicerie, ça coûte une fortune, les prix des loyers ont explosé, j’ai peur qu’il y en ait qui se retrouvent à la rue », a-t-il dit.
« C’est sûr que ça va être ça, c’est annoncé. J’ai peur que des gens qui normalement arrivaient de peine et de misère à la fin du mois, n’y arrivent plus », a-t-il ajouté.
Le curé Paradis dit accumuler des histoires de gens qui peinent à se loger. Une dame qui voulait louer un logement se serait fait dire que le prix avait augmenté de 300 $ entre sa première visite et la deuxième, quelques jours après.
Un homme qui a dû quitter son appartement parce qu’il était incapable de payer le loyer aurait été obligé de dormir dans sa voiture.
« Les gens sont mal pris », a lancé celui que l’on surnomme le « curé de la rue ».
« L’été prochain, il va y en avoir un paquet qui ne se retrouveront pas de loyer. Ils vont vivre dans la rue avec leurs enfants ? Ça ne fait pas de sens, on est à Montréal, pas dans un pays défavorisé », a-t-il ajouté, exaspéré.
Ressources pour vivre
Il s’attend d’ailleurs à voir davantage de gens qui devront se tourner vers des ressources pour vivre.
« Je la fais mon épicerie et je le remarque que ça augmente. Imaginez une famille avec deux ou trois adolescents, qui doit respecter un budget, mais qui voit le prix de leur viande, leur lait, leur pain augmenter... je ne sais pas comment ils vont faire », a-t-il persisté.
Et malheureusement, ce sont les gens qui travaillent à petit salaire qui se retrouvent coincés.
Pour offrir un peu de réconfort aux personnes dans le besoin, l’abbé Paradis organise un dîner, dimanche, à l’Accueil Bonneau, avec un regroupement de vétérans (voir autre texte).