De plus en plus dangereux

Des représentants du ministère ukrainien de la Défense accusent l’armée russe d’avoir miné un barrage hydroélectrique sur le fleuve Dniepr, dans la région de Kherson. Ce barrage retient 18 millions de mètres cubes d’eau.

Sa destruction forcerait le déplacement de centaines de milliers de personnes. Elle annihilerait les systèmes d’irrigation et d’approvisionnement en eau potable d’une partie du pays. Pire, elle mettrait en danger la centrale nucléaire de Zaporijjia qui compte sur l’eau de ce réservoir pour refroidir ses réacteurs. Poutine engendrerait ainsi de nouvelles vagues de réfugiés, en plus de risquer un accident nucléaire grave. Poutine est en train de devenir un danger non seulement pour la Russie et pour l’Ukraine, mais pour l’Europe et le monde entier.

1. Qu’espère Poutine en faisant sauter le barrage ?

Poutine poursuit sa stratégie qui vise à priver les Ukrainiens d’eau et d’électricité, pour les inciter à se rendre. À l’évidence cette stratégie ne fonctionnera pas, même si l’hiver s’annonce pénible. Les bombardements indistincts de Poutine sur les populations civiles peuvent être interprétés comme de la vengeance. Hélas, étant donné leurs conséquences graves, elles ressemblent à des gestes de génocide. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Poutine tente déjà d’accuser l’armée ukrainienne de l’éventuelle destruction du barrage. Mais on voit mal pourquoi l’armée ukrainienne commettrait un tel geste. 

2. La Russie est-elle coupable de génocide ?

Hier, le ministre d’État allemand aux Affaires extérieures, Tobias Lindner, a déclaré que la Russie se livrait à un génocide en Ukraine. Il a raison. Il ne s’agit pas simplement d’un génocide culturel, qui viserait à effacer en tout ou en partie la culture ukrainienne, mais d’un génocide au sens premier de la définition de l’ONU. Plus de 12 millions d’Ukrainiens, sur une population de 44 millions, ont quitté l’Ukraine à cause de la guerre. Poutine a déporté en Russie 200 000 enfants ukrainiens qui risquent d’être russifiés. Il ne reconnaît pas l’existence de l’Ukraine. Il bombarde intensivement les villes et les installations vitales pour les civils, même si l’armée ukrainienne n’occupe pas ces endroits. 

3. Comment les autres pays devraient-ils réagir ?

En théorie, les États membres de l’ONU devraient se liguer contre la Russie. La prévention des génocides est une des raisons d’être de l’ONU. Mais jusqu’où ira Poutine avant qu’un génocide soit reconnu par l’ONU, si tant est qu’il le soit un jour ? À l’évidence, dans plusieurs domaines, l’ONU est devenue otage des dictatures.

4. Où Poutine étend-il ses actions malfaisantes ?

Poutine est actif en Afrique où il mène une guerre de terrorisme et de coups d’État très efficace contre la France, grâce au groupe Wagner. Ses agents sont derrière des manipulations de l’opinion dans plusieurs pays, à commencer par les États-Unis. Il mène aussi une guerre contre les intérêts démocratiques dans les pays musulmans et en Amérique latine. 

5. Qu’attendent les démocraties pour s’opposer encore plus fermement à Poutine ?

La destruction éventuelle du barrage sur le Dniepr pourrait marquer un point de bascule. Cependant, les autorités russes menacent d’utiliser leur armement nucléaire en cas de conflit direct avec les pays de l’OTAN. D’autre part, une guerre entre la Chine et Taïwan devient de plus en plus probable. Et les États démocratiques sont de plus en plus minés de l’intérieur, ou en proie à des crises intenses, comme aux États-Unis, en France ou en Italie. En d’autres termes, les démocraties n’ont jamais été aussi faibles depuis la Seconde Guerre mondiale.