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L'article provient de Bureau d'enquête

De nouveaux rejets cancérigènes en provenance du terrain de Northvolt près d’une zone de baignade dans la rivière Richelieu

La Ville de Belœil se dit préoccupée et veut s’associer à des scientifiques pour mesurer les contaminants potentiels dans l’eau

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Photo portrait de Annabelle Blais

Annabelle Blais

2025-07-31T04:00:00Z
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Des matières cancérigènes en provenance du terrain de Northvolt se sont écoulées dans la rivière Richelieu, non loin de la piscine en eaux vives à Belœil, en Montérégie.

Inaugurée l’été dernier, cette zone de baignade est située à moins de 5 kilomètres où devait avoir lieu la construction d’une méga-usine de batteries de la firme suédoise Northvolt, qui ne verra peut-être jamais le jour.

«Le terrain est un problème depuis longtemps, mais l’arrivée de Northvolt est venue réveiller le loup qui dort, explique Jacinthe Villeneuve, porte-parole du Comité d’action citoyenne: projet Northvolt (CAC). Ils ont déboisé massivement ce qui entraîne du ruissellement.»

Le 3 mai dernier, le CAC et la Société pour vaincre la pollution (SVP) ont récolté des prélèvements après un épisode de pluie sur deux sites d’écoulement tout près du terrain de Northvolt, qui est l’ancien site de l’usine d’explosifs Canadian Industries Limited.

Les résultats détaillés seront présentés à la fin de l’été, mais l’organisme nous confirme que l’un des sites présentait une contamination importante aux hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), des contaminants cancérigènes.

«Cette contamination va vers Belœil», précise Mme Villeneuve. Le comité a donc averti la mairesse Nadine Viau le 14 juillet, afin de la «conscientiser» au risque éventuel pour les baigneurs.

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«Les enfants sont plus à risque s’ils boivent de cette eau au moment où des bulles de contaminants sont transportées par le courant lors de grandes pluies», lit-on dans le courriel dont nous avons obtenu copie.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Alexandre Dubé, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Des analyses de laboratoire près du site de Northvolt, à la demande de la SVP, avaient déjà permis de constater une contamination en septembre dernier.

Northvolt avait nié tout enjeu de fuites de contaminants vers la rivière. Or, en mai dernier, Le Devoir a révélé que 18 dépassements des normes environnementales avaient eu lieu en 2024, pour des métaux et des HAP notamment, et que l’entreprise suédoise avait reçu deux avis de non-conformité.

Depuis, un bassin de rétention a été construit, a constaté Daniel Green, coprésident de la SVP. Ainsi, les nouvelles analyses de mai démontrent que la contamination est maintenant moins importante près du lieu où le bassin de rétention a été installé.

La contamination la plus importante, ce printemps, est cette fois située dans une zone plus loin des travaux de Northvolt et serait un héritage de la CIL.

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«L’inquiétude est maintenant la gestion des bassins lors de fortes pluies, car il ne semble plus y avoir personne sur le site [depuis l’arrêt des travaux de construction de l’usine Northvolt]», ajoute-t-il.

Belœil préoccupée

En entrevue hier, la mairesse de Belœil a reconnu qu’il n’y avait pas eu d’analyse dans l’eau de la piscine pour identifier les contaminants possibles en lien avec le site de Northvolt. À l’heure actuelle, seuls les coliformes fécaux sont mesurés.

Elle s’est dite «très préoccupée» par le contenu de la lettre du 14 juillet.

«À partir de ce moment-là on a entamé les démarches avec les scientifiques pour être capables d’ajuster nos protocoles, assure-t-elle. [...] Il va nous falloir un inventaire clair [de tous les contaminants dans l’eau].»

Quant à savoir pourquoi cette démarche n’a pas été réalisée avant d’ouvrir la piscine l’été dernier, la mairesse explique s’être associée à des partenaires, dont la Fondation Rivières.

«On avait toutes les réponses en main pour dire que notre eau était qualité baignade, insiste-t-elle. Évidemment, on va avec les données qu’on a. [...] On ne veut pas mettre nos citoyens en danger», assure l’élue, qui promet que des ajustements seront faits.

Depuis le mois de juin, la piscine a dû être fermée 11 jours en raison des pluies abondantes et de la présence de coliformes fécaux. C’est également lors de ces épisodes que la présence de contaminants industriels pourrait être plus importante.

Auelques jours après la publication de notre article, Northvolt a pu répondre aux questions du Journal. L'entreprise assure le bassin de rétention est vidé ponctuellement. «Avant tout rejet, l’eau est traitée par notre système de traitement avant d'être rejeté à l'environnement», explique Johanna Toupin. Elle ajoute que l'équipe Northvolt Amérique du Nord n'a pas reçu les analyses réalisées par le Comité d'action citoyenne.

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