«Je regrette d’avoir attendu, mais il n’est jamais trop tard»: délaisser le grand Montréal pour la Gaspésie


Félix Desjardins
De nombreux Québécois habitant dans le grand Montréal ont délaissé le smog pour l'air salin dans les dernières années.
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Voici trois témoignages de personnes ayant vendu leur maison citadine et acheté une propriété en Gaspésie.
«J’ai eu un coup de foudre total pour la région»: elle quitte la Rive-Sud après sa première visite en Gaspésie

«Après huit heures de route, on a décidé d’appeler un agent d’immeuble»: une charpentière-menuisière ayant passé sa vie sur la Rive-Sud de Montréal a été conquise par la Gaspésie à sa première visite.
Marie-Amélie Tanguay n’avait jamais mis les pieds dans la péninsule gaspésienne lorsqu’elle a rendu visite à un membre de sa famille qui y résidait, en 2022. Ces vacances auront eu un effet transformateur sur sa vie et celle de son conjoint.
«On s’est dit: on pourrait déménager dans deux ans, peut-être..., se souvient-elle. Arrivés à la maison, on a décidé de mettre notre maison en vente. Trois jours plus tard, on avait 17 offres d’achat.»
En pleine période de surenchère, leur maison à Saint-Amable, acquise pour 194 000$ six ans plus tôt, a été vendue pour 427 000$, rien de moins.
«Je suis tombée de ma chaise, ajoute-t-elle. Un mois et demi plus tard, on a emménagé dans notre nouvelle maison en Gaspésie.»

Pour cette charmante demeure, située à Mont-Louis, en Haute-Gaspésie, le couple a dû débourser 194 000$, soit exactement le même montant qu'il avait payé jadis pour sa maison montérégienne.

Et dorénavant, le couple peut jouir d’un terrain de près de 28 000 pieds carrés, soit quatre fois plus que celui de leur maison précédente.
«La qualité de l’air, l’absence de stress... on va même mieux d’un point de vue santé, dit-elle. Les bobos sortent moins et on est moins souvent malades. Juste de sortir de chez nous et de regarder les montagnes, ça fait tellement de bien au moral. On est merveilleusement bien.»
Elle quitte la ville pour la région... mais revient 10 ans plus tard

Après avoir précipité sa retraite pour s’installer en Gaspésie, une Québécoise est revenue en ville après une décennie, notamment en raison du manque de services de santé.
Diane D’Astous a vécu les 56 premières années de sa vie à Montréal. Caressant le rêve de déménager en Gaspésie avec son conjoint, elle avait déjà acheté un terrain à Matane-sur-Mer pour 25 000$. En 2013, le couple vend son loft sur le bord du canal Lachine pour 750 000$ et se lance dans l'autoconstruction d'une maison «hyper moderne, à l’abri de toutes les intempéries de bord de mer».
Cet investissement d’environ 250 000 $ offrira à Mme D’Astous une décennie de bonheur.

«On a fait le plein des plus beaux couchers de soleil au monde, lance-t-elle. On vivait au gré des marées. J’avais le goût de liberté, de nature, et de retrouver le fait français.»
Grands voyageurs, la femme de 66 ans et son conjoint fuyaient tout de même l’hiver gaspésien chaque année pour arpenter le globe... jusqu’à ce qu’une certaine pandémie vienne contrecarrer leurs plans.
Le climat, le manque d’activités culturelles et de diversité culinaire, ainsi que l’inaccessibilité des services de santé ont commencé à peser lourd pour le couple, qui a déménagé à Québec en 2023.
«Je fais de l’hypertension artérielle et je n’ai jamais réussi à avoir accès à un médecin de famille, se désole-t-elle. Je devais aller à l’hôpital pour faire renouveler mes prescriptions.»
Gardant de précieux souvenirs de son épopée gaspésienne, elle estime aujourd’hui avoir trouvé le parfait hybride entre la ville et la campagne.
«Tu peux sortir de Québec et accéder aux grandes natures en 30 minutes, mais tu peux aussi aller manger du japonais ou du coréen si ça te tente», explique-t-elle.
«Je regrette d’avoir attendu, mais il n’est jamais trop tard»: une éducatrice montréalaise file le parfait bonheur depuis qu’elle habite en région éloignée

Une éducatrice montréalaise a été accueillie à bras ouvert par un village gaspésien en grand manque de main-d'œuvre.
«J’ai tout quitté et j’ai perdu mon ancienneté et mes vacances... mais ce n’est pas grave. Je suis bien ici»: Linda Lambert a fait le grand saut, cet été, après avoir passé toute sa vie dans la métropole québécoise.
Désabusée par ses déplacements quotidiens dans le métro montréalais, par le bruit et le trafic, elle a décidé de changer de vie et de retourner sur la terre natale de son père, un Gaspésien.
Grâce au site web Vivre en Gaspésie et à quelques groupes Facebook, elle a trouvé toute l’information nécessaire pour se préparer à acheter une maison en bordure d’un lac artificiel à Chandler, pour la modique somme de 140 000$.
«C’est une maison centenaire d’un étage et demi qui a eu besoin de beaucoup d’amour, décrit-elle. Je suis tellement bien ici.»
Mme Lambert n’a pas peiné à se trouver du boulot; les éducatrices qualifiées ne courent pas les rues dans ce coin de pays.
«Ils m’ont pris avec grande joie, raconte-t-elle. Il y a un grand manque de personnel. Mes collègues sont super sympathiques. Le rythme de vie est différent ici.»
«Je regrette d’avoir attendu, mais il n’est jamais trop tard.»