De l’eau jaunâtre depuis neuf ans pour des citoyens de Trois-Rivières
Amélie Simard-Blouin
Approvisionnés en eau jaunâtre dans leur maison depuis maintenant neuf ans, des résidents de Trois-Rivières ont dénoncé la situation des dizaines de fois, si bien que la Ville a mis en place une solution temporaire qui soulève toutefois plusieurs questions environnementales.
La situation est si grave que les citoyens évitent de prendre des bains ou de boire de l’eau à même le robinet.
En récoltant des preuves pendant les neuf dernières années, Julie durant a étalé sa galerie de photo de la couleur de l’eau de son bain et de sa toilette au fil des années.
Depuis 2014, l'eau de sa maison a une teinte jaunâtre, parfois prononcée et d'autres fois moins, mais jamais limpide.
C'est la même chose pour ses voisins de la rue des Ormes, à Trois-Rivières.

«À partir de 2020, le problème est devenu comme en permanence, comme s'il y avait un pipi hydraté dans l'eau non-stop», a indiqué Mme Durand.
Les vêtements blancs changent de couleur, la toilette est rouillée et un voisin préfère mettre des bombes de bain colorées dans l'eau du bain pour laver les enfants et masquer la couleur.
En neuf ans, Mme Durand a dépensé plus de 7000$ en cruches d'eau et 5000$ pour refaire son entrée d'eau parce qu'on lui avait suggéré que le problème pouvait venir d'elle.
Elle a prouvé plutôt le contraire, mais rien n'a changé. De nombreux tests de qualité de l'eau ont été faits par la Ville. Le résultat est toujours le même: l'eau est potable, mais Mme Durand refuse de la consommer en raison de sa couleur inquiétante.

«C'est inhumain», a-t-elle dénoncé.«Ce qui m'inquiète là-dedans, c'est la coloration jaune. Elle vient d'où? Qu’est-ce qu'il y a là-dedans?», s’est questionnée une de ses voisines, Doris Gagnon.
La solution de la Ville, c'est de laisser couler l'eau en permanence de la borne-fontaine à proximité.
Un tuyau attaché à la borne permet de déverser l'eau potable dans une bouche d'égout à quelques mètres.
Cette alternative pour régler le problème est en place depuis le 30 mars dernier, selon Mme Durand.
Auparavant, la Ville faisait une purge d'eau une fois par semaine, ce qui réglait en partie le problème de coloration, mais pour quelques heures seulement.

Depuis le 30 mars, l'eau des résidents de la rue des Ormes n'a jamais été aussi claire qu'en 2014.
En attendant qu'un dispositif pour des purges automatiques soit installé, ce sont des centaines, voire des milliers de litres d'eau qui sont gaspillés chaque jour, ce qui rend mal à l'aise les gens du secteur.
«Écologiquement, je trouve que ça n'a pas de sens», a rétorqué Julie Durand. La purge en continu est la seule option à court terme a répondu la Ville.
D'autres scénarios sont évalués par les experts pour corriger la situation à long terme, selon les capacités financières de la Ville.