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L'article provient de TVA Sports
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De la nage dans une eau à 15 degrés, un marathon qui culmine dans une averse de grêle au sommet de la montagne: l’un des meilleurs coureurs de triathlons extrêmes est Québécois

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Photo portrait de Jessica Lapinski

Jessica Lapinski

2025-07-07T04:00:00Z
2025-07-07T11:21:33Z
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À l’arrivée du triathlon, il grêlait. Avant, éclairs, tonnerre et pluie s’étaient succédé. Rien de rassurant pour n’importe quel coureur, qui aurait sans doute voulu lever le pied en sentant déferler les puissantes rafales, mais Samuel Côté, lui, s’est laissé tomber sur le tapis blanc et rugueux, puis l’a embrassé. Le Québécois venait de devenir le champion du Swissman, l’une des épreuves les plus dures au monde.

Car en fait, Côté n’est pas n’importe quel coureur. À 26 ans, la passion du jeune homme de Chambly, ce sont les triathlons extrêmes. En Suisse, il a parcouru 3,8km à la nage et 180km à vélo, puis il a enchaîné avec 42km à la course – c’est-à-dire un marathon –, le tout dans les Alpes.

Ce 21 juin, l’arrivée se faisait à 2061m du niveau de la mer et dans la montagne, pendant l’étape cycliste, il a franchi un sommet de plus de 2400m.

Photo fournie par Samuel Côté
Photo fournie par Samuel Côté
Pas d’écouteurs ni de temps pour s’enthousiasmer

Deux semaines plus tard, Côté ne trouvait toujours pas les mots pour décrire ce qu’il a ressenti à l’arrivée, où il a dépassé son plus proche poursuivant par 20 minutes, dans cette course qui s’est gagnée en 11 heures et qui plonge l’athlète au plus profond de lui-même.

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Pas le droit de musique ni de balado dans les oreilles: les triathlons extrêmes, c’est une communion entre le coureur et son corps, entre son corps et ce parcours dont il n’a pas le temps d’apprécier la beauté, trop concentré à gérer son énergie.

Photo fournie par Samuel Côté
Photo fournie par Samuel Côté

Mais pour Samuel Côté, c’était surtout la réalisation d’un rêve qui grandissait en lui depuis un long moment déjà.

«On est perdu dans les montagnes, on ne sait pas trop on est où, on n’a pas trop de réception. C’était une arrivée hollywoodienne! Les drapeaux s’envolaient et c’était des membres de ma famille qui tenaient la tente de l’organisation», a-t-il raconté au Journal cette semaine, encore fébrile de cette grande victoire.

Le plus extrême des triathlons extrêmes

Le Swissman était une étape majeure dans la vie du triathlète, qui s’apprête à courir le Norseman, en Norvège, le 2 août. L’épreuve sera encore plus grande: c’est le triathlon extrême le plus dur au monde, avec ses 3000m de dénivelé à vélo et en raison de la qualité de ses participants.

Samuel Côté sait qu’il n’est pas le favori, mais il s’y rendra avec un objectif: gagner.

Photo fournie par Samuel Côté
Photo fournie par Samuel Côté

C’est que ces triathlons constituent désormais une énorme partie de sa vie. Il vit de longs mois par année sur la Côte d’Azur, afin de pouvoir poursuivre son entraînement même quand il neige au Québec. Et c’est sérieux, l’entraînement, pour ce type d’athlète.

Chaque semaine, il s’entraîne entre 25 et 30 heures. Son alimentation est aussi pensée pour gérer la dépense énergétique liée à un tel rythme de vie. «Quand je mange des spaghettis, mon bol, c’est un saladier», illustre-t-il par exemple.

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De l’humiliation à la consécration

Joueur de hockey, de tennis, mais surtout de soccer pendant son enfance et son adolescence, Samuel Côté est tombé dans la marmite du triathlon, mais aussi dans celle du dépassement de soi, quand il avait 16 ans.

Dès lors, «il y a quelque chose qui a cliqué en moi», évoque le sympathique athlète, qui a alors abandonné toutes les autres disciplines pour s’y adonner complètement.

Pourtant, ses premiers entraînements n’avaient pas été doux pour son orgueil. Sa maman nageait beaucoup et Côté a décidé de l’accompagner. «Ç’a été l’expérience la plus humiliante du monde! Ma mère me dépassait constamment et moi, je n’arrivais pas à faire plus de deux longueurs sans me cracher les poumons!» se remémore-t-il en riant.

Mais de toute évidence, Samuel Côté a progressé. Contre vents et marées, et pas seulement ceux qu’il a connus durant le Swissman.

Du triathlon, Côté est passé à des distances plus longues, qui lui conviennent mieux, ainsi qu’à des conditions plus ardues. Il s’est adonné au Ironman, mais ses espoirs de devenir champion du monde amateur chez les moins de 24 ans ont été anéantis par une fracture au pied.

Cette victoire potentielle, il la voyait comme un tremplin pour obtenir sa carte professionnelle, pour obtenir l’appui de commanditaires.

«Ç’a été une grosse déception, reconnaît l’ancien étudiant en médecine. J’étais dans la meilleure forme de ma vie. À voir ce que les autres de mon groupe d’âge avaient fait ailleurs dans le monde, il n’y avait personne qui était intouchable.»

Au point de bien en vivre

Mais Côté s’est relevé de brillante façon. Un an plus tard, en octobre 2024, il remportait le Canadaman, à Lac-Mégantic, un autre triathlon extrême, dans des conditions folles là aussi.

«L’eau était à 15 degrés, pointe-t-il. Quand on est sorti, il faisait quatre degrés dehors!»

Le parcours vers cette victoire, Samuel Côté l’a relaté dans un documentaire que vous pouvez voir ici:

Sa victoire au Canadaman lui a ouvert les portes du Norseman. Et une victoire au Norseman pourrait lui ouvrir la porte à beaucoup plus. 

Parce que les triathlons extrêmes, Samuel Côté aime ça au point de vouloir en faire sa carrière et de bien en vivre, comme c’est le cas de plus en plus d’athlètes de sa trempe. 

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