Loop Industries: de graves allégations de fraude secouent une PME québécoise
Le gendarme boursier américain poursuit un ex-actionnaire

Sylvain Larocque
Loop Industries, une entreprise de Terrebonne dans laquelle a investi Québec, se retrouve au cœur d’un scandale abracadabrant dont aurait bénéficié son PDG, Daniel Solomita.
Un important actionnaire de Loop aurait escroqué un riche aîné en cachant sa réelle identité. C’est ce qu’allègue la Securities and Exchange Commission (SEC) dans une poursuite déposée vendredi en Californie.
Grand patron de Loop Industries
En 2015, Loop Industries a fusionné avec First American Group, une entreprise du Nevada. Cette transaction a permis à Loop de faire son entrée sur la Bourse américaine OTC Markets.
Ce qui n’a pas été dit à l’époque, c’est que l’actionnaire de contrôle de First American était le Canadien David Stephens. Un tel silence allait à l’encontre des règles boursières encadrant les initiés.
Selon la SEC, Stephens a par la suite vendu un grand nombre d’actions de Loop, ce qui lui a permis d’empocher un profit de 4,7 millions $ US (6,4 millions $ CA). S’il avait déclaré sa participation importante dans l’entreprise, comme il devait le faire, ces transactions auraient été rendues publiques, ce qui aurait vraisemblablement fait chuter le cours de l’action de Loop.
Aîné floué
Le principal acheteur des titres était un riche aîné que la SEC ne nomme pas. De 2015 à 2018, il a investi plus de 7 millions $ US (9,6 millions $ CA) dans l’entreprise. Ses achats d’actions ont fait grimper le titre de Loop à plusieurs reprises, accentuant les gains de Stephens.
Ce sont deux conseillers financiers non inscrits, Donald Danks et Jonathan Destler, qui ont présenté Stephens à M. Solomita en 2014, affirme la SEC.
D’après l’organisme de réglementation, Danks aurait versé une partie des profits obtenus de la fraude – environ 400 000 $ US (545 000 $ CA) – à Daniel Solomita.
Le PDG se défend
« On n’a rien fait de mal, on n’est pas accusés de rien », a réagi ce dernier, hier, au Journal.
« On n’avait vraiment aucune idée d’où venaient les fonds [de First American Group], a-t-il ajouté. [...] C’est vraiment malheureux que notre nom soit sorti là-dedans. »
L’homme d’affaires, qui a fondé Loop Industries en 2014, soutient que l’entreprise québécoise a mis au point « la meilleure technologie au monde » pour recycler le plastique PET, qu’on trouve notamment dans les bouteilles de boissons.
Rappelons qu’en 2019, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a accordé une aide financière de 4,6 millions de dollars à Loop.
En 2020, une firme américaine de vente à découvert, Hindenburg Research, a publié un rapport accablant qui remettait en question la viabilité de la technologie de Loop Industries.
Cela n’a pas empêché des géants industriels comme le français Suez et le sud-coréen SK de conclure des partenariats avec Loop par la suite.
Le titre boursier de Loop Industries a plongé de 10,2 % pour clôturer à 3,89 $ US, hier, au Nasdaq.
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