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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

De beaux espoirs pour le tourisme à Cuba IV

Photo Jacques Lanctôt
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Photo portrait de Jacques Lanctôt

Jacques Lanctôt

2025-05-24T04:00:00Z
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Trinidad

La route pour arriver à cette cité coloniale, déclarée patrimoine mondial de l’UNESCO en 1988, est des plus pittoresque. D’un côté, la chaîne montagneuse de l’Escambray, de l’autre, la mer des Caraïbes. À certains moments de l’année, on peut assister à une imposante migration de crabes. Ils sortent de la mer par milliers et finiront, bien souvent, écrasés sous les roues des véhicules en tentant de traverser la chaussée.

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Ce qui frappe le visiteur, en entrant dans Trinidad, c’est l’impression d’arriver dans une ville où le temps s’est arrêté quelque part au XIXe siècle. Les couleurs vives des maisons, où dominent le jaune et le bleu, mais aussi le rose et le vert, les toits des maisons en briques arrondies de couleur ocre, les immenses portes en bois des maisons où pouvait passer, jadis, une charrette tirée par un cheval, le pavé des rues en macadam, etc. On raconte qu’une bonne partie des pierres qui ont servi à paver les rues viennent d’Espagne. Elles servaient à donner du poids (lège) aux navires se rendant à Cuba pour y charger le sucre, entre autres. Une fois sur place, on les déchargeait de leurs pierres et on remplissait les cales du précieux sucre.

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Trinidad est réputée pour son marché de tissus, coton et lin, et ses broderies, un art transmis de mère en fille. On y mange, selon moi, les meilleures langoustes provenant de la mer des Caraïbes, les meilleurs ananas, des bananes rouges extrêmement sucrées, du miel pur et son rayon (cire), dont on dit qu’il est bénéfique pour la peau et la digestion, et plein d’autres fruits frais (c’est le temps des mangues et des prunes en ce moment). Il faut parcourir cette ville-musée lentement, rue après rue, maison après maison, pour y découvrir tous ses charmes et ses innombrables légendes. Vous en garderez un souvenir impérissable. Tout comme à Viñales, presque toutes les maisons offrent le gîte aux visiteurs. Pour les restaurants, vous aurez l’embarras du choix.

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Il ne faut pas oublier de visiter le Musée romantique, situé au cœur de la ville. Avec ses quatorze pièces, sur deux étages, on peut y admirer des œuvres de collection: vases, meubles anciens, porcelaine et autres objets rares et précieux. Et faire un saut à l’observatoire de la vallée de Los Ingenios. Le point de vue est époustouflant. Il y avait auparavant dans cette vallée plus d’une cinquantaine de centrales sucrières ou ingenios en service. Il y travaillait plus de 11 000 esclaves à la coupe de la canne à sucre et c’est pour les surveiller qu’on avait construit cette tour de 45 mètres de hauteur, appelée «Manaca», qu’on peut visiter aujourd’hui en grimpant ses sept étages. Sur place, vous pourrez vous rafraîchir avec un délicieux mojito ou autres boissons avec ou sans alcool, tout en admirant le paysage et en vous replongeant dans l’histoire ancienne.

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Car voyager à Cuba, en dehors des hôtels tout compris, c’est aussi s’instruire et découvrir notre propre histoire à travers celle des Cubains. Les points de repère sont nombreux, en commençant par la présence de Pierre Le Moyne d’Iberville à La Havane, où il est mort empoisonné, en juillet 1706, un peu avant d’entreprendre, avec l’aide des militaires espagnols, de chasser les Anglais installés le long de la côte Atlantique. Une expédition que craignait au plus haut point l’ennemi britannique, car d’Iberville avait acquis une solide réputation de féroce combattant. Sa mort par empoisonnement serait-elle un assassinat, comme tout le laisse croire? Quoi qu’il en soit, un monument à sa mémoire a été érigé sur le malecon havanais, gracieuseté du maire de la Ville de Québec Jean-Paul L’Allier.

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En 1762, les mêmes «habits rouges», c’est-à-dire la soldatesque anglaise, s’emparaient de La Havane, deux ans après s’être emparés de la ville de Québec. Ils y resteront moins d’un an, l’Angleterre acceptant de restituer Cuba à l’Espagne en échange d’une partie de la Floride. Tandis qu’au Québec, nos «quelques arpents de neige» ne faisaient pas le poids, semblait-il... Plus tard, dans les années 1950, un certain Lucien Rivard, un «p’tit gars bien de chez nous», visitait La Havane pour y brasser des affaires avec la mafia étatsunienne et italienne. Et aujourd’hui, des milliers de Québécois visitent la plus grande île des Antilles, année après année, en quête de chaleur et de repos, certains en ayant fait leur second chez-soi. (À suivre.)

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