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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Patinage de vitesse longue piste: l’apologie de la souffrance

Graeme Fish et Ted-Jan Bloemen terminent 6e et 8e au 10 000 mètres

Les patineurs canadiens Ted-Jan Bloemen et Graeme Fish ont souffert à l’épreuve du 10 000 m.
Les patineurs canadiens Ted-Jan Bloemen et Graeme Fish ont souffert à l’épreuve du 10 000 m. Photo AFP
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Photo portrait de François-David Rouleau

François-David Rouleau

2022-02-11T13:11:45Z
2022-02-12T03:52:06Z
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PÉKIN | « Si un joueur de hockey n’est pas assez rapide pour percer la formation d’une équipe de hockey, il peut toujours espérer une carrière en patinage de vitesse sur longue piste. »

C’est le message d’espoir qu’a lancé l’entraîneur de l’équipe nationale, Bart Schouten, vendredi à la conclusion de l’épreuve de 10 000 mètres chez les hommes, lorsqu’interpellé sur les qualités d’un patineur qui doit aimer souffrir le martyre. Il souhaite faire la promotion de sa discipline. 

Oui, 10 000. Un dix suivi de trois zéros, en patins durant 12 min 30 s, au mieux. À condition de se nommer Nils van der Poel, de patiner comme le vent et d’établir un nouveau record du monde. 

Il faut être plus que motivé pour franchir cette distance. Ils étaient 12 athlètes à souffrir sur l’Anneau national, vendredi en fin de journée.  

Photo AFP
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Des deux Canadiens en lice, Graeme Fish a livré la meilleure des performances en terminant au sixième rang, à 28,06 s de Poels. Le Suédois a ravi la couronne olympique à l’autre Canadien, Ted-Jan Bloemen, qui a pris la huitième place. 

Avec énorme panache, le champion a éclipsé son record du monde établi il y a un an aux Pays-Bas et la marque olympique de Bloemen datant de 2018 à Pyeongchang. 

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Une performance parfaite qui repousse les limites de la discipline, a admis Fish, qui ne pense pas un jour parvenir à ce degré de perfection. 

« Il est sur une autre planète tant il est incroyable. »

Tout donner

Après la course et la deuxième médaille d’or de son aventure en Chine, le Suédois semblait frais comme une rose, discutant avec les journalistes européens à ses pieds. Le charisme en personne. 

Fish et Bloemen, eux, étaient lessivés et pâles dans leur point de presse. Le premier avait quitté la glace avec un seau dans les mains après avoir été malade en bordure de piste. 

« Si je ne vomis pas, ça signifie que je n’ai pas tout donné. Dans cette course, j’ai tout donné. Je suis content. »

Content d’avoir été malade ou d’avoir tout donné, lui ai-je demandé. 

Photo AFP
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Il a souri et il a répondu : « les deux ». Il a ensuite expliqué qu’il n’aurait pu faire mieux, deux mois à peine après avoir été ralenti par la COVID-19. La maladie l’a mis sur les lignes de côté durant un mois. 

C’est ensuite une mission difficile d’effectuer un retour et de se préparer pleinement aux Olympiques en affrontant un van der Poels au sommet de son art. 

Il a souffert, mais il a aimé sa prestation. 

Jusqu’à quel point la douleur est-elle intense sur 10 000 m, lui ai-je demandé, curieux. Il a baissé la tête et une fois de plus, il a souri. 

« Le corps perd ses sens et ses fonctions, a-t-il répondu tout bonnement. Je ne sais pas pourquoi, mais j’aime ça. Je viens tout juste de finir et j’ai déjà hâte à la prochaine compétition dans un mois. 

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« J’aime la douleur et j’adore patiner. Plus c’est long, mieux c’est. »

Cadence primordiale

Pour glisser rapidement sur la glace sur une telle distance, le patineur doit savoir doser l’énergie afin de se rendre à la ligne d’arrivée. Avec une bonne technique, la cadence et la fluidité des mouvements ressemblent à un métronome. Une petite erreur et la machine est déréglée. 

« On n’a pas idée à quel point c’est intense et douloureux, a plaidé Schouten. Ce sont les athlètes les plus endurants qui parviennent à y arriver. Et très souvent, ils ne pensent même pas être en mesure de terminer. C’est ce qu’a fait Ted-Jan dans cette course. Il m’a fait signe qu’il n’était plus capable et qu’il oubliait le podium.

« Pensez-y bien, après 5000 m, ils veulent en finir immédiatement, mais ils ne sont qu’à mi-chemin de la course. Ils doivent encore franchir 5000 m. » 

Donc, les lents joueurs de hockey, l’invitation de Schouten vous intéresse ? Il vous attend, si vous êtes prêts à endurer la souffrance. 

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