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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

Le nouveau roman de Mireille Gagné: recherches scientifiques et insectes malveillants

L'écrivaine Mireille Gagné, photographiée dans le laboratoire du Morrin Center à Québec.
L'écrivaine Mireille Gagné, photographiée dans le laboratoire du Morrin Center à Québec. Stevens LeBlanc/JOURNAL DE QUEBEC
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2024-01-27T08:30:00Z
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Écrivaine imaginative, proche de la nature et intéressée tant par l’Histoire que par l’équilibre écologique, Mireille Gagné a trouvé une manière fascinante de relier la fabrication d’anthrax à Grosse-Île en 1942, les insectes piqueurs qui envahissent les berges du Saint-Laurent en été et une bizarre épidémie de rage dans le coin de Montmagny dans son nouveau roman, Frappabord. Son livre, écologique, intrigant, subtil et tumultueux à souhait rappelle à quel point l’humain peut être destructeur quand il fait des recherches scientifiques. 

Le nouveau roman de Mireille Gagné a été publié aux éditions La Peuplade.
Le nouveau roman de Mireille Gagné a été publié aux éditions La Peuplade. © Éditions La Peuplade

En 1942, sur Grosse-Île, à quelques encablures de Montmagny, les gouvernements américain, britannique et canadien mettaient en place un projet top secret, en plein milieu du Saint-Laurent. 

Des dizaines de scientifiques travaillaient dans un laboratoire secret pour mettre au point une arme bactériologique nouvelle. Ils fabriquaient de l’anthrax.

Mireille Gagné a imaginé que bien des décennies plus tard, lors d’une canicule, des gens de Montmagny et des alentours étaient frappés d’une épidémie de rage. 

Entre l’épidémie et les recherches scientifiques des années 1940 bourdonnent des nuées de frappabords, ces grosses mouches piquantes empoisonnent les sorties de plein air.

Des hasards

En entrevue, Mireille Gagné révèle que de curieux hasards ont donné naissance à ce roman à lire absolument. «Quand j’ai voulu écrire le livre, je me concentrais sur la Grosse-Île. J’allais faire mon enquête là», dit-elle. 

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«J’étais dehors. Je loue souvent les tipis à côté du bateau. Et j’ai été attaquée de toutes parts. On était au mois de juin et il y avait au moins quinze frappabords qui me tournaient autour.»

Elle s’est réfugiée à l’intérieur et a écrit le premier chapitre du roman, qui décrit l’attaque machiavélique d’un frappabord sur un humain.

La Grosse-Île

Maintenant, il lui fallait relier ce chapitre à la Grosse-Île... «En faisant mes recherches, je suis tombée sur des informations au sujet des laboratoires. Quand ils faisaient l’anthrax, entre 1942 et 1944, un des premiers problèmes, c’était les mouches qui se promenaient dans les laboratoires», ajoute-t-elle.

«Les chercheurs ne savaient pas si les mouches s’étaient posées sur les plateaux d’anthrax, si elles transportaient de l’anthrax, si elles allaient contaminer un chercheur ou quelqu’un d’autre. C’était un des enjeux.»

Mireille Gagné était stupéfaite. «Je me disais: comment est-ce possible que me soient livrées sur un plateau d’argent deux histoires totalement séparées, qui ont un lien conjoint? C’est comme ça que j’ai commencé à traiter Frappabord: avec une coïncidence étonnante! C’est souvent comme ça quand j’écris. Je me disais: ben voyons, c’était déjà attaché, ces deux histoires-là!»

La native de L’Isle-aux-Grues connaît bien ces insectes piqueurs particulièrement achalants. «Dans mon enfance, les frappabords étaient vraiment présents. Quand on allait ramasser des petites fraises, je me rappelle qu’on s’habillait en conséquence et on mettait du «tape» collant sur nos manches pour être sûr qu’il n’y ait pas de maringouins et d’insectes qui entrent. On mettait des bottes hautes et nos bas par-dessus nos pantalons. Plus tard, on a eu des filets pour protéger notre visage.»

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Changer sa perception

En apprenant à découvrir davantage les insectes, leurs moyens de communication et leurs stratégies pour se nourrir et se reproduire, sa perception a changé du tout au tout.

«Les insectes sont importants pour l’équilibre de la nature. Je reconnais plus leur apport et leur bon côté. Je pense que j’ai maintenant de l’amour pour les frappabords! Et je me rappelle que très jeune, j’ai toujours eu cette pensée que les frappabords étaient plus intelligents que tous les autres insectes! Dans le livre, j’ai créé ce frappabord supra-intelligent. Je me suis bien amusée!»

Frappabord

Mireille Gagné

Éditions La Peuplade

216 pages

En librairie le 17 janvier.

  • Mireille Gagné est née à L’Isle-aux-Grues et vit à Québec.
  • Depuis 2010, elle a publié des livres de poésie et de nouvelles.
  • On lui doit aussi les romans Le lièvre d’Amérique (2020) et Bois de fer (2022).
«Vous êtes partout. Vous ne pensez qu’à vous. Votre odeur chimique trop puissante se répand avec la pollution que vous générez. Vous défigurez tout sur votre passage. Vous ne prenez pas la peine d’effacer votre trace. Au contraire, c’est votre unique manière de vous exprimer. Depuis combien de temps êtes-vous incapable d’anticiper l’évolution de votre environnement?»
- Mireille Gagné, Frappabord, Éditions La Peuplade

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