Dans quoi investir si vos moyens sont limités?

Emmanuelle Gril
Avec la hausse du coût de la vie, pas facile de trouver l’argent nécessaire pour épargner. Voici dans quoi vous devriez investir en priorité si vos moyens financiers sont limités.
REER, CELI, CELIAPP, REEE? Dans quoi placer son épargne quand les finances sont limitées et le budget serré? «Autant que possible, tout le monde devrait épargner, mais les priorités dépendent beaucoup du cycle de vie où on est rendu», explique Simon Houle, planificateur financier pour le Groupe Onyx affilié IA Gestion privée de patrimoine et secrétaire-trésorier de l’organisme ÉducÉpargne. Il a établi trois scénarios et quelques règles à suivre en fonction des différents profils.
Jeune adulte
Si vous êtes un jeune adulte qui démarre dans la vie et que vos capacités d’épargne sont réduites, vous devriez privilégier l’ouverture d’un CELIAPP.
«Les cotisations maximales sont de 8000$ par an pour un maximum à vie de 40 000$», indique Simon Houle. De plus, contrairement à un REER ou un CELI, les droits de cotisations ne commencent à s’accumuler qu’à l’ouverture du compte.
Vous ferez aussi d’une pierre deux coups: le CELIAPP permet de faire fructifier son épargne à l’abri de l’impôt et les cotisations génèrent des déductions fiscales. Vous disposerez ensuite de 15 ans pour utiliser le CELIAPP afin d’acheter une première propriété.
Vous devez repousser votre projet immobilier au-delà de ce délai? Dans ce cas, transférez les montants du CELIAPP dans votre REER. Il n’y aura pas d’impact fiscal et cela n’affectera pas non plus vos droits de cotisation REER.
Lorsque vous aurez optimisé le CELIAPP, investissez alors dans votre CELI.
Si vos revenus ont augmenté, cotiser au REER s’avérera profitable et générera aussi des déductions d’impôt. Vous pourriez aussi reporter la déduction à une année ultérieure si vous anticipez que cela sera plus avantageux.
Bon à savoir: pour acheter une première propriété, on peut avoir recours à la fois au CELIAPP (maximum de 40 000$ plus les rendements) et au Régime d’accession à la propriété (RAP) grâce auquel on peut retirer au maximum 60 000$ de ses REER, et ce, sans impact fiscal. Dans le meilleur des cas, vous aurez donc plus de 100 000$ à investir dans l’acquisition de votre propriété.
Couple de salariés ou de travailleurs autonomes
Un couple de salariés qui n’a pas de fonds de pension de l’employeur aura tout intérêt à prioriser le REER. Il en va de même pour un couple de travailleurs autonomes. Dans les deux cas, ils devront constituer un pécule pour leur retraite, puisque lorsqu’ils quitteront le marché du travail, ils ne pourront compter que sur les rentes du gouvernement (Pension de la sécurité de la vieillesse et RRQ).
Le REER leur permettra non seulement de se tricoter un bas de laine, mais aussi d’obtenir des déductions d’impôt et donc de réduire leur facture fiscale.
«Lorsque leurs finances le leur permettront, ils devraient aussi cotiser à leur CELI. L’épargne y fructifie à l’abri de l’impôt et on met de l’argent de côté pour un projet à court terme ou pour faire face aux imprévus», mentionne Simon Houle.
Rappelons que le plafond du CELI atteindra 7000$ l’an prochain et que les droits de cotisation maximums disponibles dans ce régime seront de 102 000$ en 2025.
Couple avec de jeunes enfants
Si sa capacité d’épargne est limitée, un couple avec ou sans fonds de pension de l’employeur et qui a de jeunes enfants devrait cotiser en priorité à un REEE, un régime qui servira à financer les études postsecondaires de leur progéniture. «Le plafond est de 2500$ par an et par enfant, ce qui permet d’aller chercher le maximum des subventions gouvernementales», précise Simon Houle.
Dès l’ouverture d’un REEE, la Subvention canadienne pour l’épargne-études (SCEE) est versée dans le régime, soit 20% des premiers 2500$ cotisés, pour un maximum de 500$ par an et jusqu’à concurrence de 7200$ par bénéficiaire. Quant à l’Incitatif québécois à l’épargne-études (IQEE), il représente 10% des premiers 2500$ cotisés, pour un maximum de 250$ par an et jusqu’à concurrence de 3600$ par enfant.
De plus, lorsque la famille est considérée comme étant à faible revenu, un Bon d’études canadien (BEC) de 500$ sera aussi déposé la première année, puis 100$ par an jusqu’aux 15 ans du bénéficiaire. En dessous d’un certain montant de revenu familial, les taux du SCEE et de l’IQEE sont également bonifiés et passent respectivement à 40% et 20% (ou 30% et 15%) des 500 premiers dollars cotisés.
Si les revenus augmentent, alors il sera intéressant de cotiser à ses REER de façon à obtenir des déductions et à réduire la facture fiscale. En réduisant le revenu imposable, on peut du même coup avoir accès ou bonifier certains crédits et allocations.
Lorsque sa capacité d’épargne s’améliorera, le couple pourra penser à cotiser à un CELI.