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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Dans l’univers des films d’horreur

Photo fournie par Bruno Levy
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2023-10-29T04:00:00Z
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Grand maître français du thriller, passionné de cinéma, Bernard Minier conduit son enquêteur vedette Martin Servaz dans l’univers fascinant et déstabilisant des films d’horreur dans son nouveau roman, Un œil dans la nuit. Ce thriller décapant met en vedette un réalisateur culte, mais misanthrope et complètement fou : Morbus Delacroix. Servaz, confronté à une scène de meurtre à Toulouse, se demande si le crime ne trouve pas sa source dans un film maudit.

Morbus Delacroix, personnage inquiétant à souhait, vit à l’écart du monde dans les montagnes. Il compte de nombreux fans qui, de toute évidence, ne savent pas qu’il n’aime pas beaucoup les gens. 

Parmi ses admirateurs se trouve une jeune étudiante en cinéma. Aveuglée par sa célébrité, elle est assez inconsciente pour lui demander une rencontre. Delacroix, un individu sorti tout droit d’un film d’horreur, accepte.

Avant d’écrire cette histoire bluffante, Bernard Minier a fait une petite immersion dans cet univers bien particulier.

« Je ne suis pas spécialement un fan de films d’horreur, mais je suis un fan de cinéma depuis toujours », dit-il en entrevue. « Quand j’avais 20 ans et que j’étais étudiant, j’allais dans les cinémas voir les films de Bergman. Je les ai presque tous vus. »

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« Le cinéma d’horreur, je ne connaissais pas tant que ça. Je connaissais les classiques comme L’Exorciste, Rosemary’s Baby, The Shining, etc. C’est pas vraiment ma came, à la base. Mais j’avais envie de parler d’un cinéma de niche, d’un cinéma de genre, parce que, moi aussi, j’écris dans un genre qui est le thriller. Qui est quand même une niche aussi, d’une certaine façon. »

Photo fournie par les XO Éditions
Photo fournie par les XO Éditions

200 films d’horreur

La recherche s’est traduite par le visionnement d’une grande quantité de films d’horreur. 

« C’est pas une blague : j’ai visionné, pour écrire Un œil dans la nuit, plus de 200 films d’horreur. J’en regardais tous les soirs pendant des mois. Je les ai sélectionnés, parce qu’il y a énormément de très mauvais films d’horreur sur les plates-formes. Mais j’ai trouvé des perles », dit-il.

« J’ai aussi lu plein d’ouvrages sur le cinéma, dont certains que j’avais déjà. Je suis un passionné de cinéma donc j’avais des ouvrages de Tarkovski, de Scorsese, qui parlent de leur métier. C’était une plongée passionnante. Le cinéma, ça me fascine comme média et chaque film est un miracle, quand on sait la complexité de la chose. Tout ce qui peut tourner mal, tout ce qui se passe pendant les tournages, le nombre de personnes qui interviennent. »

Dans le roman, il parle de trucage, de montage, des plans, intègre des citations. C’est fascinant. 

« Dans le livre, je parle aussi de certains plans de cinéma, de certains moments de grâce et aussi des coulisses des tournages. Il se passe autant de choses dans les coulisses qu’à l’écran. Avec des grands films, il y a toujours quelque chose qui se passe : je pense à The Shining, à L’Exorciste, à des réalisateurs comme Stanley Kubrick et Roman Polanski. Il y a toute une histoire autour du film. »

Pas de limite

L’horreur permet d’ouvrir beaucoup de portes dans le roman. 

« Il n’y a pas de limite : on dit tout, on montre tout, on ne s’interdit rien. On va jusqu’au bout. Dans le film d’horreur, il n’y a pas de politiquement correct, pas de censure. Il y a des choses innommables et même pas regardables. Mais il n’y a jamais une lecture morale. »

Ce que vit Martin Servaz fait écho à l’univers des films d’horreur. 

« Ce n’est pas un roman d’épouvante ni un roman d’horreur : on est dans un thriller, dans un roman policier, dans le milieu du cinéma d’horreur. Néanmoins, il y a des scènes qui sont quand même assez difficiles, assez hard pour le lecteur. Mais c’est obligatoire. »

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