12 scientifiques devenus stars: Dr Alain Lamarre dans les labos d’un prix Nobel


Pierre-Paul Biron
Alain Lamarre a rapidement eu la piqûre de l’immunologie, mais c’est en travaillant en Suisse auprès d’un éminent chercheur, récipiendaire du prix Nobel, qu’il a compris qu’il ferait de la recherche et de l’enseignement.
Après avoir obtenu son doctorat en virologie et immunologie à l’Institut Armand-Frappier en 1996, Alain Lamarre sollicite un stage postdoctoral auprès du Dr Rolf Zinkernagel. C’est alors que ce dernier est décoré du prix Nobel de médecine pour ses travaux sur le système immunitaire, rien de moins!
Les nouvelles vedettes de la pandémie
«Je me suis dit que c’était fini. [...] Qu’après le Nobel, c’est le 0,01 % des meilleurs étudiants qui seraient sélectionnés», relate le Dr Lamarre, qui a toutefois reçu un mystérieux fax dans les semaines suivantes. «C’était ma propre lettre qu’il me renvoyait avec une petite note manuscrite qui m’invitait à aller présenter mes travaux à [l’Université de] Zurich», se rappelle le scientifique, qualifiant le moment de surréel. (C’est ce document qu’il montre sur la photo.)
Expérience inoubliable
Comble de l’ironie, Alain Lamarre y présente des conclusions que le Dr Zinkernagel a déjà rejetées.
«Il avait déjà écrit qu’il ne croyait pas à cette approche», évoque en riant le chercheur québécois, qui se retrouvait, devant une salle comble, à confronter le plus récent Nobel de médecine.
«J’étais intimidé», admet-il, insistant toutefois sur la valeur de cette expérience. «Je devais pas être si pire parce que j’ai passé cinq ans avec lui.»

Et ces cinq années, M. Lamarre les aura vécues à fond. Avec les soixante collègues qui travaillaient pour le Dr Zinkernagel, des expatriés de partout sur la planète, le scientifique a vécu une expérience inoubliable. «On couchait presque au labo, notre vie, c’était ça. C’était comme une famille reconstituée de 60 personnes pour qui, de l’immunologie, on en mangeait. Ce sont les moments les plus effervescents de ma carrière».
Boucler la boucle
Pour lui, c’est un peu ça, la beauté de la science. Ce foisonnement d’idées qui n’en finit plus et qui l’avait attiré dès le début de son cours en microbiologie. D’ailleurs, la pandémie de COVID-19 vient un peu «boucler la boucle», lui qui a effectué son premier stage d’été à l’INRS sur les coronavirus.
«À l’époque, on était à peu près les seuls au pays à s’y intéresser et aujourd’hui, tout le monde travaille là-dessus», lance le scientifique, qui s’est fait un devoir de rendre la science plus accessible durant la pandémie.