DANS LA MIRE DU CH? | «Je ne changerai pas pour les gens» -Cole Eiserman
L’énigmatique mais redoutable marqueur Cole Eiserman déborde de confiance


Anthony Martineau
D'ici le repêchage, TVA Sports et Le Journal publieront et diffuseront plusieurs reportages sur les joueurs que le Canadien pourrait obtenir avec son précieux premier choix le vendredi 28 juin.
Cole Eiserman était, il y a à peine quelques mois, perçu comme un prétendant logique à la chaise de tout premier choix au total du repêchage de 2024. Il est aujourd’hui exclu du top 10 de plusieurs experts.
Mais il semble n’en avoir rien à cirer.
«Les classements d’espoirs publiés un peu partout n’ont pas vraiment d’importance. Je me concentre sur le concret. Quand tu montes sur la scène après avoir entendu ton nom, ça c’est du vrai. De toute façon, les gens derrière la création de ces listes ne sont pas ceux qui effectueront les choix plus tard, donc je n’y porte pas attention.»
Cette déclaration du jeune homme, faite lors d’un récent entretien avec TVASports.ca, représente parfaitement le genre de garçon qu’est Eiserman.
Un athlète confiant au possible dont le mental semble aussi solide que de l’acier trempé.
N’empêche, la baisse de popularité d’Eiserman demeure mystérieuse, donc intéressante à aborder.
Après tout, les buteurs purs comme lui sont extrêmement rares. Et des buts, il en a marqué des tonnes, cette saison.
Ainsi, avec un tel talent de marqueur, comment diable expliquer sa dégringolade aux yeux des analystes?
L’auteur de ces lignes a justement ciblé deux aspects du jeu d’Eiserman qui soulèvent des questions et... les a soumis au principal intéressé, qui a bien aimé l'idée.
Des stats hallucinantes
Eiserman occupe actuellement, grâce à une récolte de 124 buts, le deuxième rang des meilleurs buteurs de l’histoire du programme de développement américain derrière... un certain Cole Caufield.
Cette saison, sa fiche fut celle-ci: 55 buts et 86 points en 54 matchs au sein de l’équipe U18 de la structure.
«Marquer des buts, c’est quelque chose que j’apprécie depuis... le début de ma vie! Je sais que tromper les gardiens est un attribut naturel chez moi, mais je n’ai jamais cessé de travailler là-dessus quand même. Trouver de nouvelles façons de tromper les gardiens constitue pour moi quelque chose de passionnant.»
L’an dernier, à seulement 16 ans, le gaucher de six pieds et 198 livres avait aussi secoué les cordages à 26 reprises en 20 duels chez les U18, en plus de marquer 43 fois en 42 matchs chez les U17.
D’ailleurs, cette saison 2022, où son total de buts a été de 69, s’est avérée la deuxième plus prolifique de l’histoire du programme.
«Je peux passer des heures et des heures à analyser les techniques de tir d’Auston Matthews et d’Alex Ovechkin. Je pense qu’en jumelant leurs façons de décocher, tu te retrouves avec un arsenal assez complet (rires)!

«Mon père et mes quatre frères ont tous joué au hockey. J’ai aussi plusieurs cousins qui jouent. Certains membres de la famille ont évolué junior ou même professionnel. Nous sommes une grande famille où le hockey est vraiment au centre des discussions. Alors je n’arrête jamais vraiment de penser à ça. Et ça me fait plaisir.»
Au moment où ce billet est publié, Eiserman doit encore marquer trois buts pour surpasser la marque de Cole Caufield. Est-ce important pour lui?
«Honnêtement, je pense que ce l'est davantage pour les gens de l’équipe que pour moi, répond-il en riant. C’est certain que cela serait plaisant. Je pense que c’est le genre d’accomplissement qui t’apporte beaucoup de respect pour le restant de te carrière. C’est assurément quelque chose que j’ai envie d’accomplir.»
Eiserman lance ensuite une phrase intéressante et remplie de gratitude.
«Mes coéquipiers sont mes supporters principaux, dans tout ça. Ils essaient de me passer davantage la rondelle pour que je puisse marquer. Je m'en rends compte au fil des semaines. Je suis vraiment reconnaissant pour ça.»
«J’entends ça souvent»
Maintenant, les aspects du jeu d'Eiserman qui soulèvent des questions.
D’abord, au somment de la liste, son jeu défensif et la qualité de celui-ci.
Plusieurs ont avancé au cours des derniers mois être préoccupés par la capacité du jeune homme à jouer ailleurs qu’en zone offensive.
«J’entends ça souvent, reconnaît l’attaquant. Je pense que les gens ne voient juste pas les matchs comme moi. Je vois le hockey d’une autre façon et c’est la raison pour laquelle j’ai toujours produit autant. Je pense que l’aspect [travail] dans mon cas est quelque chose qui est vraiment trop souvent abordé. Mais mes entraîneurs et mes coéquipiers savent que je travaille, alors je ne suis pas affecté par ça.

«J’ai mis beaucoup d’efforts sur mon jeu sur 200 pieds, ces deux dernières années, ajoute-t-il. Évidemment, je vais toujours rester Cole Eiserman, le marqueur. Mais je sais aussi qu’il est important pour moi d’être impliqué défensivement pour aider mon équipe à gagner.»
Observation personnelle:
Pour l’avoir vu jouer plusieurs matchs cette année, il est vrai qu’il a beaucoup à peaufiner son jeu sur le plan défensif, mais il n’est pas paresseux. Souvent, son attention est absorbée par la rondelle (car il pense constamment à attaquer) et c’est en raison de cet aspect qu’il se rend coupable d’erreurs en couverture de zone. Il ne sera jamais un Jonathan Toews, mais il ne refuse pas un repli défensif et n’est pas mou dans ses batailles pour la rondelle.
Un «mangeux de puck»?
Un autre commentaire revenant assez souvent dans le cas d’Eiserman est le fait qu’il garde la rondelle trop longtemps sur sa palette.
Réponse d’Eiserman?
«J’aime avoir la rondelle, c’est vrai. Mais je pense que mes coéquipiers me font confiance. Je n’arrêterai pas de demander la rondelle ni de la contrôler. J’aime être celui qui dicte le rythme d’un match. Je ne vais pas me dénaturer non plus.»
Observation personnelle:
Selon moi, si Eiserman pouvait passer un match complet sans faire une seule passe et terminer la partie avec les huit buts de son équipe, il le ferait. Pas par égoïsme, mais plutôt, simplement, car marquer est probablement la chose qu'il préfère au monde. Je trouve toutefois que cet aspect du jeu du jeune homme a progressé au fil de la saison. Plus les semaines ont passé, plus il a compris que tout le monde gagnerait s’il donnait la rondelle plus souvent. Le fait est, en plus, qu’il est amplement capable de mettre des jeux en scène de façon habile. Il y a cependant encore du travail à faire ici. Il a encore cette tendance à avoir une vision tunnel vers le filet lorsqu'il est dans le dernier tiers offensif. Ç'a a du positif, certes, mais aussi du négatif à certains moments.
«Je ne vais pas changer pour personne»
Cole Eiserman n’est pas dupe. Il est parfaitement conscient qu’il ne fait pas l’unanimité en marge du repêchage à venir, son repêchage.
Mais il assure que tout ce qu’il peut lire et entendre ne lui fait pas un pli.
«J’ai une merveilleuse famille qui m’aide beaucoup à rester concentrer sur l’essentiel. Je sais que l’équipe qui tombera en amour avec moi le fera en raison de qui je suis vraiment. Je continue à foncer tête baissée sans penser à ce que les détracteurs peuvent dire. Je ne vais pas changer pour personne.»
Le jeune homme natif de Newburyport dans le Massachusetts n’hésite pas une seconde lorsqu’on lui demande le type de joueur qu’il sera une fois dans la LNH.
«Je pense que je vais marquer plusieurs buts et que j’utiliserai mon gabarit à mon avantage.»
«Plusieurs buts». Difficile de remettre ça en doute.
Maintenant, Kent Hughes et ses acolytes (si Eiserman est disponible au moment où le CH parlera) devront statuer à savoir si les qualités du patineur auront davantage d’impact sur l’équipe que les aspects qu’il doit travailler.
Mais marquer des buts, ça ne s’apprend pas. Et cette facette du jeu, Cole Eiserman la maîtrise à la lettre.