Dans la jarre à biscuits des fonds publics


Josée Legault
C’est un secret de Polichinelle. Tous paliers de gouvernement confondus, dès que le payeur est le contribuable, tout coûte atrocement plus cher quand on bâtit, rénove ou aménage au public.
Notre Bureau d’enquête ajoute cette histoire aberrante au CHUM, un hôpital pourtant quasi neuf: 8200$ pour élargir une porte, 45 000$ pour une salle de recueillement et 7700$ pour des bars de soutien dans des toilettes.
La fois que j’ai moi-même fait installer une barre de soutien dans ma salle de bain après que le CLSC, suivant l’hospitalisation de ma sœur handicapée, m’ait annoncé que la liste d’attente était d’un an et demi (!), ça m’avait coûté moins de 100$. Cherchez l’erreur.
Surfacturation chronique
Le phénomène de la surfacturation chronique de sous-traitants du privé dès qu’il s’agit de fonds publics est tel qu’on ne sait plus s’il est le fruit de l’incompétence des donneurs de contrats publics, de leur aveuglement volontaire parce que coutumier, ou pire encore.
Dans cette dernière catégorie, ma collègue Elsie Lefebvre le résume fort bien: «C’est ce système de collusion banalisé, institutionnalisé, que personne n’ose affronter de front. Parce qu’il est partout. Et que trop de gens y trouvent leur compte.»
Rappelant en effet le souvenir de la commission Charbonneau, le «mot en c» pour collusion rappelle un autre «mot en c», corruption.
Plusieurs fois plus cher
Quand tout ce qui se contracte au public coûte plusieurs fois plus cher que si des travaux étaient commandés par des clients privés payant de leur propre proche, la responsabilité des décideurs publics est d’investiguer.
Question de voir si ces deux «mots en c» seraient bel et bien en train de se réinstaller dans le portrait. Et si oui, c’est à eux d’agir pour que ça cesse.
Quand on se fait dire dans un hôpital que le nombre de jaquettes est contingenté pour cause de compressions ou qu’on n’offre plus d’oreillers aux patients à l’urgence pendant qu’un seul feu de circulation coûte un million de dollars, il y a de quoi se poser de sérieuses questions sur la gestion de l’argent des citoyens.