Cycliste décédé en Montérégie: ses proches veulent faire œuvre utile en mettant «un visage» sur la victime
«C’est vraiment ça qui était son univers, le sport, la philanthropie et sa famille», résume son père


Laurent Lavoie
Alors que la saison de vélo s’apprête à battre son plein, les proches d’un cycliste et père de famille mort écrasé par un tracteur agricole en Montérégie la semaine dernière veulent faire œuvre utile en mettant «un visage» sur la victime.
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«C’est sûr qu’il va y avoir des questions qui vont rester sans réponses sur comment ça s’est passé, mais je pense que là-dessus, on n’aura pas le choix de l’accepter», convient, au bout du fil, Camille Thibault.
Celle qui partageait sa vie avec Justin Bertrand depuis cinq ans tient néanmoins à «mettre un visage» sur le drame qui bouleverse sa famille.
«Pour moi, ce qui est difficile dans les derniers jours, on parle de papiers, de procédures, c’est comme si on parlait d’un objet. Il reste que c’est une personne qui est décédée, fait valoir la jeune femme. On est en train de parler de mon conjoint.»

Le 7 mai dernier, Justin Bertrand s’entraînait à vélo sur son heure de dîner, comme il le faisait régulièrement.
Alors qu’il se trouvait sur le chemin de la Beauce dans la petite municipalité de Calixa-Lavallée, un tracteur agricole circulait tout près de lui.
Concours de circonstances
Le conducteur, qui avait activé ses feux d’urgence, aurait soudainement effectué un virage vers la droite, prenant de court l’homme de 30 ans, selon ce qu’ont indiqué les policiers à la famille.
La collision n’a laissé aucune chance au papa d’Edouard, qui soufflera bientôt sa première chandelle.

«C’est un très bête accident», reconnaît François Bertrand, le père du défunt, avant de témoigner de l’impuissance ressentie en apprenant la nouvelle depuis la Martinique.
«Si ça avait été cinq secondes plus tard, le dénouement aurait été complètement différent. On voudrait le reproduire et on ne serait même pas capable», dit Camille Thibault, qui n’en veut pas au conducteur.
Trois passions
Elle refuse d’ailleurs d’alimenter les tensions entre poids lourds, automobilistes et cyclistes. Elle veut plutôt souligner la fragilité du partage de la route, surtout que M. Bertrand était «hyper prudent».
«Il n’était pas casse-cou. Oui, il était capable d’atteindre une certaine vitesse parce que c’est un bon sportif, mais il ne faisait pas exprès d’aller trop vite pour rien», résume Mme Thibault.
Justin Bertrand, qui était conseiller aux dons majeurs à la Fondation du CHU Sainte-Justine, faisait d’ailleurs des triathlons et le vélo constituait sa discipline préférée.
«C’est vraiment ça qui était son univers, le sport, la philanthropie et sa famille», résume François Bertrand.

Pas de souvenirs
Camille Thibault est émotive à l’idée que le petit Edouard ne puisse garder des souvenirs concrets de son père, en raison de son jeune âge.
Il y a quelques semaines à peine, la petite famille de Verchères avait d’ailleurs immortalisé d’une photo sa présence à un semi-marathon, à Lévis.
Mme Thibault se réconforte à l’idée que le petit ne «ressente pas la même douleur que nous» à l’heure actuelle.
«C’est un petit bébé sourire», illustre la femme de 27 ans.
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