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L'article provient de Le Journal de Montréal

Cultiver notre dépendance au pétrole importé

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Photo portrait de Mario Dumont

Mario Dumont

2022-03-12T10:00:00Z
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Pendant que Joe Biden vante l’indépendance énergétique en boycottant le pétrole russe, que fait le Québec ?

L’Assemblée nationale débat présentement d’un projet de loi pour interdire toute exploration et toute exploitation de gaz ou de pétrole. Une réponse du gouvernement Legault à la pression des environnementalistes. Mais une réponse qui paraît vraiment déconnectée alors que se déroule cette guerre.

Je poserai trois questions à propos de cette loi. 

  1. Aura-t-elle pour effet de réduire nos émissions ? Pas du tout. C’est la consommation de pétrole qui cause les émissions. Le fait de ne pas en produire ne réduit pas en soi notre consommation. 
  2. Combien cela nous coûtera ? Des milliards. Difficile à estimer combien. Le Québec dépense 5 milliards $ annuellement en produits pétroliers. Ce sera davantage avec l’explosion des prix. Imaginez la différence entre acheter local et importer. Dans l’immédiat, il faudra verser plus de 100 millions $ aux entreprises pour non-respect des permis. 
  3. Quel sera le principal effet de cette loi ? Cultiver la dépendance. Le Québec continuera d’être entièrement dépendant de fournisseurs extérieurs. Cette dépendance va diminuer avec le remplacement des hydrocarbures comme source d’énergie. Or cela prendra des décennies. 
  4. Est-ce cohérent avec les politiques du gouvernement ? À première vue, cette loi s’inscrit dans la vertu verte du Québec. Dans les faits, c’est totalement contraire à la politique d’achat local. On se démène avec le Panier bleu pour vendre des pantoufles, des confitures et des bières locales. L’importation de pétrole par milliards annule tous ces efforts.  
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En résumé, le projet de loi 21 nous coûtera une fortune, cultivera notre dépendance au pétrole importé et ne réduira pas d’un iota nos émissions de GES. Un gros coup d’épée dans l’eau seulement pour l’image. Et les quatre principaux partis à l’Assemblée nationale semblent d’accord.

Biden

Lorsque Joe Biden a annoncé mardi un embargo sur le pétrole russe, il a longuement vanté l’indépendance énergétique développée par les États-Unis. Cela explique que moins de 10 % des approvisionnements américains provenaient du deuxième producteur mondial, la Russie.

Il a souligné la croissance spectaculaire de l’industrie pétrolière depuis quelques années. Il a vanté le fait que son pays va extraire une quantité record de pétrole cette année. Notamment grâce au pétrole de schiste, ça vous rappelle quelque chose ? Ici, on nous a raconté qu’un puits de gaz de schiste allait polluer l’eau de Gatineau à Gaspé.

Le président Biden a aussi insisté sur le fait que plus de 9000 permis de forage sont en vigueur. Il a encouragé les entreprises à s’en prévaloir pour développer la ressource. Il a résumé sa pensée en disant : « Pour protéger notre économie à long terme, il faut assurer notre indépendance énergétique ».

Joe Biden n’est pas un président qui nie les changements climatiques. C’est un président démocrate, de gauche, qui veut ramener les États-Unis dans l’Accord de Paris. Sa façon de parler d’indépendance énergétique devrait amener nos députés à réfléchir.

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