La plateforme de cryptomonnaies Celsius donne chaud à la Caisse
La firme controversée est déjà sous la loupe de plusieurs régulateurs américains

Francis Halin
Pas moyen de retirer l’argent de son propre compte. C’est ce scénario catastrophe auquel ont eu droit dimanche soir les clients de la cryptobanque Celsius Network, dans laquelle la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a investi près de 200 millions de dollars.
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« Si j’avais été embauché par la Caisse pour les conseiller, je n’aurais jamais embarqué dans cette compagnie-là. Jamais », a déploré Jonathan Hamel, investisseur et spécialiste du monde des cryptomonnaies.
Lundi, le bitcoin était à son plus bas depuis fin 2020, avec un marché total piquant sous la barre symbolique des 1000 milliards $ US.
.@CelsiusNetwork is pausing all withdrawals, Swap, and transfers between accounts. Acting in the interest of our community is our top priority. Our operations continue and we will continue to share information with the community. More here: https://t.co/CvjORUICs2
— Celsius (@CelsiusNetwork) June 13, 2022
Alors que le Nasdaq a perdu 16 % en un an, le Bitcoin a fondu de 37 % à 29 894 $, ce qui a poussé certains à vouloir retirer leurs billes en même temps.
Suspension-surprise
Or, dimanche soir dernier, la cryptobanque londonienne Celsius Network, qui offre des taux d’intérêt alléchants de 10 %, a suspendu d’un coup « tous les retraits, échanges et transferts entre comptes », a-t-elle indiqué sur Twitter.
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En un claquement de doigts, ses deux millions de membres avec des actifs de plus de 12 milliards de dollars n’ont plus été capables de retirer leurs avoirs.
« Nos opérations se poursuivent et nous continuerons à partager des informations avec la communauté », a assuré Celsius, qui n’a pas répondu, lundi, à nos demandes d’entrevues.
Aux États-Unis, le Texas, l’Alabama et le New Jersey, le Kentucky avaient déjà ordonné à Celsius de cesser d’offrir certains comptes, selon Bloomberg.
En octobre dernier, Le Journal avait souligné que Celsius était sous la loupe de l’Autorité des marchés financiers, qui s’est refusée, lundi, à tout commentaire.
Rappelons que l’an dernier, la police israélienne avait arrêté le chef de la direction financière de Celsius, qui venait d’obtenir un investissement de 400 millions $ mené par la Caisse de dépôt et WestCap.
L’arrestation n’avait rien à voir avec son travail chez Celsius, mais concernait ses activités avant son entrée chez la firme, avait-on assuré.
La Caisse défend Celsius
Lundi après-midi, la CDPQ a défendu son investissement dans Celsius.
« Dans un environnement de baisse de marché généralisée [marchés boursiers et obligations – pour la première fois depuis 50 ans], les investisseurs réduisent leur risque dans toutes les catégories d’actifs. Dans ce contexte, Celsius a été affectée par des conditions de marché très difficiles dans les dernières semaines, plus particulièrement par le fort volume de retraits des dépôts des clients », a indiqué au Journal sa porte-parole Kate Monfette.
« Celsius agit de façon proactive pour s’acquitter de ses obligations auprès de ses clients [communauté Celsius] et a honoré ses engagements auprès de ses clients jusqu’à présent. Notre équipe suit ce dossier de très près », a-t-elle conclu.
Le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) a, lundi, indiqué au Journal qu’il « ne supervise pas le réseau Celsius ». Le BSIF est un organisme fédéral.
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