Croyance aux démons et aux exorcismes: une ex-psychologue durement blâmée est radiée 6 mois
Louise Gaston a affirmé que des clients pouvaient «jeter des sorts» à leurs psychothérapeutes


Antoine Lacroix
Une ex-psychologue coupable de croire aux exorcismes et de penser que des patients pouvaient être possédés par le démon a reçu une sévère sanction de six mois de radiation, en plus de devoir payer des frais de près de 15 000$.
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«Les gestes posés par l’intimée sont sérieux et préoccupants. Elle a manqué d’objectivité, d’intégrité et de modération à de nombreuses reprises dans l’exercice de sa profession», dénonce le conseil de discipline de l’Ordre des psychologues du Québec.
Les faits reprochés à Louise Gaston sont surprenants, elle qui a été déclarée coupable des 12 chefs qui lui étaient reprochés, entre juillet 2017 et mai 2021.
Anciennement superviseure de stage auprès de l’Institut Victoria de Montréal, l’ancienne psychologue cumulait 36 ans d’expérience lorsqu’elle a décidé de se désinscrire de l’Ordre, en juin 2021.
«Lors de la supervision d’un groupe de doctorants, internes en psychologie, [elle] a affirmé que certains clients ne peuvent être traités en psychologie en raison du fait qu’ils sont possédés par des “entités pathologiques” telles que le “démon”, le “diable” ou les “forces de la noirceur”», relate la décision.
La preuve révèle que des individus supervisés par Louise Gaston ont subi des impacts à cause de sa conduite, certains se sont même «questionnés sur leurs choix professionnels ou sur leurs aptitudes à exercer la profession».
Des clients à exorciser qui jettent des sorts?
L'ancienne psychologue avait aussi «affirmé que les prêtres, par le biais de l’exorcisme, sont les seuls pouvant aider ces clients et qu’il est dangereux pour le psychothérapeute de suivre ces clients parce qu’ils pourraient vouloir lui jeter des sorts».
Elle avait même laissé entendre que les maux de ventre d'une personne supervisée étaient dus à un sortilège «dans un petit gâteau» et dit de «prier afin de conjurer le sort jeté par ce client».
Il était tellement dangereux d'être en contact avec ces clients en détresse que Louise Gaston avait suggéré qu'il fallait les décourager à poursuivre leur thérapie.
Adepte de théories du complot
L'ex-psychologue ne s'est pas gênée non plus pour partager plusieurs théories du complot auxquelles elle adhérait.
Elle a notamment soutenu que des vaccins pouvaient contenir des «métaux lourds» et qu’ils pouvaient provoquer le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), ou l’autisme.
Or, il s’agit d’un mythe qui a été réfuté, notamment par la National Academy of Sciences aux États-Unis, «après une révision exhaustive des évidences empiriques issues d’études cliniques et épidémiologiques», peut-on lire dans la décision sur culpabilité de Louise Gaston, qui cite une experte en la matière.
Mme Gaston «a aussi dirigé les doctorants vers des sources d’information qui font la promotion de contenu à saveur conspirationniste ou complotiste, et a affirmé qu’il s’agissait de sources d’information fiables».
«Elle a aussi comparé la COVID-19 à une simple grippe», ajoute la décision.
Elle avait aussi suggéré qu’il peut être pertinent de procéder à des analyses de détection des métaux lourds par voie sanguine ou par un prélèvement capillaire afin de se soumettre, le cas échéant, à des traitements de désintoxication offerts par des cliniques spécialisées.
Importante sanction
Devant la gravité de ces manquements, le conseil de discipline a condamné Louise Gaston à six mois de radiation, qui vont s'amorcer si elle se réinscrit au tableau de l’Ordre des psychologues.
Si elle décide de continuer de superviser des stagiaires, elle devra réussir un stage de perfectionnement d’une durée minimale d’un an, à ses frais.
Elle a aussi été condamnée à payer des frais d’expertise de 14 625$.
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