Critique du film «Phénix»: une incursion sensible et émouvante dans la réalité des familles de militaires

Le cinéaste Jonathan Beaulieu-Cyr n’avait que 13 ans quand il a vu son père militaire partir en mission pour l’Afghanistan au milieu des années 2000. Dans son film Phénix, il revient avec tendresse sur cette expérience qui a bouleversé son passage de l’enfance à l’adolescence.

C’est l’été, sur la base militaire de Valcartier. Jacob (Aksel LeBlanc), un garçon anxieux, tente de mener une vie d’adolescent normale même si son père, Joël (Maxime Genois), un soldat charismatique, s’apprête à être déployé en Afghanistan.

Alors que sa mère, Michelle (Evelyne Brochu), tente de maintenir l’équilibre familial, Jacob a développé une relation conflictuelle avec son père à cause de cette situation.

«Si mettons que tu décidais de faire le déserteur, irais-tu en prison?» lui demande Jacob alors que l’heure du déploiement approche à grands pas.

Pour tenter de se rapprocher de son garçon, Joël décidera de devenir entraîneur des Phénix, une équipe de soccer qui n’a pas encore gagné un match de la saison, en y intégrant Jacob.

Lauréat du prix Gilles-Carle (remis au meilleur premier ou second long métrage de fiction) aux derniers Rendez-vous Québec Cinéma, Phénix propose une incursion sensible et émouvante dans la difficile réalité des familles de militaires. 

Contrairement à plusieurs autres cinéastes qui se sont attardés dans leurs films aux chocs post-traumatiques vécus par les soldats, Jonathan Beaulieu-Cyr (Mad Dog Labine) a eu l’idée judicieuse de raconter, à travers le regard d'un adolescent de 13 ans, l’angoisse que vivent les familles des militaires avant leur déploiement en zone de guerre.

S’appuyant sur une mise en scène raffinée et très cinématographique, Beaulieu-Cyr parvient à nous plonger avec délicatesse dans l’intimité de ses personnages, campés avec justesse par un trio d’acteurs formidables. Autour du jeune Aksel LeBlanc, excellent dans le rôle de Jacob, Evelyne Brochu brille sous les traits d’une mère aimante et Maxime Genois crève l’écran dans la peau d’un père immensément humain et attachant malgré ses défauts.

• Note: 3,5 sur 5
• Phénix, un film de Jonathan Beaulieu-Cyr avec Aksel LeBlanc, Evelyne Brochu et Maxime Genois.