Critique de «Maria»: Maria Schneider et l’enfer du «Dernier tango à Paris»

Isabelle Hontebeyrie
Maria Schneider, incarnée par Anamaria Vartolomei, a 19 ans lorsque Marlon Brando lui impose, à la demande du réalisateur Bernardo Bertolucci, une scène de viol sur le plateau du Dernier tango à Paris.
Devant les caméras de la cinéaste française Jessica Palud, la vie racontée de Maria débute avec ses 15 ans. Fille illégitime de l’acteur français Daniel Gélin (Yvan Attal), l’adolescente est fascinée par ce père qui a désormais une nouvelle famille, rareté à l’époque.
Sa mère est jalouse de ses visites à son père et la jette dehors. Maria trouve refuge chez son oncle (Jonathan Couzinie) et un agent (Stanislas Merhar) accepte de la représenter afin de faire démarrer sa carrière d’actrice.
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C’est donc une chance inouïe lorsque Bernardo Bertolucci (Giuseppe Maggio) repère Maria, qui a maintenant 19 ans, pour son film Dernier tango à Paris dans lequel elle donnera la réplique à Marlon Brando. Le film fait déjà scandale au moment de son tournage, la jeune femme est souvent nue, nous sommes dans les années 1970 après tout, et la misogynie institutionnelle veut qu’une femme se dénudant un tant soit peu soit une traînée.
Tout se passe bien jusqu’au jour où Bernardo Bertolucci et Marlon Brando l’obligent à tourner une scène de viol qui n’est pas dans le scénario. Humiliée, traumatisée, Maria se tait. Elle assure la tournée de promotion, répond aux questions, tente de raconter son histoire, mais personne ne veut qu’elle parle. Et son mal-être ira en grandissant.
En s’inspirant de Tu t’appelais Maria Schneider, écrit par sa cousine Vanessa, Jessica Palud redonne sa voix à Maria, décortique l’innommable et rappelle, une fois pour toutes, la vérité.
Note: 3,5 sur 5
Maria arrive sur les écrans du Québec le 7 février.