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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Critique de «Le royaume de la planète des singes»: avons-nous vraiment besoin d’un autre film?

20th Century Studios
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Isabelle Hontebeyrie

2024-05-09T23:00:00Z
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Trop de minutes, trop de combats, trop de scènes inutiles... Voici le verdict de ce nouveau Le royaume de la planète des singes de Wes Ball avec Owen Teague, Freya Allan et Kevin Durand.

La trilogie menée tambour battant de 2011 à 2017 par Andy Serkis dans le rôle de César tombait à point puisqu’elle levait le voile sur les événements ayant permis aux singes de devenir les primates dominants sur terre, s’éloignant certes du roman de Pierre Boulle, mais élargissant le discours et offrant des thèmes philosophiques et des enjeux politiques importants.

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Le royaume de la planète des singes est, dans ce sens, inutile. Quatrième long métrage du «reboot» de la franchise des films de série B – série Z pour les derniers – des années 1960 et 1970, le film de Wes Ball se veut un pont dérivé entre la trilogie et les originaux.

De fait, on se retrouve quelques siècles après la mort de César. Les singes ne vivent pas en harmonie les uns avec les autres, le clan des chimpanzés de Noa (Owen Teague) étant sauvagement attaqué par celui de Proximus (Kevin Durand), un singe qui a réussi à rallier les gorilles autour de son projet de royaume qu’il compte solidifier en mettant la main sur d’anciennes technologies guerrières humaines.

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En chemin pour retrouver les membres de sa tribu, Noa fait la connaissance de Raka (Peter Macon), un orang-outan gardien des enseignements de César. Mais surtout, le chimpanzé tombe sur Mae (Freya Allan) – qu’il baptise Nova dans l’un des nombreux clins d’œil au film de 1968 et au roman –, une humaine pensante et parlante qui souhaite, elle aussi, faire échec aux visées conquérantes de Proximus.

Les 145 minutes s’étirent, les scènes du début décrivant la vie de la tribu de Noa, celles où l’on voit les humains partageant un plan d’eau avec des zèbres ou les scènes de combats qui font insensiblement penser à un nouveau match entre Godzilla et King Kong n’apportent décidément rien à cette franchise culte du cinéma de science-fiction.

20th Century Studios
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Mal inspiré, le scénariste Josh Friedman, à qui l’on doit l’indigeste La guerre des mondes (2005) de Steven Spielberg ou le pénible Terminator: sombre destin (2019) de Tim Miller, ne sait plus quoi inventer pour faire passer le temps, sans doute afin de donner aux spectateurs l’illusion d’en avoir pour leur argent. Les dialogues ne brillent pas par leur originalité, la fin en forme de faux questionnement historique sent la paresse (et la suite prévisible, Bob Iger, le patron de Disney, ayant dit qu’il donnerait son accord si les dollars étaient au rendez-vous) et le mystère cousu de fil blanc autour des motifs des agissements de Mae n’insuffle qu’une tension dramatique artificielle.

Alors, qu’y a-t-il de bon dans ce Le royaume de la planète des singes trop lourd? L’examen de la perversion du legs de César à des fins politiques par Proximus, un thème récurrent dans toutes les œuvres de la franchise. L’allégorie du racisme est également présente – on retrouve des échos intéressants du roman et du film original –, de même que l’examen de cette incessante quête de pouvoir. Freya (exception faite de sa «mission») constitue également une surprise intéressante, la jeune femme s’avérant, en bout de course, le personnage principal du long métrage (dans un revirement scénaristique déjà vu dans le très bon Air de Ben Affleck).

On se consolera des déceptions en se disant que si suite il y a, l’équipe de production pourra enfin se concentrer sur ce qui constituait le cœur – et le succès – de la trilogie des années 2010: l’examen de l’humanité au travers du regard des singes.

Note: 3 sur 5

Le royaume de la planète des singes déboule en force sur les écrans du Québec dès le 10 mai.

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