Critique de «L’attachement»: Une histoire de femme finement jouée

Isabelle Hontebeyrie
Avec L'attachement, la cinéaste Carine Tardieu adapte ici de manière fort sensible le roman d’Alice Ferney en confiant les rôles principaux à Valeria Bruni Tedeschi, Pio Marmaï et au jeune César Botti.
Le début de cette histoire est tragique. Cécile confie son jeune fils Elliott (César Botti), à sa voisine, Sandra (Valeria Bruni Tedeschi), une quinquagénaire célibataire et sans enfant. Alex (Pio Marmaï), le conjoint de Cécile – mais pas le père du petit garçon –, livre la terrible nouvelle quelques heures plus tard. La jeune femme est morte en accouchant de la petite Lucille, qui se porte à merveille. À travers cette terrible épreuve et au cours des années suivantes, une solide amitié – qui remplace des liens familiaux – se noue entre Elliott et Sandra.
Pio Marmaï livre une performance mémorable en veuf, père monoparental, qui doit apprendre à naviguer dans une tourmente émotionnelle généralement réservée aux personnages féminins. Valeria Bruni Tedeschi capte avec justesse toute la détermination d’une femme qui ne veut pas s’embarrasser d’un enfant, tout en reconnaissant la puissance d’un lien et d’un amour «accidentel». Et le jeune César Botti apporte à son Elliott un sérieux et une spontanéité touchante.
La réalisatrice et coscénariste Carine Tardieu fonctionne par suggestion, sans jamais appuyer indûment sur les moments plus émotifs. Des scènes comme celle où Sandra et Alex se retrouvent chez la pédiatre (Vimala Pons) sont remplies de toutes les maladresses et des moments inconfortables de la «vraie» vie, tout comme celle de l’anniversaire. Les sentiments confus et maladroits d’Alex sont très bien explorés, tout comme le rôle de «guide» assumé par Sandra presque à son corps défendant.
En explorant la notion de famille au sens large avec finesse et une grande intelligence émotionnelle, L’attachement interroge sur la notion de proximité entre les êtres, sur toutes ces familles que l’on se crée au cours de notre vie et qui nous apportent tant d’amour.
Note: 4 sur 5
L’attachement émeut durablement les cinéphiles dès le 25 avril.