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Jeux vidéo

Critique de l’Apple Vision Pro : merveille technologique, prix démesuré

Notre chroniqueur techno a été séduit par le casque Apple Vision Pro. À 5000$, celui-ci prendra toutefois du temps avant de s’imposer.

Notre chroniqueur techno avec l’Apple Vision Pro.
Notre chroniqueur techno avec l’Apple Vision Pro. Photo : Emilie Laperrière.
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Photo portrait de Maxime Johnson

Maxime Johnson

2024-08-07T15:06:14Z
2024-08-07T19:54:36Z
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L’arrivée d’Apple dans une nouvelle catégorie de produits est toujours un événement en soi. Certains appareils connaissent beaucoup de succès (iPhone, Apple Watch, AirPod), d’autres moins (Apple TV, HomePod), mais dans la majorité des cas, le lancement marque un tournant dans une catégorie donnée.

L’Apple Vision Pro ne fera pas exception à la règle. L’appareil d’Apple n’est pas le premier casque de réalité virtuelle ou augmentée sur le marché - ou d’informatique spatiale, pour reprendre l’expression d’Apple -, mais celui-ci est sans aucun doute le plus ambitieux à ce jour, et, à bien des égards, le plus réussi.

Voici le résumé de mes dernières semaines avec le nouveau produit phare d’Apple, en cinq observations.

1 : l’appareil est agréable à utiliser

L’Apple Vision Pro s’inspire plus des casques de réalité augmentée que de réalité virtuelle. À noter : l’image est nette au point où l’utilisateur regarde, mais plus floue à l’extrémité de son champ de vision.
L’Apple Vision Pro s’inspire plus des casques de réalité augmentée que de réalité virtuelle. À noter : l’image est nette au point où l’utilisateur regarde, mais plus floue à l’extrémité de son champ de vision. Photo : Maxime Johnson

L’Apple Vision Pro est en quelque sorte un ordinateur que l’on porte sur notre tête, avec un écran placé devant nos yeux.

Si vous avez déjà essayé un casque de réalité virtuelle Meta Quest, le concept est le même, mais Apple mise beaucoup plus sur la réalité augmentée que virtuelle. L’appareil est techniquement capable de vous immerger dans un monde numérique à 360 degrés, mais en pratique, la plupart des applications s’affichent plutôt comme des fenêtres qui apparaissent dans notre environnement immédiat.

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Alors que je j’écris ces lignes avec le casque, une grande fenêtre Word est par exemple affichée au bout de ma table de cuisine, l’équivalent d’un écran d’environ 60 pouces. Si je veux, je peux aussi ouvrir d’autres applications et les placer ailleurs dans la pièce, comme Mail ou Messages. Je peux aussi choisir de remplacer ma maison par un environnement virtuel, comme la lune ou le parc national américain de Yosemite.

Pour contrôler le tout, l’appareil offre deux boutons physiques (sensiblement les mêmes que sur une Apple Watch), mais on ouvre des applications et déplace des fenêtres surtout en touchant son pouce et son index et en regardant où on souhaite effectuer une action. Exemple : je n’ai qu’à regarder le petit X au bas de ma page Word et à toucher mes doigts pour fermer la fenêtre.

Le Meta Quest 3 peut aussi être contrôlé avec ses mains, mais l’Apple Vision Pro peut être contrôlé d’une façon beaucoup plus précise et efficace. Les mouvements sont aussi plus confortables, puisqu’on peut placer nos mains près de notre corps, alors que le Meta Quest 3 nous force à les garder dans les airs.

Il suffit de regarder à un endroit et de toucher son pouce avec son index pour effectuer l’équivalent d’un clic de souris. Vidéo : Maxime Johnson

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L’appareil est vraiment une belle réussite technologique. Les caméras externes sont d’une bonne qualité, et l’interface est fluide. On peut facilement se déplacer avec le casque sur la tête, sans jamais ressentir de malaise.

Le casque reconnaît aussi automatiquement et rapidement la pièce autour de nous (pour placer une fenêtre sur un mur, par exemple) et l’écran devant nos yeux est d’une précision suffisante pour offrir une solution de rechange acceptable à une télé ou à un moniteur d’ordinateur. Les lettres dans mon document Word sont claires, par exemple. Disons qu’on est bien loin des premiers casques de réalité virtuelle qui donnaient l’impression de regarder un écran au travers d’un moustiquaire.

Côté autonomie, celle-ci est d’environ 2 heures. C’est court. Je n’ai jamais vraiment envie de l’utiliser pendant plus de temps, mais une telle autonomie signifie qu’il faut toujours penser à recharger la batterie après avoir utilisé le casque. Évidemment, on peut s’installer près d’une prise électrique pour les usages prolongés.

Notons au passage que la batterie de l’Apple Vision Pro est externe, et reliée au casque par un fil. Certains n’aiment pas ce choix, mais personnellement, il me convient. J’aime pouvoir recharger la batterie sans laisser traîner le casque, et si c’est le prix à payer pour avoir un écran et un processeur d’une meilleure qualité, je suis prêt à vivre avec ce compromis.

2 : l’Apple Vision Pro est rarement meilleur que ce qu’il remplace

L’Apple Vision Pro permet de regarder un film dans son lit, sur un écran géant virtuel.
L’Apple Vision Pro permet de regarder un film dans son lit, sur un écran géant virtuel. Photo : Maxime Johnson.

Que fait-on avec l’Apple Vision Pro? C’est la grande question. Pour l’instant, trois principaux usages se démarquent.

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Le divertissement : l’Apple Vision Pro est doté d’un écran d’une qualité suffisante pour que vous puissiez regarder un film ou une série télé, sans avoir instantanément envie de changer d’appareil.

Ce qui ne veut toutefois pas dire qu’il améliore votre expérience. Je préfère encore regarder un film sur ma télé 4K de 65 pouces, par exemple. Cela dit, si je regardais la télé au lit, je le ferais plus avec l’Apple Vision Pro qu’avec un ordinateur ou une tablette. Je préfèrerais aussi regarder un film dans l’avion avec le casque d’Apple qu’avec le petit écran intégré au banc devant moi.

Notons qu’on peut aussi regarder ses photos et ses vidéos avec l’Apple Vision Pro. J'aime tout particulièrement les vidéos tournées avec l’appareil lui-même, qui s’affichent alors en 3D et qui sont particulièrement immersives. C’est l’un des cas où l’appareil offre une meilleure expérience que ce qu’il remplace (un téléphone ou un ordinateur, par exemple), mais on ne filme à peu près jamais avec le casque, il s’agit donc d’un usage marginal.

L’expérience Encounter Dinosaurs représente une excellente carte de visite pour l’Apple Vision Pro.
L’expérience Encounter Dinosaurs représente une excellente carte de visite pour l’Apple Vision Pro. Photo : Maxime Johnson.

L’une des expériences de divertissement les plus impressionnantes avec l’Apple Vision Pro est Encounter Dinosaurs, une sorte de film interactif avec des dinosaures réalistes en 3D, qui apparaissent dans un écran géant que l’on peut poser virtuellement sur un mur de notre maison, un peu comme un portal vers une autre dimension. Il n’y a tout simplement pas d’équivalent avec vos autres appareils à la maison. Malheureusement, le contenu du genre qui profite vraiment des forces de l’Apple Vision Pro est encore rare.

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Le travail : il est possible de travailler avec l’Apple Vision Pro, que ce soit en utilisant une application directement (comme Word ou PowerPoint), ou en affichant l’écran de son ordinateur à travers le casque. Personnellement, je n’ai toutefois pas trouvé que l’expérience était suffisamment bonne pour me convaincre de l’adopter dans ma vie de tous les jours. Je préfère encore utiliser mon ordinateur habituel, sans avoir un écran à 2 cm de mes yeux.

Quelqu’un qui peine à se concentrer pourrait toutefois probablement aimer l’isolement offert par le casque, cela dit, tant à la maison que dans un bureau. À l’heure actuelle, c’est à mon avis son principal intérêt dans un contexte professionnel. Notons qu’il pourrait y avoir d’autres usages avec le temps, comme la collaboration sur des modèles 3D à distance, mais il s’agit plus là d’une utilisation en entreprise qu’à la maison.

Le jeu : plusieurs jeux sont compatibles avec l’Apple Vision Pro. Il y a peu de nouveautés exclusives qui valent la peine d’être mentionnées, mais j’ai tout de même aimé certains titres qui ont été portés, comme Synth Riders. Plusieurs jeux iPad sont aussi compatibles.

Vous pouvez jouer à des jeux qui vous font bouger, mais aussi à des jeux plus traditionnels, sur un écran virtuel géant, comme ici avec Wylde Flowers.
Vous pouvez jouer à des jeux qui vous font bouger, mais aussi à des jeux plus traditionnels, sur un écran virtuel géant, comme ici avec Wylde Flowers. Photo : Maxime Johnson.

Le jeu auquel je joue le plus est Wylde Flowers, une sorte de pastiche apaisant de Stardew Valley. J’aime pouvoir y jouer allonger sur le sofa, en regardant un écran virtuel équivalent à plus de 100 pouces de diamètre dans les airs, mais le jeu lui-même n’est pas forcément meilleur que si j’y jouais sur l’Apple TV ou sur une Nintendo Switch.

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Le jeu vidéo – qui est la force du Meta Quest 3 - est pour l’instant le parent pauvre de l’Apple Vision Pro, mais c’est quelque chose qui pourrait changer rapidement, à mesure que les développeurs vont y porter leurs titres existants, et en concevoir de nouveaux.

3 : le casque est plus confortable que les autres, mais à peine

L’Apple Vision Pro est vendu avec de multiples formats de bandeaux (pour tenir l’appareil en place sur notre tête) et de caches occultants (pour éloigner l’écran de nos yeux et empêcher la lumière extérieure de pénétrer).

Grâce à ces pièces personnalisées, mais aussi au design de l’appareil lui-même, le casque est plus confortable que les autres que j’ai essayés jusqu’ici et, surtout, beaucoup plus facile à placer sur sa tête.

Dans l’ensemble, même si le Vision Pro est plus confortable que les autres, on ne l’oublie toutefois jamais vraiment. Bref, le confort est l’une des forces de l’Apple Vision Pro par rapport aux autres casques sur le marché, mais il y a encore du chemin à faire de ce côté.

4 : malgré ses efforts, l’Apple Vision Pro nous isole

Un écran qui projette vos yeux n’est pas suffisant pour briser l’isolement d’un casque de réalité virtuelle.
Un écran qui projette vos yeux n’est pas suffisant pour briser l’isolement d’un casque de réalité virtuelle. Photo : Emilie Laperrière.

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Le plus grand défaut des casques de réalité virtuelle est le fait que ceux-ci nous isolent. Oui, vous pouvez partager ce que vous voyez sur une télé, mais l’expérience avec un Apple Vision Pro, un Meta Quest ou un PS VR2 est avant tout solitaire.

Apple a tenté de corriger ce problème grâce à un écran qui projette nos yeux vers l’extérieur lorsque l’on parle à quelqu’un (la fonctionnalité EyeSight). Honnêtement, c’est le genre d’idée qui aurait probablement dû être abandonnée par les designers d’Apple lorsque celle-ci a été lancée dans une séance de remue-méninges. Pour reprendre les mots de ma copine, « c’est un peu creepy ».

Apple a aussi conçu un système d’avatars relativement réalistes pour les séances FaceTime et les vidéoconférences, les Personas. Ces avatars créés automatiquement avec les caméras du casque représentent selon moi une amélioration considérable par rapport aux avatars enfantins de Meta, mais eux aussi sont légèrement malaisants.

Malgré les efforts d’Apple, l’Apple Vision Pro nous isole, comme c’est le cas avec les autres casques sur le marché. C’est à mon avis le plus grand frein à son utilisation fréquente dans notre vie de tous les jours, du moins si on vit avec d’autres personnes.

5 : vous avez probablement déjà les accessoires qu’il vous faut

Vous pouvez utiliser plusieurs accessoires avec l’Apple Vision Pro.
Vous pouvez utiliser plusieurs accessoires avec l’Apple Vision Pro. Photo : Maxime Johnson.

L’Apple Vision Pro a besoin de plusieurs accessoires, mais la bonne nouvelle est que vous les avez probablement déjà.

Si vous voulez travailler en bonne et due forme avec l’Apple Vision Pro, vous aurez par exemple besoin d’un clavier Bluetooth. N’importe quel clavier Bluetooth, comme le Magic Keyboard d’Apple, fonctionne avec l’appareil. Notons qu’un pavé tactile peut aussi être utilisé, mais celui-ci m’apparait moins important, puisque le suivi des yeux et le pincement des doigts permettent facilement de se déplacer dans un texte ou dans une interface.

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Si vous jouez à des jeux, vous aurez aussi besoin d’une manette pour console, comme la Sony DualSense pour la PS5. Si vous avez un Apple Vision Pro, vous avez probablement déjà une manette du genre.

La qualité des haut-parleurs de l’Apple Vision Pro est étonnamment bonne, mais vous aurez besoin d’écouteurs sans fil pour vous en servir sans déranger les autres, comme des AirPods. Ici aussi, les écouteurs sans fil que vous avez déjà conviennent parfaitement.

Vous aurez également besoin d’un étui de voyage pour ranger ou pour transporter votre casque. Apple en vend un, pour 279$ (celui sur la photo ci-haut), mais je ne l’ai pas du tout aimé. Il est rigide et protège bien le casque, mais il me fait penser au pape dans un manteau matelassé, et il n’a pas de bandoulière pour faciliter son transport.

Pas besoin d’acheter l’étui de transport d’Apple pour voyager avec votre Apple Vision Pro. Un sac pour appareil photo, comme le 172 Camera Sling de Grams28 ici, ou encore n’importe quel vieux sac pour appareil photo que vous avez déjà à la maison, est encore plus efficace pour transporter votre casque.
Pas besoin d’acheter l’étui de transport d’Apple pour voyager avec votre Apple Vision Pro. Un sac pour appareil photo, comme le 172 Camera Sling de Grams28 ici, ou encore n’importe quel vieux sac pour appareil photo que vous avez déjà à la maison, est encore plus efficace pour transporter votre casque. Photo : Maxime Johnson.

Personnellement, j’utilise plutôt un sac pour appareil photo reflex. J’ai le 172 Camera Sling de Grams28 à la maison, qui n’a pas été conçu à cet effet, mais qui est exactement de la bonne taille pour transporter le Vision Pro, sa batterie et quelques autres petits accessoires, comme une manette PS5 et un chargeur. Ce sac en cuir est un sac haut de gamme est plus cher que la moyenne, à 699$, mais si vous avez déjà un sac pour appareil photo à la maison, celui-ci devrait faire l’affaire.

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L’étui de batterie de Belkin pour Apple Vision Pro est probablement le seul accessoire incontournable que vous devrez acheter avec l’Apple Vision Pro.
L’étui de batterie de Belkin pour Apple Vision Pro est probablement le seul accessoire incontournable que vous devrez acheter avec l’Apple Vision Pro. Photo : Maxime Johnson.

Le seul accessoire que vous aurez besoin d’acheter est l’étui pour batterie de Belkin, vendu 69,95$. Celui-ci m’apparait comme un incontournable, puisqu’il permet de porter la batterie ailleurs que dans ses poches (en l’accrochant à sa ceinture comme un vieux BlackBerry, ou même autour de son coût grâce à sa sangle), sans risquer d’accrocher le fil.

Si vous portez des lunettes et que vous n’avez pas de verres de contact, vous aurez aussi besoin d’inserts optiques ZEISS, qui sont vendus à partir de 139$.

En résumé : une prouesse technologique qui coûte cher

Le casque d’informatique spatiale Apple Vision Pro est vendu à partir de 4999$ au Canada.
Le casque d’informatique spatiale Apple Vision Pro est vendu à partir de 4999$ au Canada. Photo : Maxime Johnson

Il faut être de mauvaise foi pour ne pas être impressionné par l’Apple Vision Pro. Il s’agit d’un produit de première génération, qui pourrait encore être amélioré de plusieurs façons (exemple : j’aimerais pouvoir afficher mon iPhone dans une fenêtre virtuelle de l’Apple Vision Pro), mais force est de constater que technologiquement, l’appareil est réussi. Dans l’ensemble, il est aussi loin devant les autres modèles sur le marché.

On aimerait évidemment qu’il y ait plus d’applications qui profitent vraiment de ses forces, ce qui le rendrait plus utile qu’à l’heure actuelle, mais tout nouvel écosystème du genre prend un certain temps avant de décoller. C’est normal.

Son plus grand problème est évidemment son prix. 5000$, c’est beaucoup trop. Ce prix élevé limite son adoption par le grand public et refroidit les ardeurs des développeurs. Même si le prix était réduit de moitié, à 2500$, celui-ci serait encore difficile à justifier pour la plupart des gens considérant ce qu’il a à offrir en ce moment.

Si Apple veut renverser la vapeur, l’entreprise ne devra pas que baisser le prix de l’appareil. Elle devra aussi lancer un modèle considérablement moins cher.

D’ici là, il s’agit d’un produit de niche, à considérer pour les développeurs ou ceux qui ont vraiment beaucoup d’argent dans leur compte de banque.

On aime

  • Une expérience utilisateur réussie, notamment grâce au suivi des yeux.
  • La qualité de l’écran.
  • Le design qui permet d’enfiler le casque rapidement.

On aime moins

  • Aucun usage ne m’a semblé incontournable.
  • Le casque nous isole du monde extérieur.
  • Le prix ne tient pas la route.

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