Critique de «Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles»: un film d’une grande beauté


Maxime Demers
En cette ère où les relations amoureuses sont souvent consommées aussi rapidement qu’elles sont oubliées, il y a quelque chose de beau et d’envoûtant à voir deux personnes prendre le temps de s’écrire des lettres pour partager leurs passions et leurs désirs les plus profonds.
En portant à l’écran la correspondance entre le frère Marie-Victorin et son assistante, la botaniste Marcelle Gauvreau, la réalisatrice Lyne Charlebois a fait le pari de raconter l’histoire d’un amour passionné mais chaste entre les deux scientifiques, qui a été révélée au grand jour il y a quelques années avec la publication de leurs lettres sur la sexualité humaine. Ce faisant, la cinéaste s’interroge sur la vraie nature de l’amour.
• À lire aussi: [PHOTOS] Mylène Mackay et Rachel Graton magnifiques sur le tapis rouge du film «Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles»
Dans son film, magnifiquement intitulé Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles, on suit deux histoires en parallèle, se déroulant à deux époques différentes.
Dans le Québec des années 1930, la jeune Marcelle Gauvreau (Mylène Mackay) fait la rencontre du frère Marie-Victorin (Alexandre Goyette), botaniste réputé et fondateur du Jardin botanique de Montréal. La connexion, voire le coup de foudre, entre les deux est instantanée. Rapidement, Marie-Victorin prend Marcelle Gauvreau sous son aile en l’invitant à s’inscrire comme étudiante à l’Institut botanique de Montréal.
Une relation d’amitié et de confiance s’installe entre eux et, bientôt, les deux amoureux commenceront à s’échanger des lettres dans lesquelles ils partageront sans pudeur leurs découvertes sur la sexualité humaine.
L’histoire d’amour contemporaine que le film suit en parallèle est totalement à l’opposé de celle de Marie-Victorin et de Marcelle Gauvreau. Dans le Montréal d’aujourd’hui, Antoine (Goyette) et Roxane (Mackay) ont été choisis pour défendre les rôles principaux d’un film sur Marie-Victorin et Marcelle Gauvreau. Or, peu de temps avant le tournage, les deux acteurs ont eu une aventure d’un soir à laquelle Antoine n’a pas voulu donner suite.
Passion et sensualité
Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles n’a rien d’un drame biographique classique. Lyne Charlebois (Borderline) a plutôt construit un récit assez audacieux autour du concept du «film dans le film» et dans lequel deux histoires d’amour et deux époques s’entremêlent et se fondent harmonieusement. Cela permet à la réalisatrice d’offrir une réflexion intéressante sur le fondement de l’amour en mettant en opposition les plaisirs éphémères de l’amour charnel et à l’intensité du désir d’un amour interdit.
Interprétant chacun deux rôles différents, Alexandre Goyette et Mylène Mackay livrent des performances convaincantes et rendent avec justesse les tourments et la passion déchirante vécus par leurs personnages.
On s’en voudrait de ne pas mentionner la place importante accordée à la nature dans le film. Grâce notamment à la sublime direction photo d’André Dufour, Lyne Charlebois a su bien mettre en valeur cette nature que Marie-Victorin a lui-même décrite dans son livre Flore laurentienne.
Note: 3,5 sur 5.
Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles, un film de Lyne Charlebois avec Alexandre Goyette, Mylène Mackay et Sylvie Moreau. À l’affiche.