Critique de «Blue Moon»: Ethan Hawke retrouve Richard Linklater et donne la réplique à Margaret Qualley

Le réalisateur Richard Linklater (Boyhood, sa trilogie Avant) retrouve son collaborateur de longue date, Ethan Hawke, pour dépeindre la déchéance amère du célèbre parolier de Broadway, Lorenz Hart.

Lorenz Hart va mourir dans quelques mois – ce n’est pas un secret, le film s’ouvre sur son décès dans une ruelle de New York. Mais ce soir-là de 1943, il se trouve au restaurant Sardi’s, juste après le triomphe sur Broadway de la comédie musicale Oklahoma!, écrite par le nouveau partenaire de Hart, Richard Rodgers (Andrew Scott).

Lorenz Hart n’est pas n’importe qui, c’est à lui qu’on doit des classiques comme My Funny Valentine, Manhattan ou encore Blue Moon (d’où le titre du long métrage). Avec ses dialogues touffus, le coscénariste Robert Kaplow explore la psychologie d’un génie musical rongé par l'alcoolisme et son homosexualité refoulée.

Saisissant en Lorenz Hart, Ethan Hawke (qui a été rapetissé par plusieurs illusions d’optique et de perspective) livre une performance poignante dont l’exubérance ne cache pas le mal-être de son personnage. En évitant le piège (ou la solution facile) du théâtre filmé, Richard Linklater fait se déplacer constamment ses caméras et suit son personnage en accentuant sa solitude. La place que prennent les personnages secondaires tel le barman (Bobby Cannavale) du restaurant permet également de mesurer le cynisme et le côté désabusé du protagoniste.

Mais si l’on s’attend à une performance de haut calibre de la part d’Ethan Hawke (assuré de faire le plein de nominations en cette saison des prix), c’est l’extrême justesse du jeu de Margaret Qualley qui surprend. Celle qui nous avait séduits dans l’excellente série de Netflix, The Maid, nous impressionne ici en Elizabeth Weiland, une jeune étudiante en art à Yale qui obsède Lorenz Hart. L’actrice de 31 ans, fille d’Andie MacDowell, est bouleversante de naturel et d’émotion et nous fait adhérer à cette proposition fort intéressante.

Note: 3,5 sur 5

Blue Moon charme les cinéphiles amateurs de Richard Linklater dès le 24 octobre.