Critique d’«Avignon»: sympathique et légère comédie romantique

Isabelle Hontebeyrie
L’été, en France, est la saison du Festival d’Avignon avec ses représentations de pièces de théâtre. Le Festival In, ce sont les classiques, les pièces de Corneille ou de Victor Hugo. Le Festival Off (oui, comme à Broadway), ce sont les comédies de boulevard et autres pièces populaires.
Ce contexte posé, le long métrage Avignon suit Stéphane (Baptiste Lecaplain), qui a déjà tenu le rôle principal de la pièce Ma sœur s’incruste, écrite et dirigée par son ami Serge (Lyes Salem). Il reprend donc le rôle lorsque ce dernier lui apprend que la pièce sera présentée à l’occasion du Festival Off d’Avignon (le rôle de la sœur en question est tenu par Alison Wheeler, également humoriste).
Il accepte d’autant plus volontiers qu’il se dit que ce passage permettra à la troupe de se faire connaître (et donc, qui sait, de se faire payer normalement). Arrivés dans la cité des papes, Stéphane et la troupe se livrent alors au travail ingrat de faire connaître la pièce en distribuant des dépliants dans la rue. Par hasard, il fait la connaissance de Fanny (Elisa Erka), qui a un rôle dans la pièce de Victor Hugo Ruy Blas, ce qui correspond à la partie «In» du Festival. Et l’acteur se retrouve, d’abord malgré lui et ensuite avec son aval, à faire croire à la jeune femme qu’il incarne Rodrigue dans la pièce de Corneille Le Cid. Comme dans toute comédie romantique qui se respecte, les deux amoureux auront à surmonter des obstacles de taille avant de connaître une fin heureuse.
En choisissant d’adapter son court-métrage Je joue Rodrigue, le réalisateur Johann Dionnet en profite pour montrer l’envers du Festival d’Avignon, insistant sur le fossé qui sépare les acteurs «arrivés» (qui jouent des classiques) de ceux, méprisés, qui sont relégués à l’«Off». Il souligne aussi la précarité des acteurs de troupes inconnues, la difficulté à obtenir du financement et les expédients auxquels doivent souvent se résoudre les comédiens pour exercer leur métier.
L’histoire d’amour, qui suit le schéma classique des comédies romantiques, bénéficie du quiproquo d’origine, celui-ci ancrant le tout dans une maturité de propos qu’on trouve trop peu souvent dans ce genre de long métrage.
Sans réinventer la roue, Avignon est une sympathique comédie estivale, légère comme une pièce de théâtre d’été, qui a remporté trois prix – dont le Grand Prix – au Festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez.
Note: 3 sur 5
Avignon prendra l’affiche dès le 5 septembre.