Crise des travailleurs étrangers: au tour des transporteurs routiers de lever le ton
Ils dénoncent le resserrement des règles d’immigration qui va les priver de bras au pire moment.


Francis Halin
Une association de transporteurs routiers invite Québec à faire preuve de «courage politique au niveau fédéral» dans le dossier des travailleurs étrangers temporaires (TET) pour pouvoir garder leurs employés.
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«Nous demandons une action ferme et immédiate. Le sujet de la main-d’œuvre ne doit souffrir d’aucune instabilité liée à des choix dictés par la conjoncture politique», dénonce Marc Cadieux, PDG de l’Association du camionnage du Québec (ACQ).
«Cela fait désormais plus d’une année que les mesures liées à l’embauche de travailleurs étrangers temporaires se resserrent inéluctablement», déplore-t-on.
L’ACQ demande au ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration (MIFI) de pousser pour qu’Ottawa exempte d'urgence le camionnage des nouvelles règles (le nombre maximum de TET revu à la baisse qui fait mal aux entreprises).
Comme les manufacturiers, on exige une «clause grand-père» pour pouvoir garder les travailleurs étrangers, alors que le vieillissement de la main-d’œuvre se fait sentir.
Transport Bourassa touché
À la mi-juin, Le Journal avait raconté l’histoire d’un aide-manutentionnaire mexicain de Transport Bourassa à bout de patience.
«La vie peut être sûre ici. Au Mexique, il y a des coins plus durs», avait partagé Leonardo Flores Espinosa, de l’entrepôt de Transport Bourassa, à Saint-Jean-sur-Richelieu.
«Aucun de mes travailleurs mexicains ne vole des jobs aux Québécois», avait dénoncé Julie Brault, vice-présidente entreposage de l’entreprise familiale de 584 employés.

Cette crise des travailleurs étrangers survient à un bien mauvais moment dans l’industrie du camionnage, car le stratagème des «chauffeurs au rabais» fragilise déjà le secteur.
Vendredi dernier, le PDG de Trans-West a indiqué qu’il devra remercier une centaine de routiers en raison des «chauffeurs au rabais».
«Si rien ne change, je vais être forcé de laisser partir 100 chauffeurs sur 415 ces prochains mois», a confirmé au Journal Réal Gagnon.

Patrons en colère
Mercredi encore, Le Journal racontait l’histoire d’un fabricant québécois de cloisons mobiles qui a soupé des décisions des gouvernements qui lui feront perdre 20 TET.
Sa sortie suivait une série de reportages faisant état de dizaines d’entrepreneurs à bout de souffle qui poursuivent Ottawa pour plus de 300 millions $ pour pouvoir garder leurs bras.
«C’est un cri du cœur, c’est un signal d’alarme», avait tonné l’avocat qui porte cette poursuite, Frédéric Bérard.
