Crise de l’eau à Puvirnituq: état d’urgence après un incendie
La pénurie a atteint un niveau critique dans ce village du Nord-du-Québec, au point où il a été difficile d’éteindre un incendie

Laurent Lavoie et Michael Nguyen
Un village du Nord-du-Québec souffrant d’une grave pénurie d’eau a déclaré l’état d’urgence après avoir éprouvé de graves difficultés à éteindre un incendie en pleine nuit samedi.
• À lire aussi: «Que quelqu’un, quelque part, se réveille»: un village nordique peine à s’approvisionner en eau
«Les pompiers avec des conducteurs de camion-citerne et des employés d’EBC éteignent finalement le feu. Deux ménages viennent de perdre leur maison», a écrit sur Facebook la mairesse de Puvirnituq, Lucy Qalingo, tôt dimanche.

«J’ai de la peine pour notre communauté. Je ne sais pas quoi dire d’autre», ajoute-t-elle, précisant que les flammes étaient actives depuis 15h, samedi.

Ce village nordique d’à peine 2000 âmes a ainsi déclaré l’état d’urgence, a-t-il été confirmé dans un communiqué. Ses dirigeants font ainsi appel à l'aide de l'Administration régionale Kativik (ARK) et du gouvernement du Québec, notamment.

Blizzard dramatique
Début avril, Le Journal révélait que les habitants de Puvirnituq risquaient de devoir limiter leurs douches et faire fondre de la neige pour s’approvisionner en eau pendant encore plusieurs mois.
Tout ça parce qu’une importante conduite d’eau a gelé lors d’un épisode de blizzard et de froid extrême vers la mi-mars, empêchant l'approvisionnement d'eau directement dans le village.
Le pépin devait être de courte durée, mais «des complications ont entraîné des retards supplémentaires», indiquait un communiqué interne du centre de santé local daté du 4 avril.

Les réparations sur le réseau d’eau et la station de pompage de la rivière «ne pourront être effectuées qu’à l’été», quand des pièces importantes seront alors livrées par un navire-cargo, rapportait-on.
Face à cette «crise», les autorités locales s’en remettent à des camions-citernes. Selon nos informations, ils doivent parcourir une longue route pour aller faire le plein à l’extérieur du village, puis en revenir.
Rien pour aider, les autorités ont constaté la présence d’E. coli dans un camion-citerne. L’eau doit donc être bouillie avant d’être consommée.

Faire fondre la neige
Dans les dernières semaines, des intervenants ont confié au Journal que la pénurie d’eau était telle que les gens devaient faire fondre de la neige dans des bacs de poubelle afin de pouvoir utiliser les toilettes.
«Une poubelle pleine permet de tirer la chasse deux fois», a expliqué au Journal un intervenant désirant conserver l’anonymat puisqu’il n’est pas autorisé à parler publiquement.

Pour se laver, les gens de passage devaient utiliser des lingettes pour bébé.
Et plutôt que de s’améliorer, la situation a empiré au point que des voyages de travail par des représentants de l’État ont été annulés pas plus tard que la semaine dernière, selon ce qu’il a été possible d’apprendre.

Quant à l’eau embouteillée, les prix sont prohibitifs en raison des coûts de transport par avion.
Conséquences et manque de financement
- Selon le Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik (RRSSSN), le bris d’accès à l’eau représente un «risque sérieux pour la santé publique»;
- Le Centre de santé Inuulitsivik doit envoyer des patients hospitalisés et des aînés en hébergement vers des établissements du sud de la province;
- D’après l'Administration régionale Kativik (ARK), Puvirnituq n’a pas les ressources nécessaires pour atténuer la crise d’eau actuelle;
- La situation actuelle s’explique par un manque de fonds pour des infrastructures adéquates, mentionne dans un communiqué de l'ARK.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.