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L'article provient de TVA Nouvelles

Crise à l’urgence de la Cité-de-la-Santé: des patients et du personnel dénoncent une situation intenable

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Kevin Crane-Desmarais

2025-05-03T01:13:09Z
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Des patients de l’hôpital de la Cité-de-la-Santé, à Laval, dénoncent vivement la gestion actuelle de l’urgence, à la suite d’un reportage de TVA Nouvelles révélant des rapports d’incidents mettant en cause la sécurité tant des patients que du personnel soignant. 

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Au lendemain de la diffusion du reportage, la situation demeurait critique: le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval a confirmé un taux d’occupation de 200%, vendredi matin.

Selon nos informations, il y avait 87 patients sur des civières à l’urgence et 21 qui attendaient pour avoir un lit aux étages. C’était difficile.

Parmi des témoignages recueillis, celui d’une femme de 91 ans est particulièrement choquant. Cette patiente a passé trois jours sur une civière, dans un corridor de l’urgence, avant d’être transférée en débordement, où elle se trouve toujours après six jours.

Sa famille, visiblement désemparée, ne comprend pas comment une telle situation peut perdurer.

«C’est épouvantable. Elle est nourrie avec des sandwichs sans croûte, sans cabaret, car les civières ne sont pas conçues pour cela. Elle n’a toujours pas de chambre, ni accès aux soins nécessaires à son état, notamment la physiothérapie, parce qu’il manque de physiothérapeutes», a confié sa fille, qui a demandé l’anonymat.

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Des employés rapportent aussi que les coupures touchent le service alimentaire. Depuis quelques semaines, seuls des sandwichs sont distribués aux patients, ce qui suscite des inquiétudes quant à leur apport nutritionnel. Le CISSS de Laval a reconnu par téléphone un «enjeu» temporaire avec la nourriture, promettant une résolution rapide.

Une autre patiente, âgée de 30 ans, raconte avoir attendu 90 minutes avant le triage, puis passé 17 heures à l’urgence.

«L’atmosphère était tendue. Beaucoup de gens attendaient depuis des heures. Je n’ai jamais vu ça», a-t-elle témoigné, sous couvert d’anonymat.

Les données obtenues par TVA Nouvelles révèlent que dans la nuit du 28 au 29 avril, 18 patients ont attendu jusqu’à 2 heures 30 minutes pour le triage. Des patients classés P2, soit des cas considérés comme très urgents, ont quant à eux dû patienter plus de quatre heures avant de voir un médecin.

«Ce n’est pas normal et c’est dangereux. Malheureusement, des gens meurent à l’urgence, mal triés ou pris en charge trop tard. On coupe sur des détails absurdes, mais pas sur les 4000 cadres embauchés en cinq ans», a déploré le président du Conseil pour la protection des malades, Paul G. Brunet.

Autre source d’inquiétude: des candidats à l’exercice de la profession infirmière (CEPI) – des étudiants en fin de parcours – ont été contraints de faire des heures supplémentaires obligatoires.

Le CISSS de Laval affirme qu’il s’agissait de circonstances exceptionnelles. Toutefois, selon l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, ces étudiants ont le droit de refuser.

Dans un rapport d’incident préoccupant, des CEPI auraient été laissés seuls dans l’aile C – dédiée à la santé mentale – durant la pause d’une infirmière. Un patient est devenu agressif et a nécessité une contention physique et chimique, mais aucun personnel qualifié n’était disponible pour intervenir. Les étudiants ont ainsi été exposés à un risque élevé.

Le président de l’Ordre, Luc Mathieu, dit être «préoccupé pour la protection du public» à l’hôpital de la Cité-de-la-Santé et assure qu’un suivi sera effectué auprès de la Direction des soins infirmiers.

Contactée par TVA Nouvelles, Santé Québec a indiqué que personne n’était disponible pour commenter la situation.

Voyez le reportage complet dans la vidéo ci-dessus

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