L’ex-espoir olympique Thierry Pellerin a été condamné à une peine de cinq ans de détention pour avoir leurré de jeunes garçons qui étaient sous sa responsabilité au club de gymnastique où il était entraîneur, en plus de les filmer dans les toilettes des vestiaires.

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Le juge Alain Morand a rendu sa décision vendredi matin au palais de Justice de Québec. Vêtu d’un veston bleu et impassible à son entrée en salle. Pellerin a rapidement été menotté par les constables spéciaux à la demande du juge.

«À partir de maintenant, vous n’êtes plus en liberté», a indiqué le magistrat au jeune homme de 25 ans, n’a pas réagi au moment du prononcé de la peine.

Pellerin avait reconnu sa culpabilité à des chefs d’accusation de leurre, d’incitation à des contacts sexuels, d’avoir rendu accessible du matériel sexuel ainsi que de production de pornographie juvénile.

Risque de récidive «au-dessus de la moyenne»

Pour expliquer sa décision, Alain Morand a notamment soulevé «la manipulation, la préméditation, la planification et l’organisation» entourant les infractions, tout comme le nombre de victimes et leur âge. Toutefois, il a également tenu compte de l’objectif de réhabilitation des délinquants.

«La peine à infliger doit viser à dénoncer les comportements illégaux de l’accusé et les préjudices causés aux jeunes victimes vulnérables, sans occulter entièrement la réinsertion sociale», écrit-il dans sa décision, ajoutant qu’il était «impératif» que Pellerin bénéficie d’un suivi thérapeutique en raison «d’intérêts sexuels déviants».

Un rapport sexologique demandé en marge de la peine fait état d’un risque de récidive «au-dessus de la moyenne» pour Thierry Pellerin. Les hypothèses diagnostics indiquent un possible «trouble de pédophilie homosexuel primaire», soit un intérêt pour de jeunes garçons prépubères.

Entre les deux suggestions

Le juge Morand aura donc tranché la poire en deux entre les suggestions du ministère public et de la défense. 

La procureure de la couronne, Me Geneviève Corriveau, réclamait une lourde peine d’emprisonnement allant jusqu’à 8 ans. Pour appuyer sa suggestion, l’avocate avait notamment plaidé que les conséquences sur les jeunes garçons victimes du gymnaste étaient importantes.

«Méfiance, trahison, déception, difficulté à créer des liens de confiance. Ça a quand même des répercussions importantes sur ces jeunes-là», avait-elle expliqué lors des observations sur la peine en décembre dernier.

De son côté, l’avocat de la défense Mathieu Giroux estimait qu’une peine de deux ans de détention était justifiée, dans une optique de réhabilitation pour un client somme toute encore jeune et ayant entrepris un cheminement thérapeutique.

«On ne doit pas l’envoyer en prison et jeter la clé», avait soumis l’avocat.

Des vidéos filmées aux toilettes

Ce sont des parents qui avaient sonné l’alarme à l’été 2020 après avoir retrouvé des échanges de messages à caractère sexuel entre leurs fils de 11 et 12 ans et leur entraîneur, Thierry Pellerin. Les messages tournaient rapidement au sexe et abordaient notamment la longueur des pénis des enfants.

Au moment de son arrestation, les policiers ont saisi le matériel informatique du jeune homme et y ont retrouvé des images à caractère sexuel de huit jeunes garçons, âgés de 6 à 12 ans. 

Les vidéos, classées dans un fichier intitulé «Gym», contenaient de gros plans du pénis des jeunes garçons pendant qu’ils urinaient dans les toilettes du club Gymnamic où ils s’entraînaient. 

Pellerin avait rapidement plaidé coupable à l’ensemble des chefs d’accusation qui pesaient contre lui. Il sera maintenant inscrit au registre des délinquants sexuels pour les 20 prochaines années et ne pourra se trouver dans un parc, un terrain d’école ou autre endroit où il est raisonnable de s’attendre à la présence d’enfants pour 10 ans.

LES FAITS REPROCHÉS À THIERRY PELLERIN

Leurre : Il a, entre septembre 2019 et juin 2020, leurré deux jeunes garçons, ayant avec eux des discussions à caractère sexuel, en plus d’envoyer des photos de ses parties aux enfants, demandant à en recevoir en échange.

Production de pornographie juvénile : Entre juillet 2015 et avril 2018, Pellerin a filmé 8 jeunes garçons à leur insu, dans les toilettes du club de gymnastique. Les victimes ont été filmées entre une et quatre reprises.

Possession de pornographie juvénile : 15 vidéos ont été retrouvées montrant des jeunes garçons, qui ne font pas partie des plaignants au dossier, avoir des relations sexuelles entre eux ou avec des hommes adultes.