Cri du cœur de Luc De Larochellière: «Consommer local, ça peut se faire en musique et en spectacle aussi»


Sarah-Émilie Nault
Les Québécois qui veulent consommer localement pour répliquer aux tarifs de Donald Trump devraient le faire aussi en culture, implore le chanteur Luc De Larochellière dans un cri du cœur qui a fait réagir sur les réseaux sociaux.
Alors que la culture au Québec va mal depuis des années, le coup de grâce pour l’auteur-compositeur-interprète Luc De Larochellière est cette menace d'imposition de tarifs douaniers de 25% sur les produits en provenance du Canada maintenue par Donald Trump.
«Juste comme ça... consommer local, ça peut se faire en musique et en spectacle aussi», a écrit le chanteur de 58 ans sur les plateformes Bluesky et Facebook.
«Ma publication a un peu été faite sur un coup de tête. C’est une réaction spontanée venue du cœur, explique l’artiste au Journal. Nous, ici, dans la maison, on a résilié nos abonnements à Disney, Netflix et Prime. Il est grandement temps qu’on se reconnecte à notre culture québécoise.»
Le message de Luc De Larochellière a suscité de nombreux partages et commentaires positifs de la part des artistes et des gens du public.
En entrevue, il rappelle que pour le prix d’un gros concert américain (dont un seul billet peut coûter plusieurs centaines de dollars), il est possible d’assister à environ quatre spectacles québécois.
«Avec la vedette dans ta face et entouré de gens qui tripent sur la culture québécoise. La musique va être bonne, parce qu’on est bons au Québec, ce qu’on oublie souvent», précise-t-il avec enthousiasme.
Pour l’auteur de la chanson Amère America (tiens, tiens!), cette période anxiogène et difficile est le moment de se réunir, de se serrer les coudes et, surtout, de ne pas rester seul.
«Soyons solidaires. Consommons de la musique, des spectacles, du théâtre, de toutes les formes d’art d’ici», poursuit l’artiste, qui voit ce geste comme le meilleur moyen de réinvestir dans notre propre culture.

Pire que la pandémie
«D’une certaine manière, je trouve ce qui arrive pire que la COVID, car c’est une agression humaine. Il [Donald Trump] parle de nous envahir, de nous enlever notre culture, de nous englober. Je ne suis pas bien, dans la condition actuelle, d’envoyer de l’argent aux Américains quand je me sens attaqué», ajoute Luc De Larochellière.
Celui-ci croit que consommer localement, à l’épicerie comme en culture, est une manière de regagner un peu de contrôle.
«Dans les dernières années, la culture québécoise a eu beaucoup moins de moyens de connecter avec le monde. Tout ce qui est américain a pris énormément de place. Pourtant, consommer local est une façon d’influencer directement notre qualité de vie. Puis, l’art fait toujours du bien», estime l’auteur-compositeur-interprète.
Il ajoute que les artistes québécois en musique se sentent peu appuyés depuis les dernières années.
«Soyons fiers! Si nous, on ne s’occupe pas de la mise en valeur de notre culture, qui va le faire? C’est le travail des diffuseurs (radio, télé) de mettre de l’avant notre musique. Soyons solidaires, encourageons-nous et ne soyons pas seuls», souffle le chanteur qui, de son côté, continue de s’amuser avec son projet Les Dévadés, un groupe rock alternatif bien de chez nous.